• Tendances
    • Musique
    • Cinéma
    • Arts & Littérature
  • Destination Est
    • Albanie
    • Arménie
    • Biélorussie
    • Bosnie-Herzégovine
    • Bulgarie
    • Croatie
    • Estonie
    • Géorgie
    • Grèce
    • Hongrie
    • Kosovo
    • Lettonie
    • Lituanie
    • Macédoine du Nord
    • Moldavie
    • Monténégro
    • Pologne
    • République Tchèque
    • Roumanie
    • Russie
    • Serbie
    • Slovaquie
    • Slovénie
    • Turquie
    • Ukraine
  • Destination Est
    • Albanie
    • Arménie
    • Biélorussie
    • Bosnie-Herzégovine
    • Bulgarie
    • Croatie
    • Estonie
    • Géorgie
    • Grèce
    • Hongrie
    • Kosovo
    • Lettonie
    • Lituanie
    • Macédoine du Nord
    • Moldavie
    • Monténégro
    • Pologne
    • République Tchèque
    • Roumanie
    • Russie
    • Serbie
    • Slovaquie
    • Slovénie
    • Turquie
    • Ukraine
Svg Vector Icons : http://www.onlinewebfonts.com/icon

décembre 31, 2021 by hajde

« Nema nazad! ». En Serbie, on n’accepte pas la souffrance, même pour nos compagnons à quatre pattes ! Depuis plusieurs semaines, la Serbie est secouée par différentes manifestations. Si vous avez certainement déjà entendu parler des manifestations consécutives au projet de mines du groupe Rio Tinto, avez-vous pour autant entendu parler du mouvement Nema nazad ?

Comment est né « Nema nazad » ?

« Pas de retour en arrière ! » (ndlr : « Nema nazad » en serbe) : c’est ce que scandent les serbes depuis plusieurs semaines dans plusieurs villes de Serbie, bloquant routes et carrefours accompagnés de leurs compagnons sagement tenus en laisse. Ivan R. Ivanovic, l’un des meneurs du mouvement a répondu à nos questions, allant jusqu’à s’efforcer de nous parler en anglais. Notre homme se présente très modestement comme l’un des nombreux militants pour la cause animale en Serbie, entouré dans sa lutte de personnes exceptionnelles dont les idées et la coopération permettent de réaliser un travail magique.

Le mouvement Nema nazad est né en août 2021 mais est le fruit d’une lutte de longue date (depuis 2009) avec le gouvernement serbe, visant à implémenter une loi qui permettrait d’éviter bien des souffrances animales et de lutter contre la corruption des chenils et services vétérinaires qui laissent les chiens et chats périr dans d’abominables conditions. Selon Ivan R. Ivanovic, l’implémentation de cette loi permettrait de propulser la Serbie parmi les pays d’Europe prenant le plus en considération le bien-être animal.

Si le mouvement et les manifestations Nema nazad sont relativement récentes (elles n’ont débuté qu’en août 2021) alors qu’il s’agit bien de la continuité d’une lutte vieille de plus de dix ans, c’est bien face au ras-le-bol consécutif au silence du gouvernement serbe face aux sollicitations des militants conjugué à sa duplicité vis-à-vis de refuges privés dans lesquels les chiens sont tués (et/ou laissés pour morts) et dans d’affreuses conditions par des vétérinaires corrompus par l’appât du gain (nous ne montrerons ici aucune des photographies qu’Ivan nous a fournies par souci de ne choquer aucune âme sensible).

  • nema nazad affiche 2
    Affiche de Nema nazad
  • nema nazad affiche 1
    Affiche de Nema nazad
Affiches de Nema nazad – (ndltr affiche de gauche : Fais quelque chose / Ne sois pas seulement désolé / Contre l’abattage, l’abandon et la maltraitance des animaux en Serbie)

Quelle est la situation actuelle ?

Avant d’examiner les tenants de cette proposition de loi portée par Nema nazad, une certaine remise en contexte est nécessaire. Pour celles et ceux de nos lectrices et lecteurs qui ont déjà visité la Serbie, vous aurez pu remarquer la présence de chiens errants dans les grandes villes. L’expérience montre que ces derniers sont presque toujours absolument amicaux et prompts à recevoir caresses et marques d’affection de la part des passants, à condition d’adopter les gestes adaptés et de ne pas se montrer brusque.

S’il n’existe pas de statistiques précises quant au nombre de ces animaux laissés pour compte, il est évident qu’ils seraient plusieurs milliers à travers la Serbie, selon Ivan R. Ivanovic. L’observation personnelle dans différentes villes telles que Nis ou Pirot, où une vingtaine de chiens différents ont pu être observés dans chaque ville par nos soins, au fil de simples promenades, remarquant parfois avec tristesse la disparition de l’un d’entre eux au printemps, semblent confirmer l’estimation de Nema nazad.

Par ailleurs, même si ces chiens ne sont pas totalement abandonnés, des passants leur apportant régulièrement de quoi se nourrir, certains vétérinaires prenant sur eux de les vacciner et stériliser, leur prise en charge reste le fait de faits isolés ou de petites associations éphémères.

Que propose la loi soutenue par Nema nazad ?

La loi que propose Nema nazad vise donc à ce que le gouvernement prenne en charge l’enregistrement, la stérilisation, les soins et l’adoption des chiens errants, exceptée l’euthanasie qui demeure illégale en Serbie. Il s’agit là d’une proposition de loi ambitieuse et très généreuse, considérant que dans bien d’autres pays, pourtant plus riches, la situation et les volontés populaires sont bien loin des exigences du mouvement Nema nazad.

Nema nazad en action !

A ce jour, les manifestations ont été menées successivement à Lazarevac (le 3 Octobre 2021), Novi Sad (le 17 Octobre 2021, seconde plus grande ville de Serbie), Nis (le 7 Novembre 2021, troisième plus grande ville du pays), Loznica (le 27 Novembre 2021, lieu stratégique de ces manifestations car c’est là que se trouve l’un des refuges privés concernés et connu en Serbie dans les milieux militants sous le nom de « Auschwitz de Serbie ») et ont réuni au moins deux milliers de manifestants, en plus de la trentaine de militants permanents de Nema nazad.

  • manifestation-nema-nazad
    Manifestation nema nazad à Novi Sad
  • nema-nazad-1
    Manifestante à Nema nazad

Si ce nombre peut sembler réduit aux yeux des français, il n’en est pas moins significatif pour la Serbie où, même si manifester est légal, il est illégal de bloquer les routes (Ivan R. Ivanovic a d’ailleurs été arrêté puis retenu deux heures au poste de police de Nis après la manifestation et a écopé d’une amende de 20 euros). A l’heure actuelle, les revendications de Nema nazad n’ont pas été écoutées par le gouvernement serbe. Déterminé, le mouvement prévoit de nouvelles manifestations, dont une à Belgrade, si la situation n’évolue pas.


Facebook – Instagram

Classé sous :Serbie, Actus, Société Balisé avec :Serbie

juin 22, 2020 by La Famille Hajde

Comment devenir un bot, un profil dirigé par le SNS, le parti au pouvoir en Serbie, pour diffuser de la propagande en sa faveur ? Notre enquête en 4 parties, Hajde au pays des bots, nous plonge dans ce monde étrange.

Que partage un bot ?

Ma liste d’amis étant désormais d’une taille décente, je me suis mis à observer ce qui se passait sur mon mur. Sans trop de surprise, je n’ai quasiment que du contenu pro-SNS ! Cela peut paraître évident, mais souvenez-vous : j’ai aussi liké des pages génériques (de la bière jusqu’aux pneus), ainsi que des médias. Je pourrais donc m’attendre à un peu de variété… Au final, il n’en est rien ! Les publications pro-Vučić écrasent tout le reste.

Il existe toutefois une chaine de partage : la plupart des contenus sont produits par les pages officielles du SNS (qu’il s’agisse de la page centrale ou des pages des antennes locales), qui sont alors repris par les pages de soutien non officielles, avant d’être partagés par les bots, qui vont finir par se partager entre eux. Les médias pro-Vučić, eux, peuvent s’insérer dans le jeu, et poster du contenu qui sera repris par les pages de soutien et mes chers amis.

  • danilo vucic facebook vucic sns serbie bot 4
    Le 5 mai 2020, Danilo vucic, le fils d’Aleksandar, sort de quarantaine suite à sa contamination au Covid-19. Immédiatement, la photo est reprise en boucle par les médias proches du pouvoir.
  • danilo vucic facebook vucic sns serbie bot
    Elle fait ensuite le tour des stories Facebook, que ce soit de la part des bots ou de pages officielles (comme ici la page du SNS pour Belgrade)
  • danilo vucic facebook vucic sns serbie bot 2
    Avant d’être reprise par les bots
  • danilo vucic facebook vucic sns serbie bot 3
    Certains publiant plusieurs fois d’affilée la photo

Le contenu partagé se divise en plusieurs catégories : des photos de Vučić, en portrait officiel, en train de serrer les mains, en train d’inaugurer des usines, des vidéos promotionnelles du SNS, des articles et des couvertures de journaux pro-SNS, ainsi que des montages attaquant l’opposition.

Pour résumer, nous sommes dans une caricature de l’effet bulle de filtres. Ce phénomène a notamment été mis en avant pour expliquer la polarisation aux États-Unis lors de l’élection de Donald Trump en 2016. D’après cette théorie, les réseaux sociaux auraient tendance à « radicaliser » leurs utilisateurs. Les algorithmes, qui proposent graduellement de plus en plus de contenu basé sur ce que l’utilisateur a aimé, vont ainsi isoler ce dernier dans un monde virtuel basé uniquement sur ses goûts et opinions, ce qui va progressivement le détacher de la réalité.

