« Nema nazad! ». En Serbie, on n’accepte pas la souffrance, même pour nos compagnons à quatre pattes ! Depuis plusieurs semaines, la Serbie est secouée par différentes manifestations. Si vous avez certainement déjà entendu parler des manifestations consécutives au projet de mines du groupe Rio Tinto, avez-vous pour autant entendu parler du mouvement Nema nazad ?
Comment est né « Nema nazad » ?
« Pas de retour en arrière ! » (ndlr : « Nema nazad » en serbe) : c’est ce que scandent les serbes depuis plusieurs semaines dans plusieurs villes de Serbie, bloquant routes et carrefours accompagnés de leurs compagnons sagement tenus en laisse. Ivan R. Ivanovic, l’un des meneurs du mouvement a répondu à nos questions, allant jusqu’à s’efforcer de nous parler en anglais. Notre homme se présente très modestement comme l’un des nombreux militants pour la cause animale en Serbie, entouré dans sa lutte de personnes exceptionnelles dont les idées et la coopération permettent de réaliser un travail magique.
Le mouvement Nema nazad est né en août 2021 mais est le fruit d’une lutte de longue date (depuis 2009) avec le gouvernement serbe, visant à implémenter une loi qui permettrait d’éviter bien des souffrances animales et de lutter contre la corruption des chenils et services vétérinaires qui laissent les chiens et chats périr dans d’abominables conditions. Selon Ivan R. Ivanovic, l’implémentation de cette loi permettrait de propulser la Serbie parmi les pays d’Europe prenant le plus en considération le bien-être animal.
Si le mouvement et les manifestations Nema nazad sont relativement récentes (elles n’ont débuté qu’en août 2021) alors qu’il s’agit bien de la continuité d’une lutte vieille de plus de dix ans, c’est bien face au ras-le-bol consécutif au silence du gouvernement serbe face aux sollicitations des militants conjugué à sa duplicité vis-à-vis de refuges privés dans lesquels les chiens sont tués (et/ou laissés pour morts) et dans d’affreuses conditions par des vétérinaires corrompus par l’appât du gain (nous ne montrerons ici aucune des photographies qu’Ivan nous a fournies par souci de ne choquer aucune âme sensible).
Quelle est la situation actuelle ?
Avant d’examiner les tenants de cette proposition de loi portée par Nema nazad, une certaine remise en contexte est nécessaire. Pour celles et ceux de nos lectrices et lecteurs qui ont déjà visité la Serbie, vous aurez pu remarquer la présence de chiens errants dans les grandes villes. L’expérience montre que ces derniers sont presque toujours