Dans le cas des élections américaines, l’effet bulle de filtre reposait sur une importante toile de contenus, faite d’un nombre incalculable de sources, certaines presque institutionnelles, comme Fox News, d’autres beaucoup moins, comme les nombreux sites de fake news qui ont répandu les rumeurs les plus folles (une partie de ces sites provenait d’ailleurs des Balkans). Plus encore, la participation des activistes était clairement proactive. Les militants pro-Trump partageaient publiaient du contenu de manière volontaire, et croyaient en ce qu’ils écrivaient. L’idée était non seulement de faire gagner Trump, mais aussi de soutenir un programme. L’effet bulle de filtres est donc allé bien au-delà de la promotion d’un homme : Trump s’est fait élire car il promouvait des idées qui se sont développées grâce à cette bulle.

Dans le cas des bots, l’approche est inversée. Le SNS est le principal, si ce n’est l’unique instigateur de cette stratégie, avec pour unique but de faire élire Vučić. Il n’est donc pas ici question d’idées. Le programme des progressistes est d’ailleurs assez flou : améliorer la situation économique de la Serbie, lui donner un poids diplomatique plus important, et éviter de faire gagner l’opposition, responsable, selon le parti, du supposé chaos qui aurait précédé. Difficile, certes, de s’opposer à un programme promettant plus et mieux pour tout le monde. Cependant, pour ce qui est des moyens pour arriver à de tels résultats, aucun détail n’est mentionné. Avec un tel schéma, l’effet bulle de filtres ne marche qu’à moitié : l’utilisateur est enfermé dans un monde tournant autour de Vučić, mais dénué de corpus idéologique. Nul doute qu’un tel contenu ravira les supporters du SNS. Ils y trouveront une certaine forme d’émulation, qui leur permet de croire avec encore plus de ferveur au parti. Le problème, c’est que les limites de la stratégie apparaissent rapidement : le contenu est peu varié, il ne fait qu’être repris en boucle par quelques personnes et commenté par de nombreuses autres, mais sans réelle conviction. Difficile donc de faire rentrer plus de personnes dans cette bulle, vu qu’il va être difficile de fédérer autour d’idées si celles-ci ne sont pas exposées !

suggestion amis friend request facebook vucic sns serbie bot
Mes suggestions d’amis : sur 77 profils suggérés, 55 ont en photo un visuel de campagne du SNS, que ce soit la photo entière ou bien un filtre de photo de profil… l’effet bulle de filtres à plein régime

Lorsque je me rends sur mon faux compte, j’ai ainsi l’impression d’entrer dans un monde totalement différent de celui qui m’entoure tous les jours en Serbie : mes suggestions d’amis sont désormais quasi-uniquement des profils soutenant le SNS, et je ne retrouve sur mon mur que du contenu pro-gouvernemental. Ce monde est en fait trop différent de la réalité pour être plausible.

Classé sous :Serbie, Société Balisé avec :aleksandar vucic, botovis, bots, elections, facebook, faux profils, propagande, robots, Serbie, sns

juin 22, 2020 by La Famille Hajde

Comment devenir un bot, un profil dirigé par le SNS, le parti au pouvoir en Serbie, pour diffuser de la propagande en sa faveur ? Notre enquête en 4 parties, Hajde au Pays des bots nous plonge dans ce monde étrange.

Mais, qui sont les bots ?

Très rapidement, je me suis aperçu qu’il existait différents types de bots, aux méthodes assez différentes.

Le faux profil

Comme son nom l’indique, tout est faux : le nom indiqué est clairement un surnom, il a une histoire assez récente (moins de 6 mois). Il ne partage aucune photo personnelle, et ne publie que des visuels pro-Vučić tout en reprenant du contenu publié par le SNS et ses soutiens.

Il s’agit clairement de ce qui se rapproche le plus de l’idée du bot « idéal » : un profil impersonnel, totalement faux, qui publie de manière automatique.

Bien qu’il soit assez fréquent, il reste assez secondaire par rapport aux deux autres types de profils que l’on retrouve.

faux profil fake facebook vucic sns serbie bot
Un exemple de faux profil: créé fin mai 2020, le profil n’a aucune information personnelle, le nom présent sur la page n’est trouvable nulle par sur Google, et les seules photos qui ne sont pas pro-Vucic sont issues de banques d’images.

Le vrai-faux profil

Cette fois-ci, le nom du profil ressemble à un vrai patronyme. Il ne contient toutefois aucune information personnelle et se contente de poster du contenu pro-Vučić. Peu de choses ressortent sur le nom lorsque l’on fait une recherche sur Google, si ce ne sont des commentaires pro-Vučić sur des sites d’information, certains parfois assez vieux, confirmant l’ancienneté du profil.

Dans ce cas-là, il existe un doute sur l’authenticité du profil. Il se pourrait en effet qu’il s’agisse d’une personne réelle. Le contenu publié et partagé, toutefois, ne laisse aucun doute : il ne s’agit pas d’un compte destiné à un usage privé.

Bien qu’ils soit en nombre présent assez restreint, ce genre de compte est le plus actif. Il ajoute massivement des gens (généralement d’autres bots,) jusqu’à avoir plusieurs milliers d’amis. Plus encore, il publie, beaucoup. Certains jours, j’ai pu dénombrer de la part de certains profils un rythme de publication effrénée : jusqu’à une publication toutes les 10mn en moyenne sur des périodes de 4 à 6h d’affilée. Bien qu’un tel rythme soit humainement possible, on peut raisonnablement se poser des questions : qui a suffisamment de temps libre pour se permettre un tel rythme, et, surtout, qui n’aurait d’autre centre d’intérêt dans sa vie qu’un parti politique ?

Ce type de compte occupe donc un rôle central : il va publier du contenu sur son profil, mais aussi sur des pages non officielles de soutien à Vučić. Il interagit cependant assez peu, ce rôle étant laissé à de vrais profils.

vrai faux profil facebook vucic sns serbie bot
Un vrai-faux profil: le nom de la personne se retrouve dans des commentaires sur de nombreux médias gouvernementaux. Cette fois-ci, pas de tentative de se cacher derrière de fausses photos, l’ensemble du compte est dédié à Vucic.

Le vrai profil

Dans ce dernier cas, nous avons affaire à de vraies personnes. Le profil ne laisse pas de doute : il s’agit de vrais noms, on retrouve parfois leurs traces sur Google, et publient généralement des photos personnelles, depuis très longtemps. Dans de nombreux cas, les informations qu’ils donnent indiquent qu’ils travaillent dans la fonction publique ou bien dans une entreprise d’État, la plupart du temps à l’extérieur de Belgrade, généralement dans le sud de la Serbie.

Comme pour le cas des vrais-faux profils, ces comptes vont partager énormément de contenu pro-Vučić sur leurs propres murs. Toutefois, le volume reste largement inférieur, et est entrecoupé de quelques publications beaucoup plus familiales.

C’est cependant dans les réactions aux publications, officielles ou non, du SNS que l’on va massivement retrouver ce genre de profil, qui va réagir abondamment, se contentant comme on l’a vu de messages courts, presque automatiques.

Il est difficile de comprendre précisément les motivations de ces personnes. Au vu du volume d’activité pro-Vučić, il est clair que nous ne sommes pas face à des personnes ordinaires. Malgré tout, il s’agit là d’une « charge de travail » qui peut tout à fait être menée par n’importe qui, y compris quelqu’un possédant un travail et une vie sociale. On peut donc très bien envisager cette action comme une forme de militantisme.

  • fake facebook vucic sns serbie bot 2
    Un exemple de vrai profil : il a beau arborer les couleurs de la campagne de Vucic, avec notamment le numéro de sa liste (1). On retrouve cependant de nombreuses traces de la personne sur Google, hors des activités politiques, et son profil est rempli de photos de famille.
  • fake facebook vucic sns serbie bot 1 1.jpg 1
    Lorsque l’on tape son nom sur Google, cependant, on constate que la même personne a créé plusieurs profils, tous personnels, tous avec le même type de contenu
  • facebook vucic sns serbie bot 3
    Les informations personnelles, sur certains, sont assez étranges, comme par exemple sur ce profil, ou l’introduction est la suivante: “changement du nom et du prénom du profil d’Aleksandar Vucic”

Il existe toutefois quelque chose de frappant : l’absence d’un minimum de propos politique. Aucune idée, même basique, n’est partagée ou affirmée, ces profils se contentant de publier un flot ininterrompu de gifs et smileys. Nous sommes là dans de quelque chose de profondément différent de la plupart de l’activisme politique 2.0. Dans la plupart des cas que j’ai pu étudier, des États-Unis à la France, des populistes aux partis institutionnels, les réactions laissaient une très large place à l’expression d’idées. Ici, rien de tout ça.

Au final, on se rend compte que la stratégie des bots est beaucoup plus élaborée qu’il n’y paraît. Les faux comptes, qui permettent de produire beaucoup de contenu, font la plupart du temps profil bas, ce qui permet de leur éviter de se faire supprimer par Facebook. La plupart du travail est en fait effectuée par de vraies personnes, qui vont agir de manière quasiment automatique. Au niveau du volume, le résultat est impressionnant, chaque publication du SNS reçoit ainsi un flot de réactions. Très rapidement, cependant, les limites de la stratégie apparaissent : aucune idée, aucun projet n’est défendu ni même exposé, ce qui la rend compliquée pour rassembler en dehors du cercle des supporters du SNS.

Classé sous :Serbie, Société Balisé avec :bot, botovi., hajde au pays des bots, politique serbe; vucic; aleksandar vucic, serbe, Serbie, sns

juin 22, 2020 by La Famille Hajde

Comment devenir un bot, un profil dirigé par le SNS, le parti au pouvoir en Serbie, pour diffuser de la propagande en sa faveur ? Notre enquête en 4 parties, Hajde au pays des bots nous plonge dans ce monde étrange.

Hajde au pays des bots, le projet initial

Le plan était simple : créer un faux profil Facebook, avec une photo quelconque, et commencer à me créer ma propre « bulle pro-Vučić » : aimer des pages de soutien au SNS, des pages de médias pro-SNS, liker tout le contenu pro-Vučić posté, et ajouter des profils que je soupçonnais être des bots.

Le but du jeu n’était pas de s’infiltrer trop profondément, afin de ne pas éveiller de soupçon. Hors de question de rentrer en contact avec les personnes ajoutées, afin de ne pas attirer l’attention, ni d’être trop actif sur les pages, au risque de devenir trop visible et de voir ma « couverture » voler en éclats. L’idée : être passif, et se contenter ça et là de likes et de courts commentaires.

La genèse du compte

Il paraît que Facebook a amélioré ses méthodes pour éviter la création de faux comptes… Il est vrai, en effet, que vous pouvez être forcé à entrer un numéro de téléphone pour vérifier votre compte. Certains domaines « de confiance », tel Gmail, pourtant, permettent d’éviter cette procédure, car ils sont réputés pour avoir eux-mêmes des politiques strictes de vérification. C’est en effet vrai… sauf si vous créez un identifiant Google pour vous inscrire à certains services (je garderai le secret sur lesquels), un identifiant qui vous permet ensuite, en quelques clics, de créer votre compte Gmail. En quelques clics, toute la stratégie de prévention du fake de Facebook est ainsi contournée… Tous mes fantasmes sur l’opération, bourrés de dispositifs compliqués et de multiples écrans pleins de lignes de codes se sont ainsi envolés… Mais j’ai réussi : mon compte Facebook est prêt à servir la cause de Vučić.

Les premiers pas dans la peau d’un bot

Le compte créé, le but est désormais de le remplir, pour qu’il ait l’air un minimum plausible. Comme je le disais plus haut, l’idée est clairement d’être pro-SNS, en ayant tout de même quelques signes d’une vie en dehors du parti. J’ai beau penser Vučić, voir Vučić, parler Vučić ou respirer Vučić, il me faut bien avoir quelques autres activités dans la vie.

J’ai donc commencé, petit à petit, prudemment, à liker des pages, rentrer dans des groupes publics, tous pro-SNS, qu’il s’agisse de pages officielles, de pages de soutien, de pages qui ne sont pas ouvertement pro-Vučić mais qui en reprennent toute la communication, parfois jusqu’à la mise en page des visuels. J’ai aussi ajouté la plupart des médias pro-gouvernementaux.

La seconde étape a consisté à indiquer des informations personnelles : le but était d’avoir l’air légitime. Je suis resté assez vague sur mes occupations (je suis mon propre patron) j’ai indiqué une date de naissance ainsi que quelques informations sur ma vie (mon statut marital, mes études, etc.). Concernant la photo de couverture, un logo du SNS était suffisant. Pour la photo de profil, la tâche s’annonçait difficile : voler une photo d’une personne lambda posait des questions d’éthique énormes, tout en étant totalement illégal. J’ai donc adopté une technique que tous les utilisateurs de Tinder connaissent : la photo de groupe ! J’ai déniché une photo d’un groupe prenant un selfie avec Vučić, tout en ajoutant un filtre à cette photo de profil le visuel officiel de la campagne électorale du SNS.

Tout ce travail, pour rester discret et pour ne pas agiter les algorithmes de Facebook, a duré près de deux mois, mais mon profil était prêt, il ne restait plus qu’une étape, la plus délicate : me faire des amis.

La chaine du bot

Si vous étiez un fan inconditionnel d’un homme politique, ajouteriez-vous malgré tout n’importe quel individu lambda à votre compte Facebook, celui-ci ayant alors accès à toutes vos informations ? Il y a de fortes chances que non. Mon idée était alors d’avancer prudemment Si je me mettais à ajouter trop de personnes d’un coup je pouvais alors voir mes demandes d’amis refusées trop fréquemment, et ainsi risquer de me faire remarquer et signaler par des personnes méfiantes. Tous mes efforts auraient alors été ruinés.

Je me suis donc mis à la recherche des profils les plus prosélytes, et ajouté 5 personnes, qui avaient toutes en commun de n’avoir que du Vučić sur leurs photos et leurs murs, en espérant en avoir une ou deux m’ajoutant.

Quelques heures plus tard, en revenant sur le compte, bonne surprise : elles m’avaient toutes ajoutées ! Mieux encore, aucune ne me demandait qui étais-je. Grisé de ce premier succès, je me suis alors mis à fouiller leur liste d’amis, et j’ai alors des demandes à cinq profil par nouvel « ami », toujours en ne choisissant que des personnes ouvertement pro-Vučić, afin de propager mon profil de manière exponentielle (tel un coronavirus).

Peut-être avais-je été trop gourmand, me suis-je alors dit. Le jour suivant, là encore, tout le monde m’avait accepté ! Plus encore, je commençait à avoir des gens qui m’ajoutaient ! J’ai alors accepté les dix premiers, en remettant à plus tard mon travail de croissance.

24h plus tard, j’ai alors découvert une énorme surprise sur mon compte :

demandes amis friend requests facebook vucic sns serbie bot
88 demandes d’amis en moins de 24h

88 demandes d’amis ! Je les ajoutes, et je reviens deux heures plus tard : encore plusieurs dizaines de demandes… Ce jeu continuera dans les jours suivants, et je finirai avec plus de 400 nouveaux amis !

Parmi eux, essentiellement des pro-SNS (nous reviendrons sur leurs profils plus tard), mais aussi des choses plus étonnantes : quelques profils de petits commerçants souhaitant me vendre tout et n’importe quoi, des profils aux photos suggestives, et… des noms à consonance française ! Existerait-il une filière française du bot ? tiendrais-je le scoop qui ravirait la presse d’investigation tricolore ? Je me rends sur leurs profils et là, déception : la plupart indiquent dans leurs profils qu’ils sont d’Afrique subsaharienne, et de nombreux viennent me harceler sur Messenger en me proposant des prêts d’argent (jusqu’à 500 millions d’euros), dans un Serbe digne du pire Google Translate.

scam arnaque banque facebook vucic sns serbie bot
Un faux profil, qui se réclame de la BNP Paribas, avec un nom à consonance française et une photos volée sur le site de la Banque Postale, me propose des prêts jusqu’à 500 millions d’euros

Cette anecdote fait sourire, mais elle indique un point crucial : la dynamique des bot Vučić est la même que celle des scammers. Le but est identique : ajouter le plus de personnes possibles afin de leur exposer du contenu et de les convertir. Très rapidement, cependant, la stratégie atteint ses limites. Publier de manière intensive du contenu politique finit par refroidir la plupart des gens… excepté auprès des gens qui partagent la même ferveur. Au final, le bot ne se retrouve qu’avec des gens qui se comportent de la même manière… bref, d’autres bots !

stories facebook vucic sns serbie bot
Les stories Facebook qui me sont proposées côte-à-côte au bout de quelque jour : Vucic en train de faire un discours sur une page de soutien non officielle, une proposition (trop) tentante et un scammeur ivoirien

Classé sous :Serbie, Société Balisé avec :aleksandar vucic, bot, botovi., facebook; réseaux sociaux, faux profil, hajde au pays des bots, politique serbe, propagandeVucic;, Serbie, sns, vucic

mai 30, 2018 by Jerome Cid

Rendons-nous aujourd’hui en Serbie, à Kraljevo. Marija, étudiante, nous fait visiter sa ville, située à 2 heures au sud de Belgrade.

P1040837

Pourquoi visiter Kraljevo ?

Si vous voulez visiter une ville de taille humaine, aux rues propres et ordonnées, prendre une bière ou un café dans de nombreux bars et pubs, et, en plus, partir en randonnée à seulement 20 minutes du centre ville, venez à Kraljevo !

Quelles sont les trois choses les plus importantes à voir ?

Vous pouvez commencer par  la place des soldats serbes (Trg Srpskih Ratnika). Vue d’en haut (par exemple de la terrasse de l’hôtel Turist), on peut en effet découvrir que son sol est en fait un cadran solaire. Il s’agit là du véritable centre névralgique de la ville, et un bon début d’excursion.

P1040847

Vous pouvez ensuite continuer la visite par une promenade sur les bords de la rivière Ibar, un endroit parfait pour un bon jogging ou une bonne conversation.

Enfin, dernier point, mais pas l’un des moindres, finir votre visite par le monastère de Zica, à 5 kilomètres du centre-ville, l’un des lieux majeurs de l’histoire serbe, notamment médiévale.

IMG 8483

Quels sont les lieux cachés connus seulement des locaux ?

On peut penser à Borići : un parc idéal pour courir ou pour prendre du bon temps, qui surplombe la ville. On y trouve en effet un très bon café avec une vue splendide. On peut aussi mentionner la cabane aux pêcheurs à côté de l’Ibar, avec ses bancs et tables, idéale pour se relaxer. En dehors de la ville, on peut trouver bien d’autres endroits cachés, mais le meilleur reste encore de venir ici et de les découvrir.

P1040828

Quel est le meilleur endroit pour se relaxer ?

Si vous voulez vous relaxer, vous pouvez aller vous promener sur les bords de la rivière, en vous éloignant des cafés et bars. Vous y trouverez des endroits beaucoup plus paisibles, bercés du son de l’eau. Vous pouvez aussi sortir de la ville, les possibilités sont alors beaucoup plus nombreuses : les monts Goč et Stolovi, de nombreux villages, les thermes de Mataruska – un endroit idéal pour se reposer et pour quelques promenades romantiques.

mont goc montagne kraljevo serbie
Le mont Goč – Crédit : Bobik / CC-BY-3.0-RS

Un bon endroit pour goûter aux spécialités de la région ?

Vous trouverez pas mal de restaurants à Kraljevo. Mon conseil reste cependant Brvnara Izvor, à Gotovac, à 10 minutes en voiture du centre.

Quel est le meilleur endroit pour sortir ?

Si vous voulez une introduction à la turbo-folk, rendez vous au club Passage. Le meilleur endroit reste cependant Caffe Duo, un très bon bar dans le centre avec une atmosphère rock et de la musique live les weekends !

Y a-t-il une œuvre d’art, un écrit, ou un chef d’œuvre qui devrait absolument être vu, lu ou écouté en rapport avec Kraljevo ?

Pour les amateurs d’art, le musée et la librairie restent les meilleures options pour explorer l’histoire et les traditions de Kraljevo et de la Serbie. La ville possède en effet un riche passé attesté par de nombreux livres, photos et documents. Je recommande à ce sujet le livre “kraljevačke kafane”, de l’historien Milan Matijevic, qui retrace l’histoire des premières kafanas (des tavernes serbes) de la ville et de leur clientèle, le tout accompagné de leurs histoires.

P1040834

Classé sous :Serbie, Lifestyle Balisé avec :Kraljevo, que faire à kraljevo, Randonnée, Serbie, serbie centrale, sumadie, sumadija, Tourisme, visite, visiter kraljevo

février 20, 2018 by Jerome Cid

Il y a quelques mois, nous vous avions partagé des photos d’un festival de charcuterie en Voïvodine, dans le nord de la Serbie. Ce mois-ci, notre photographe Jérôme retourne dans la région, cette fois pour un festival de la saucisse et de la rakija, l’eau de vie typique de l’Europe du Sud-Est.

Près d’un an plus tard, me voici à nouveau avec mes amis serbes sur les routes hivernales de Voïvodine. Notre acolyte le brouillard est toujours là, bien que moins important que l’année dernière. Rendez-vous cette année à Belo Blato (ce qui veut littéralement dire Boue Blanche), pour le cinquième festival de la saucisse et de la rakija.

Depuis quelques années, en effet, les différentes municipalités de la région, frappée de plein fouet par un exode rural particulièrement violent, tentent de mettre à l’honneur les productions agricoles locales au travers de festivals et autres concours. Rakija, Bacon, Saucisse, porc, voire même testicules de boeuf sont ainsi les stars d’un jour.

Bien qu’assez peu médiatisée au niveau national, la fête de la saucisse et de la rakija ne manque pas de succès. Celui-ci se fait en effet sentir dès l’approche du village. Belo Blato se situant sur une île coincée entre la rivière Tisza et l’un de ses affluents, le Begej, une seule route relie le village au “continent”, qui se retrouve très rapidement congestionnée.

belo blato kobasica saucisse serbia 16
La rue principale du village, transformée en parking géant

Malgré le monde, nous parvenons à nous garer, et nous découvrons le festival. La foule est compacte, on se bouscule presque pour découvrir les réalisations des artisans locaux, qui sont venus de toute la région pour vendre leurs productions. Au-delà de la saucisse, c’est toute la production de charcuterie régionale qui est mise à l’honneur, du bacon jusqu’aux čvarci, une spécialité balkanique à base de couenne de porc frite dans le saindoux.

Une ambiance bonne enfant règne, alors que les populations se mélangent. La Voïvodine, en effet,  est une véritable mosaïque de minorités (des hongrois principalement, mais aussi des slovaques, des roumains, des ukrainiens, des monténégrins, etc.), il n’est donc pas étonnant d’entendre parler dans d’autres langues que le serbe, particulièrement dans un village comme Belo Blato, peuplé majoritairement de Slovaques.

belo blato kobasica saucisse serbia 12
Une équipe provenant d’un village slovaque de Serbie prête à participer au concours
belo blato kobasica saucisse serbia 10
Humour serbe : « première ligne de défense contre la grippe et les Américains »

De stand en stand, je commence à goûter aux chefs d’oeuvre de production locale. Au-delà de la saucisse, la générosité des producteurs d’alcool me frappe. Les échantillons de rakija “pour goûter” sont en effet de vraies doses d’un alcool qui tire – au minimum – à 40%. Ajoutons à ceci les dégustations de vin et de bière, et je commence à voir plus de brouillard qu’il n’y en a réellement.

N’étant pas le seul dans cet état, je comprends pourquoi beaucoup de gens autour de moi sont joyeux et ne marchent pas droit. Je commence aussi à comprendre pourquoi les gens mangent autant : à jeun, on ne peut pas terminer dignement le festival. Je continue donc ma dégustation de saucisses diverses et variées, incluant une saucisse de blaireau, dont je doute cependant de la véracité (ça ressemble quand même beaucoup au porc, leur blaireau).

belo blato kobasica saucisse serbia 4
Un vieil homme se saisit d’un fouet en cuir et le fait tourner sous les yeux d’une audience médusée

Vient alors la remise des prix : le festival s’accompagnait en effet d’un concours de la meilleure saucisse. On appelle les gagnants, et ils seront nombreux. Les prix décernés, le programme de l’évènement prévoit un temps de “socialisation”, comprenez encore plus de vins, rakijas, et autres spiritueux.

belo blato kobasica saucisse serbia 2
Les vainqueurs du concours

Voyant venir l’entourloupe, mes amis comprennent qu’il est temps de partir, avant que tout le monde, y compris moi, ne nous retrouvions en zombie. Nous laissons donc le festival, satisfaits de notre après midi.

Que retenir de ce festival, au final ? Au-delà de la consommation déraisonnable de graisses et d’éthanol, il s’agit d’un bon moment dont il faut profiter. Il y a en effet dans ces festivals une ambiance de kermesse de village difficile à trouver ailleurs. Les finances exsangues des collectivités locales sont telles que l’organisation laisse souvent place à l’improvisation, mais cela permet de faire de belles découvertes, et des rencontres inoubliables avec des gens qui sont ravis de faire découvrir leurs productions, souvent le fruit de plusieurs générations de savoir-faire.

belo blato kobasica saucisse serbia 15

C’est enfin, l’occasion de découvrir sous leur meilleur jour des villages qui disparaissent progressivement. Belo Blato, par exemple, comptait 2000 habitants en 1961, ils n’étaient plus que 1300 en 2011. Ces festivals sont donc les dernières lueurs d’espoirs, quelques jours de fêtes avant qu’ils ne retombent dans le silence le reste de l’année, un silence de plus en plus pesant…

Classé sous :Serbie, Lifestyle, Société Balisé avec :alcool, belo blato, Cuisine, Festival, rakija, saucisse, Serbie, vin

septembre 19, 2017 by Jerome Cid

L’édition 2017 de la Gay Pride de Belgrade terminée, l’heure est au bilan. Pour de nombreux commentateurs, il s’agit d’une réussite. Une opinion que ne partage pas notre correspondant local Jérôme, qui était dans le cortège.

Quatrième d’affilée : l’édition 2017 de la Gay Pride de Belgrade a été un succès… Elle est en tout cas considérée comme telle. Vue de l’extérieur, elle en a en effet tout l’air : la participation a été plus importante (tout au moins selon les organisateurs), aucun accrochage n’a eu lieu, et, cerise sur le gateau, la première ministre a pris part à la parade, une première dans l’histoire.

belgrade gay pride serbia 2017
Départ imminent de la Gay Pride

C’est une très belle histoire, certes. Cependant, vu de l’intérieur, les choses sont très loin d’être aussi simple. Jettons-y un coup d’oeil.

2017, c’ était pour moi la seconde couverture de la Gay Pride de Belgrade, après ma première expérience en 2016. Il est certes difficile de mesurer précisément le nombre exact de participants, mais la cuvée 2017 semblait clairement plus petite que sa précédente. Le volume de participants, au début et à la fin du cortège, était nettement plus clairsemé, la foule moins compacte… Mais bon, accordons malgré tout le bénéfice du doute aux ONG, et assumons qu’il y a eu effectivement 800-900 personnes qui se sont jointes à la manifestation, conformément à leurs affirmations.

belgrade gay pride serbia 2017 2
Les drapeaux arc-en-ciel font face au temple Saint Sava… tout un symbole

Passons maintenant à la question des violences. pour 900 participants, entre 2000 et 5000 policiers ont été déployés dans la ville. Il n’était pas question ici de seulement dévier la circulation pour faire de la place au cortège. La police était littéralement partout dans le centre ville, qui était totalement bloqué, plusieurs heures avant le début de la parade, ce qui a complètement paralysé son activité. Avec deux à cinq policiers par manifestant, on comprend aisément que toute violence était matériellement impossible. Un satisfecit sur cette question est totalement absurde,

policemen belgrade gay pride 2017 serbia 3
Des policiers sont postés, au cas-où
policemen belgrade gay pride 2017 serbia
Sur cette photo, trois lignes de policiers apparaissent : au fond, des policiers en civil, au milieu, des unités anti-émeutes, au premier plan… les hommes en noir. Aucun insigne, mais toujours en groupe, avec des talkie-walkie… impossible de savoir qui sont-ils
belgrade gay pride security
Rajoutons aussi la sécurité privée, d’une charmante société répondant au nom de KGB. Ici protégeant l’artiste Alex Elektra

Venons-en à présent au plus important : la première ministre, et plus généralement aux nombreux VIP de la manifestation. C’est en fait la question centrale de la Gay Pride. Qui est Ana Brnabic ? En écoutant et lisant ce qui se dit et s’écrit à son propos, il s’agit de la première femme, et de la première personne issue des communautés LGBTQ à accéder à une fonction de chef de gouvernement en Europe du Sud-Est. Et à part ça ? En fait pas grand chose n’est dit sur son action passée, présente et future. Pour résumer, la majeure partie de son image est fondée sur ce qu’elle est, et non sur ce qu’elle fait. Par conséquent, il aurait au contraire été surprenant de ne pas la voir durant la parade, dans la mesure ou son image “de marque” est construite sur son sexe et son orientation sexuelle.

ana brnabic gay pride 2017 belgrade serbia
Ana Brnabic répondant aux journalistes. Juste derrière, bien en évidence, Sinisa Mali, maire de Belgrade, qui ne bougera pas tout au long de la séance de questions-réponses à la première ministre. Des élections municipales ont lieu au printemps…

Elle n’était cependant pas la seule à prendre part à la parade. Quelques autres figures politiques locales, comme Sinisa Mali, le maire de Belgrade, ou le leader du parti Libéral Démocratique (LDP), Cedomir Jovanovic s’étaient joints, ainsi qu’un nombre important de diplomates étrangers. Pour résumer, la manifestation était “the place to be” pour tout représentant des “démocraties libérales” en Serbie.

sem fabrizi eu serbia gay pride belgrade
Sem Fabrizi, chef de la délégation de l’UE en Serbie, qui agite le drapeau arc en ciel de la Gay Pride. La scène durera moins de 30 secondes

Le lien entre le déploiement policier et les participant apparaît désormais. Il est inconcevable pour l’Etat serbe que la parade échoue, et ce quelque soit le prix à payer, vu que la communauté internationale a les yeux rivés dessus. En 2010, lorsque la Gay Pride a fini dans un bain de sang, la situation critique des communautés LGBTQ est passée sous les feux de la rampe. La parade, et plus généralement les questions gay en Serbie sont rapidement devenus des indicateurs des “progrès” de la société serbe.

Dans un tel contexte, la reprise de la Gay Pride annuelle a été percue comme un immense pas en avant. “Vous voyez, ce gouvernement serbe fait quelque chose pour les gays, nous devons les soutenir sur leur chemin vers une société moderne”, des diplomates, analystes politiques et observateurs LGBTQ extérieurs pourraient dire…

belgrade gay pride serbia 2017 europe
Le seul drapeau européen que j’ai pu remarquer dans la Gay Pride

On peut par conséquent en déduire que seules quelques centaines de personnes, d’une parade déjà minuscule, participent à la Gay Pride en ayant réellement une raison de manifester, et non seulement d’indiquer un très vague soutien à la cause. À titre de rappel, Belgrade, ce sont 1 300 000 habitants (hors banlieue), et aucune autre ville de Serbie n’organise de parade. Inutile de dire que la contribution de la population serbe à l’évènement est non-existant.

De nombreuses raisons peuvent expliquer la situation. La principale reste cependant le fait qu’une très grande partie de la population est homophobe. Désolé de décevoir certains analystes, mais il s’agit là d’une réalité dans le pays : différents sondages menés entre 2012 et 2015 révèlent qu’entre 40 et 50% de la population considère toujours l’homosexualité comme une maladie. Au niveau des progrès de l’Etat serbe, l’évolution est là aussi très feutrée. Le cadre légal a beau évoluer légèrement, son application n’est qu’anecdotique. La diffamation et la discrimination des personnes issues des communautés LGBTQ n’est, en réalité, quasiment jamais poursuivie. La lecture des rapports de l’Union Européenne à ce sujet ne montre d’ailleurs quasiment aucune évolution chaque année. Je serais d’ailleurs curieux de savoir ce qu’Ana Brnabic pense des couvertures d’Informer, un tabloïd proche du président Serbe Aleksandar Vucic (vous savez, celui qui l’a nommée à son poste actuel), qui va jusqu’à utiliser l’équivalent serbe de “pédé” sur ses couvertures…

gay pride 2015 serbia homophobia media tabloid 2
« les pédeés marchent, les Serbes payent »… la charmante couverture du Tabloïd informer en septembre 2015. Aucune condamnation

Face à une telle situation, il est assez douloureux d’entendre certains observateurs extérieurs quand ils parlent de l’amélioration de la situation, comme par exemple le représentant de la Gay Pride d’Amsterdam, venu pour l’occasion. “Il y a besoin de temps pour que les choses évoluent”, “le progrès est énorme”, “notre premier ministre n’a jamais participé à la parade”. Il s’est même permis une remarque “vous avez parfois besoin de faire un petit pas en arrière pour aller plus loin en avant”. Se permettre de donner une telle leçon est clairement choquant dans la situation actuelle. Qu’est-ce qu’un pas en arrière lorsque l’on est en Serbie ? Revenir à la situation de la Gay Pride de 2010 ?

J’ai donc quitté cette parade avec le sentiment qu’il s’agissait d’un bon plan de com’ pour les acteurs publics qui ont investi dedans : le gouvernement serbe, et une partie de la communauté internationale. Cependant, avec quasiment aucun participant, des centaines de millers d’euros dépensés (si ce ne sont des millions), et un cortège matériellement coupé du monde qui l’entoure du fait du dispositif de sécurité, ce plan semble tout de même discutable.

belgrade gay pride serbia 2017 3

Que faire, du coup ? La réponse est difficile à trouver. Concernant la parade, cependant, d’autres solutions existent déjà : une “Gay Pride alternative” a ainsi été organisée en juin, par d’autres ONG mécontente de la parade principale. Elle était bien moins médiatisée, mais elle n’a nécessité ni appel à des milliers d’uniformes, ni provoqué de violences notables. Si la division au sein d’un mouvement social n’est jamais une bonne idée, cette seconde parade devrait peut-être amener à une réflexion sur la manière dont les acteurs publics se sont accaparés la cause LGBTQ en Serbie…

Classé sous :Serbie, Actus, Société Balisé avec :2017, ana brnabic, belgrade, beograd prajd, gay pride, homophobie, hoosexuel, lesbienne, LGBT, lgbtq, manifestation, parade, premier ministre, Serbie

août 22, 2017 by Jerome Cid

Le mois dernier, nous vous avons emmenés au festival Exit, l’un des festivals les plus réputés de la région. Nous continuons aujourd’hui notre périple avec un autre grand rassemblement musical (mais pas que), le Belgrade Beer Fest. Il est bien moins connu mais vaut-il la peine de s’y déplacer ? 

Lorsque je me suis rendu au Beer Fest cette année, j’y allais avec l’espoir de côtoyer le fin du fin de la musique serbe et internationale, en communiant avec le meilleur des mélomanes du continent…

Non, soyons sérieux, j’y suis allé pour la bière, tout comme probablement 95% des gens qui s’y sont rendus !

Les organisateurs et le nom du festival sont d’ailleurs assez clairs là dessus : il s’agit d’un festival de la bière (le plus grand des Balkans), non d’un festival de musique.

belgrade beer fest 2017 6
22h, la foule se dirige vers le festival

De la bonne musique, mais toujours la même

La programmation reste donc assez limitée : les groupes qui se succèdent ont rarement percé à l’extérieur des Balkans, restent tous à peu près dans le même style (punk/rock alternatif), et ont surtout tendance à revenir d’une année sur l’autre. Des groupes comme Orthodox Celts, Goblini ou SARS participent ainsi chaque année au festival, parfois depuis très longtemps (de la création du festival en 2003 jusqu’à cet été, les Orthodox Celts sont par exemple venus 13 fois). On peut cependant noter la présence ponctuelle de guest stars internationales, comme  Asian Dub Foundation cette année.

scence goblini belgrade beer fest 2017
La scène principale, lors de la performance de Goblini, le samedi 19 août

Il faut donc s’attendre à peu de surprises sur scène. La qualité reste cependant au rendez-vous : le Beer Fest est en effet un potentiel tremplin pour de nombreux musiciens locaux, qui vont donc donner tout leur potentiel lors de leur (première) heure de gloire. Les stars du festival, elles, sont capables de produire une musique digne des standards internationaux, tout en étant politiquement engagée, chose rare habituellement sur la scène locale.

Mais revenons-en au plus important : la bière.

À la différence des pays organisant les principaux festivals de la bière, comme l’Allemagne ou la République Tchèque, la Serbie n’est pas une terre traditionnelle du houblon. Le festival laisse ainsi la part belles aux géants du secteurs, avec leurs marques locales (comme Lav, Zaječarsko ou Jelen Pivo), ou internationales. Il n’est cependant pas bien difficile de dénicher de petits stands plus intéressants, que ce soient pour goûter aux bières des petits producteurs locaux, pour le rapport qualité-prix souvent fluctuant (Kabinet, Sindikat, etc.) mais aussi des bières plus “exotiques” et assez rares en terres balkaniques, citons par exemple des productions belges comme la Gulden Draak ou la Chouffe, ou tchèques comme la Primator ou la Bernard.

zajecarsko belgrade beer fest 2017
Le stand de Zaječarsko, l’une des principales bières serbes, produite dans la ville de Zaječar, dans le sud du pays
bernard pivo belgrade beer fest 2017
Lorsque l’on nous a parlé de Bernard Pivo, nous nous attendions à autre chose. (Pivo, en Serbe comme en Tchèque, veut dire bière)

Abordons maintenant le nerf de la guerre : le prix. À ce sujet, je n’ai eu que des bonnes surprises. L’entrée au festival coûte… rien du tout ! Il s’agit d’une tradition (qui n’a eu qu’une seule exception en 2014), le festival est totalement libre d’accès. Quant aux consommations, bonne nouvelle là aussi : les prix sont plus que raisonnables : compter entre 120 et 200 dinars (environ 1€– 1€70) pour les bières industrielles, et environ 300 dinars (2€50) pour une bière plus « confidentielle”. En clair, les tarifs sont même légèrement moins chers qu’en ville !

belgrade beer fest 2017 5
L’entrée du festival : la foule et dense, la sécurité omniprésente, mais l’attente au final très courte

Et l’ambiance, dans tout ça ? Comme on peut s’en douter, le combo bière+rock alternatif n’amène pas l’audience la plus chic. Le public reste malgré éclectique, le principal attrait n’étant pas au niveau de la musique mais de la boisson. La fourchette d’âge reste d’ailleurs impressionnante, des ados aux sexagénaires (j’ai même aperçu une poussette, mais je doute qu’elle soit venue toute seule !)

belgrade beer fest 2017 4
bip belgrade beer fest 2017 2

Alors, cela vaut-il le coup de participer au Belgrade Beer Fest ? La musique est bonne, sans plus, et la bière est buvable, sans être extraordinaire. Faire le déplacement depuis l’Europe de l’Ouest pour ce festival risque donc d’être décevant. Le festival dure quatre jours, mais vous risquez de tourner en rond au bout de deux jours (à moins de finir bourré dans un fossé à la fin de la première soirée).

belgrde beer fest 2017 1

Par contre, si vous passez par les Balkans à ce moment-là, vous auriez tort de ne pas rajouter cette étape dans votre voyage. Il s’agit là d’une expérience qui mérite de s’arrêter. Qui sait, vous prendrez peut-être goût au rock alternatif serbe ! (Si vous prenez goût à la Jelen Pivo, par contre, c’est que vous avez poussé le bouchon un peu trop loin).

La prochaine édition, normalement, aura lieu aux alentours du 15-20 août 2018. D’ici là, vous avez le temps de planifier votre voyage dans la région 😉

Classé sous :Serbie, Lifestyle, Musique, Société Balisé avec :2017, 2018, avis, beer, belgrade, belgrade beer fest, bière, decouvrir, fest, Festival, opinion, Serbie, visite, voyage

juillet 16, 2017 by Jerome Cid

Ça y est, après 5 jours de folie, des dizaines et des dizaines de concerts et des centaines de millers de personnes foulant la forteresse, l’édition 2017 du festival Exit est finie ! Il est l’heure pour nous désormais de faire le bilan. 

Lundi matin : les derniers festivaliers quittent le site de la forteresse de Petrovaradin, les ouvriers s’attelleront bientôt à démanteler les installations gargantuesque du festival. D’ici 24h maximum, la ville de Novi Sad retrouvera son calme habituel.

festival exit fin
Les festivaliers se préparent à quitter le festival alors que l’aube arrive

La situation ces derniers jours était en effet surréaliste, tant le festival amène du monde dans cette ville de 340000 habitants, banlieue comprise.

Comme prévu, la session 2017 aura été celle d’un record : au total, ce sont 215000 visiteurs, d’après les organisateurs, qui se seront rendus au festival, avec des pointes à plus de 50000 personnes par nuit pour vendredi et samedi. Le festival a donc une fois de plus confirmé son statut de poids lourd des festivals, non seulement d’Europe orientale, mais aussi du continent.

fin festival exit gens dorment train
Train Novi Sad – Belgrade du dimanche matin : il est 6h, tous les festivaliers dorment

Vu de l’intérieur, est-ce qu’Exit mérite un tel succès ?

D’un pur point de vue organisationnel, la réponse est oui, sans aucun doute. En matière de programme, la performance est impressionnante : le festival est capable de rassembler des géants de l’industrie musicale mondiale, comme Jason Derulo et Alan Walker, tout en donnant sa place à des groupes et DJ’s de taille locale. Au niveau des styles musicaux représentés, la variété est tout aussi impressionnante : il est possible de passer, dans l’espace d’une nuit, d’un concert de musique traditionnelle du nord de la Serbie, avec des chanteurs comme Zvonko Bogdan, au top des tendances électro avec Kungs. Au final, il est difficile de trouver un panel aussi vaste ailleurs.

kungs exit 2017
Kungs, Exit Festival

D’un point de vue matériel, là non plus, rien à redire. Le festival est bien conçu : l’acoustique reste dans quasiment tous les cas assez bonne alors que les scènes sont parfois proches de seulement quelques dizaines de mètres. De plus, circuler entre les différentes parties du festival reste toujours possible même lors des plus fortes affluences : le parcours des festivaliers a été planifié et calculé, ce qui évite de trop gros bouchons à l’exception de la zone de la Dance Arena (dédié à l’electro). Au niveau pratique, enfin, la conception est satisfaisante : des points d’eau sont dispersés à travers le festival, les toilettes aussi, et les stands de nourriture et de boissons sont nombreux, pratiquant des prix raisonnables, y compris pour la Serbie (à titre d’exemple, compter 2,20 euros environ pour une bière).

Bref, le festival mérite-t’il sa réputation ? Oui, assurément, même s’il risque désormais de passer en surpoids.

Le géant va-t-il se transformer en ogre ?

Une impression de gigantisme incontrôlé se dégage du festival : la programmation est vaste, jusqu’à en devenir frustrante. Entre tous les groupes, il est désormais impératif de devoir faire des choix, tant les horaires de passages des artistes se chevauchent, ce qui donne le sentiment constant de rater une partie du festival. De plus, la présence de géants de l’industrie musicale mondiale vient occulter parfois la présence de petits groupes, qui ont parfois littéralement du mal à se faire entendre, relégués sur les plus petites scènes.

festival exit masque poussiere
Festivaliers portant des masques anti-poussière. Les dizaines de milliers de personnes marchant sur la forteresse soulèvent une quantité de poussière telle que certains sont contraints de s’en protéger

Le nombre de participants, lui aussi, est en train d’atteindre une limite critique : tôt ou tard, les capacités maximales de la forteresse seront dépassées, que ce soit au niveau de l’espace disponible, ou au niveau de la contrainte que 215000 représente sur des fondations vieilles de plus de 300 ans.

La ville de Novi Sad a d’ores et déjà, par ailleurs, atteint ses limites en matière d’hébergement : ceux-ci sont pleins à plus de 97% à en croire les données de Airbnb et Booking.com durant le week-end du festival, à des prix totalement prohibitifs. Ils se retrouvent ainsi multipliés par 3 ou 4 au cours d’Exit par rapport au reste de l’année, le tout parsemé de pratiques douteuses de la part d’une partie des hébergeurs. L’auteur de l’article en a été par exemple victime pour sa dernière nuit sur place.

ordures bieres festival exit
Canettes et verres de bière laissés aux abords de la forteresse, qui se transforment en poubelle géante lors de la fin du festival

Enfin, pour rester sur l’aspect financier, la question du prix du billet va aussi de plus en plus se poser. Les tarifs sont de plus en plus élevés : il fallait ainsi, par exemple, compter plus de 120 euros pour un passe 4 jours pour le festival, au tarif préférentiel réservé aux ressortissants serbes. Dans un pays ou le salaire moyen est inférieur à 400 euros, la pilule reste difficile à avaler. Au vu de ce qui est proposé dans le festival, on en a clairement pour son argent. Le souci, c’est qu’Exit, à s’étendre autant, risque de proposer, au final, beaucoup plus que ce qu’un festivalier pourra et voudra voir en quelques nuits.

Pour résumer : profitez du festival, il mérite de faire le trajet vers Novi Sad, et de découvrir son ambiance tant qu’il en est encore temps ! C’est par ailleurs une très bonne occasion de découvrir la région, qui a bien d’autres ressources à proposer !

Et à nos confrères des médias français : qu’attendez-vous pour faire la couverture d’Exit ? En effet, d’après le service presse d’Exit, Hajde, avec l’agence SIPA, étaient les deux seuls français présents. Il a pourtant de quoi intéresser l’audience…

Photos : J.Cid

Classé sous :Serbie, Musique Balisé avec :#musique, 2017, bilan, faut il aller a exit, festival exit, Novi Sad, participer, Serbie

juillet 5, 2017 by Jerome Cid

Cette année, la rédaction de Hajde couvrira pour vous le festival Exit, à Novi Sad, l’occasion de revenir sur l’histoire d’un évènement devenu, en moins de 20 ans, une référence musicale estivale.

Weekend dernier : les ouvriers s’affairent sur la forteresse de Petrovaradin pour assembler les scènes et les stands. Tout doit être prêt dans quelques jours pour accueillir l’édition 2017 du festival Exit. Comme chaque année désormais, la ville de Novi Sad s’attend à accueillir plusieurs dizaines de milliers de personnes pour les concerts du festival qui verront se produire une cinquantaine de groupes, DJ’s et chanteurs, avec des guest stars comme Alan Walker ou Liam Gallagher.

À l’échelle de Novi Sad, il s’agit d’un évènement considérable, probablement le seul moment de l’année où les capacités d’hébergement de cette ville de 350 000 habitants sont au maximum.

exit festival novi sad petrovaradin 4
La forteresse de Petrovaradin, prête à accueillir le festival.

Rien ne prédisposait cependant le festival à devenir ce rendez-vous incontournable de la musique, rassemblant des pointures sur un panel éclectique, de David Guetta à Manu Chao, en passant par Stromae, Motorhead, et bien d’autres.

La première édition du festival, en effet, avait un but essentiellement politique. Nous sommes alors en 2000, et l’opposition à Milošević se prépare à des élections présidentielles en septembre, avec pour but de gagner le pouvoir. Rassemblant quelques dizaines de groupes locaux, le festival est vu comme une plateforme d’expression politique anti Milošević, ce qui explique jusqu’au nom du festival, qui n’est qu’une contraction d’un slogan utilisé par ses organisateurs, Exit out of ten years of Madness (sortie de 10 ans de folie).

Milošević évincé du pouvoir, le festival commença alors à prendre son envol, soutenu par la nouvelle administration serbe, et ce malgré des affaires récurrentes de mauvaise gestion financière et de détournements de fonds. Le festival entama alors un tournant plus commercial, notamment en concluant des partenariats de sponsoring de plus en plus importants. Ce virage eut pour conséquence de modérer l’aspect politique initial, mais permit, dans le même temps, d’en booster sa notoriété en finançant la venue de stars de plus en plus importantes. La programmation, d’ailleurs, finit par faire parler d’elle, et donna la possibilité au festival d’être couvert par des médias de plus en plus importants, suite par exemple à la couverture qu’en fit la BBC en 2005 qui marqua l’entrée du festival dans la cour des grands évènements européens. Un géant était né, celui que nous connaissons désormais.

festival exit banderole logo novi sad
Banderoles faisant la promotion d’Exit dans le centre ville de Novi Sad

Au niveau de la structure légale et commerciale, les dernières années ont vu une complexification du fonctionnement du festival. Alors que la communication du festival met en avant la fondation Exit, une ONG qui promeut les initiatives en faveur de la culture, et de l’implication de la jeunesse dans la société civile, le festival est relié, d’après une enquête de 2014, à 7 entités légales. Au-delà de l’aspect philanthrope, cette structuration a permis le développement de la “marque” Exit à travers les Balkans, avec la création d’autres festival sous le même nom, d’abord à Budva, au Monténégro, puis, depuis cette année, à Umag, en Croatie.

Mais au fait, à quoi ressemble le festival, vu de l’intérieur ? Pour le savoir, attendons encore quelques jours, afin de le découvrir ensemble !

Crédits photo: J.Cid

Classé sous :Serbie, Lifestyle, Musique Balisé avec :#musique, Exit, Festival, histoire du festival exit, Novi Sad, Serbie

juillet 2, 2017 by Jerome Cid

Commençons aujourd’hui la découverte du festival Exit par une visite de la ville qui l’héberge, Novi Sad. Située à moins de 60km de Belgrade, la seconde ville de Serbie offre une image totalement différente du pays, du fait de son histoire particulière. Découvrons-là ensemble !

Y’a-t-il une vie en dehors de Belgrade ? Lorsque l’on y vit, on a tendance à se poser la question. La capitale serbe a en effet une taille démesurée par rapport aux autres villes du pays. Sur les 7 100 000 habitants du pays, 1 659 000 vivent dans l’agglomération de la capitale. La seconde ville, Novi Sad, fait presque office de quartier comparée à Belgrade, avec ses 341 000 habitants.

novi sad centre
Dans le centre ville de Novi Sad

Novi Sad et la Serbie : deux histoires différentes

Novi Sad garde malgré cette différence de taille tout son intérêt, notamment historique et culturel. Lorsque l’on arrive de Belgrade, il est parfois difficile de croire que les deux villes sont dans le même pays, et pour cause : pendant très longtemps, elles ne l’ont pas été. Pendant plusieurs siècles, en effet, la région a été le théâtre de l’affrontement entre Empire Ottoman et Empire Austro-Hongrois. Entre 1521 et 1526, Constantinople s’empare d’une vaste région située grosso modo entre Belgrade et Budapest. Cette conquête va se poursuivre dans les années qui suivent, les Ottomans parvenant aux portes de Vienne en 1529, qu’ils n’arriveront cependant pas à conquérir. 

La défaite du siège de Vienne va marquer un tournant décisif dans le bras de fer entre la capitale autrichienne et Constantinople, qui va amorcer un très long recul du pouvoir de cette dernière en Europe (qui prendra fin avec la dissolution finale de l’empire Ottoman en 1919). Concernant nos deux villes serbes, les influences vont être très différentes : alors que la Sublime Porte perd la région de Novi Sad en 1687 au profit des Austro-Hongrois, il faudra attendre l’indépendance de la Serbie en 1878 pour que Belgrade ne soit plus sous la tutelle de Constantinople. Novi Sad, et tout le nord de la Serbie ne finiront par passer sous contrôle serbe qu’après la chute de l’empire Austro Hongrois et le traité du Trianon en 1919.

novi sad cathedrale catholique
La cathédrale Catholique de Novi Sad, l’église du Nom-de-Marie
novi sad cathedrale orthodoxe
La cathédrale Orthodoxe de Saint Georges

Novi Sad, capitale de Voïvodine

novi sad mairie multilingue
La mairie de Novi Sad : l’inscription « mairie » est indiquée dans quatre des langues officielles de Voïvodine : le serbe, le hongrois, le slovaque et l’ukrainien

200 ans d’histoire différente ont donc marqué le visage de la ville. Alors que l’on peut encore retrouver assez facilement de l’influence ottomane à Belgrade, que ce soit dans l’urbanisme ou dans certains monuments, Novi Sad, elle, a conservé une très forte identité Austro-Hongroise, au niveau de l’architecture par exemple, très fortement inspirée du baroque viennois, ou même au niveau de la composition sociologique.

Novi Sad est en effet la capitale de la province de Voïvodine, la région contrôlée par les Austro-Hongrois jusqu’en 1919, qui a la particularité d’être beaucoup plus hétérogène au niveau des communautés que le reste de la Serbie. Bien que Novi Sad et la Voïvodine soient à forte majorité peuplées de Serbes, 34% de la population de la région appartient à une autre communauté. Les Hongrois sont ainsi la seconde nationalité de la province, avec 13% des habitants, auxquelles s’ajoutent une mosaïque de communautés, comme les Slovaques, les Croates, les Roms, les Roumains, les Monténégrins, les Ukrainiens, les Allemands, etc.

Loin d’être anecdotique, cette hétérogénéité constitue le fer de lance de l’identité de Voïvodine, qui lui permet de bénéficier d’un statut autonome en Serbie, et ce depuis la fondation de la Yougoslavie communiste. La plupart des minorités de la région bénéficie donc d’un statut protégé, accordant au niveau local certains droit au bilinguisme, et la province, elle, jouit d’une certaine autonomie sur une bonne partie des questions administratives : la culture, l’éducation, la protection sociale, l’écologie, l’agriculture et l’économie de manière plus générale.

novi sad forteresse petrovaradin
Monument dédié aux victimes de la Shoah, la forteresse de Petrovaradin en arrière-plan

Pourquoi visiter Novi Sad ?

Visiter Novi Sad revient donc à visiter une Serbie différente. Moins chaotique, mais aussi moins balkanique dans son atmosphère. Elle mérite toutefois que l’on s’y arrête, tant l’ambiance y est agréable, avec ses vastes rues piétonnes au centre desquelles se dresse la cathédrale catholique. Eloignez-vous du centre ville, et vous découvrirez, sur les bords du Danube, la forteresse de Petrovaradin, l’un des symboles de la victoire Austro-Hongroise contre les ottomans.

L’aspect gastronomique n’est pas, non plus, à oublier. La Voïvodine est en effet la région la plus fertile de Serbie, il s’agit donc de la meilleure occasion pour déguster le meilleur de la nourriture serbe, parfois assaisonnée à la sauce hongroise. L’alcool, lui aussi, est à l’honneur : la production locale de fruits permet ainsi de bénéficier d’un choix important d’eaux de vie de fruits (la rakija), disponibles sur les marchés de la ville à des prix défiant toute concurrence (moins de 5 euros le litre), et la proximité des vignobles de Sremski Karlovci donne la chance de goûter l’un des meilleurs vins du pays.

novi sad danube
Pêcheurs sur le Danube, à Novi Sad

Quelques informations pratiques

Comment se rendre à Novi Sad ?

La ville ne disposant pas d’aéroport, il sera nécessaire de prendre le train ou le bus depuis Belgrade. Compter environ 1h30-1h45. Le train est légèrement plus rapide et coûte près de deux fois moins cher que le bus, mais la fréquence est beaucoup moins importante.

Les horaires de train

Les horaires de bus  (disponibles en serbe uniquement)

Combien de temps rester ?

Pour visiter la ville : une journée suffit. Pour découvrir la ville et ses alentours tranquillement : entre 2 et 4 jours, les soirées étant particulièrement agréables

Que visiter ?

Le centre ville et son réseau de rues piétonnes

L’église catholique du Nom-de-Marie de Novi Sad

La forteresse de Petrovaradin

Les marchés : Futoška Pijaca et Riblja Pijaca

Les bords du Danube

Sremski Karlovci

Crédits photo : J. Cid

Classé sous :Serbie, Lifestyle Balisé avec :Découverte, Festival, nord de la serbie, Novi Sad, que visiter a novi sad, Serbie, Tourisme, visite

avril 27, 2017 by Jerome Cid

C’est officiel, Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont les deux candidats qualifiés pour le second tour des élections présidentielles en France, avec respectivement 23,75% et 21,53% des suffrages. Pour la première fois, ni le Parti Socialiste, ni le parti des Républicains, les deux partis traditionnels français, n’ont passé l’épreuve du premier tour. « Résultat historique », « nouvelle preuve de la montée du populisme en Europe », « démonstration du ras-le-bol quant aux termes ‘gauche’ et ‘droite’ »… En France, les commentaires et les analyses de cette première étape de l’élection ne manquent pas. Mais qu’en disent nos pays d’Europe orientale, du Nord et des Balkans ? Faisons ensemble un tour des différentes réactions.

Lituanie

« Le futur de l’Europe dépend de l’élection présidentielle en France »

Pour Linas Linkevicius, le Ministre des Affaires Etrangères lituanien, une Europe forte et consolidée est ce dont la Lituanie a besoin, et tout va dépendre du choix que feront les français le 7 mai prochain. « Nous félicitons les finalistes et leur souhaitons bonne chance, en espérant que le peuple français fasse le bon choix, d’autant plus qu’ils ne font pas qu’élire un Président pour la France mais aussi un chef d’Etat essentiel pour toute l’Europe », a-t-il déclaré au lendemain du premier tour.

Linkevicius fait le lien entre les présidentielles françaises et les élections parlementaires de mars dernier aux Pays-Bas, rappelant que, pour lui, « ce n’est pas une grande victoire, au contraire, cela devrait nous calmer, on devrait y penser ».

Pour la Présidente lituanienne, Dalia Grybauskaitė, le résultat de cette élection importe peu. En effet, au contraire de Linas Linkevicius qui est plutôt inquiet, celle-ci a déclaré continuer a travailler conjointement avec la France, peu importe le candidat qui sera élu.

Charlyne Thiery

Roumanie

Etonnement et soulagement après la qualification de l’ « ovni » Macron

La campagne française et ses rebondissements ont été très suivis en Roumanie, et les résultats abondamment commentés. La presse roumaine a beaucoup insisté sur le contexte délétère dans lequel elle s’est déroulée, entre affaires judiciaires et menace terroriste, et sur l’eurosceptiscisme et le populisme supposés de Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.

Les débats sur la place de la France en Europe et sur l’immigration qui ont monopolisé la campagne ont été observés avec inquiétude dans ce pays très europhile qui voit émigrer une importante partie de sa population vers l’Europe occidentale.

Le passage au second tour de Marine le Pen et d’Emmanuel Macron est qualifiée par les médias roumains de « duel des antisystèmes », et la probable victoire d’Emmanuel Macron les rassure : ils rappellent ainsi qu’il était le seul candidat principal à défendre sans ambiguité le projet européen. Il est souvent qualifié d’ « ovni politique », tant son jeune âge, son manque d’expérience politique et son projet « ni de droite ni de gauche » paraissent ici incongrus.

Par ailleurs, un intérêt particulier est accordé à la défaite de François Fillon. Un journaliste de la chaîne d’informations Digi24 fait ainsi une comparaison entre le candidat des Républicains et le chef du PSD (parti social démocrate) Liviu Dragnea : il souligne que tous deux se sont obstinés à atteindre le pouvoir malgré leurs déboires judiciaires et l’opposition de l’opinion publique, et que tous deux ont échoué. Selon lui, l’élection présidentielle française est une leçon que la Roumanie doit retenir ; alors que François Fillon est définitivement éliminé de la vie politique, ses alter ego roumains tiennent les rênes du pouvoir par manque de garde-fous judiciaires et politiques.

Ninnog Louis

Serbie

L’intégration européenne et la « perversion »

Une fois passée la surprise de ne pas voir les deux partis traditionnels accéder au second tour, les analystes se sont centrés sur la question de l’Europe, qui est probablement l’un des points centraux des débats et clivages politiques en Serbie. La plupart ont donc souligné le fossé qui existe entre les deux visions du futur de l’UE et de la place que doit y occuper la France. « Le choc de deux visions de l’Europe » titre ainsi Politika, qui présente les principaux points des deux programmes sur la question. D’autres journaux, par exemple le quotidien Danas, vont plus loin dans l’analyse, en se montrant pessimistes quant à l’avenir de l’Union : si Macron a de fortes chances de gagner le scrutin, le projet européen pourrait malgré tout être mis en danger par le mécontentement croissant de l’opinion publique concernée. Cette analyse est d’ailleurs en partie reprise par l’hebdomadaire Nedeljnik pour expliquer la montée du FN dans son article titré « Comment comprendre le phénomène Marine le Pen » : l’arrivée de l’extrême droite au second tour, commente le journal, provient en partie de l’échec de Bruxelles de protéger ses populations, du fait de politiques néolibérales.

Les tabloïds, eux, se sont intéressés à la situation d’un angle tout à fait différent, en s’intéressant à Brigitte Trogneux. Blic consacre ainsi un article entier à la différence d’âge entre le candidat et sa conjointe alors que Kurir établit des liens entre le fait que Brigitte et Emmanuel se sont rencontrés à Amiens et la visite surprise de Marine le Pen dans la ville. Enfin, le titre le plus incongru, et probablement le plus choquant, provient d’Informer, le journal le plus vendu en Serbie, connu pour sa ligne éditoriale pro-russe. Il s’attarde sur le couple Macron, qualifiant Brigitte Trogneux de « grand mère », prêtant à Emmanuel des relations homosexuelles, tout en parlant de la situation comme d’une « perversion ». Il est à noter que le journal est familier de ce genre d’attaques, et qu’il a violé le code d’éthique journalistique en moyenne 120 fois par mois en 2016, selon l’association serbe des journalistes indépendants…

informer serbie macron 2017
« Perversion, le futur président français : un gay marié à une mamie ?! » titre le tabloïd Serbe pro-russe Informer le 25 avril 2017

Jérôme Cid

Turquie

Le « centriste pro-européen » Macron contre la « leader anti-immigration » Le Pen

Voilà comment le Hürriyet Daily News définit le résultat du premier tour des élections présidentielles françaises. Pour TRT, média turc, la campagne pour le deuxième tour « a commencé dès lundi entre la dirigeante d’extrême droite anti-Europe et anti-mondialisation et l’ancien ministre de l’Economie pro-européen, novice en politique, jamais élu, sans parti ». « Macron, l’avocat de la liberté de circulation et du libre-échange » apparait dans les médias turcs comme un ovnis face à une Marine Le Pen dangereuse aux portes du pouvoir.


Ce résultat est, pour Hürriyet, un « choc pour les classes politiques traditionnelles ». « Ils [Macron et Le Pen] ont fait campagne comme des rebelles, transcendant la division gauche-droite ». Au coeur d’une France clairement divisée, le candidat d’En Marche ! apparait, depuis la Turquie, où la majorité des électeurs ont d’ailleurs voté pour lui (avec seulement 4% de voies données à la candidate du Front Nationale) comme le favoris. « Macron est clairement favoris pour devenir le plus jeune Président français » commente le Daily Sabah.

« L’élection française peut marquer un tournant décisif pour la France et l’Europe », rappelle Holger Schmieding de la banque Berenberg, cité par Hürriyet Daily News. Et au journal de rappeler que la présidente du FN suit les traces de son père, Jean-Marie, qui s’est lui aussi retrouvé au second tour des élections présidentielles en 2002. Quant aux autres candidats présents au premier tour, peu ou pas de mots à leur égard, si ce n’est quelques rappels quant aux scandales liés à François Fillon.

« Ce sera ‘les patriotes’ contre ‘les nationalistes’ » explique le Daily Sabah, qui continue en notant que premier tour a été vécu comme « une montagne russe » dans une France « déprimée » suite à une vague d’attentats, le dernier ayant eu lieu à quelques jours de l’élection.

Charlyne Thiery

Photo de couverture :

‘Affiches de campagne des deux finalistes de l’élection présidentielle française, Emmanuel Macron et Marine Le Pen‘ REUTERS / Eric Gaillard

Classé sous :Actus, General, Société Balisé avec :2017, balkans, Election Présidentielle, elections, elections presidentielles francaises, europe centrale, France, Lituanie, macron, presidentielles, presidentielles 2017, réactions, Roumanie, Serbie, Turquie

  • 1
  • 2
  • Page suivante »

Votre guide vers l’Est

Votre média indépendant Popculture sur l’Europe de l’Est, l’Europe Centrale et les Balkans !

Grâce à nos éditeurs sur place, découvrez les dernières tendances culturelles, les plus belles destinations, tous les festivals, et les lieux incontournables pour votre prochain voyage à l’Est…

HAJDE, Let’s go !

Newsletter

Hajde

  • Comment ça marche ?
  • Le Manifeste
  • Nos partenaires
  • Mentions Légales

Contact

  • Notre communauté
  • Recrutement
  • Contact

Suivez-nous

Soutenez-nous sur



Ministere de la culture Fr JUMP

Partenaire de :

Hajde 2023 © Tous droits réservés.

Nous utilisons des cookies sur notre site Web pour vous offrir l'expérience la plus pertinente en mémorisant vos préférences et les visites répétées. En cliquant sur «Accepter», vous consentez à l'utilisation de TOUS les cookies.
Paramétrer les CookiesACCEPTER
Manage consent
Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience pendant que vous naviguez sur le site Web. Parmi ceux-ci, les cookies classés comme nécessaires sont stockés sur votre navigateur car ils sont essentiels au fonctionnement des fonctionnalités de base du site Web. Nous utilisons également des cookies tiers qui nous aident à analyser et à comprendre comment vous utilisez ce site Web. Ces cookies ne seront stockés dans votre navigateur qu'avec votre consentement. Vous avez également la possibilité de désactiver ces cookies. Mais la désactivation de certains de ces cookies peut affecter votre expérience de navigation.
Nécessaire
Toujours activé
Les cookies nécessaires sont absolument indispensables au bon fonctionnement du site. Cette catégorie comprend uniquement les cookies qui assurent les fonctionnalités de base et les fonctionnalités de sécurité du site Web. Ces cookies ne stockent aucune information personnelle.
Non-nécessaire
Tous les cookies qui peuvent ne pas être particulièrement nécessaires au fonctionnement du site Web et qui sont utilisés spécifiquement pour collecter des données personnelles des utilisateurs via des analyses, des publicités et d\'autres contenus intégrés sont appelés cookies non nécessaires. Il est obligatoire d\'obtenir le consentement de l\'utilisateur avant d\'exécuter ces cookies sur votre site Web.
Enregistrer & appliquer
 

Chargement des commentaires…
 

Vous devez être connecté pour poster un commentaire.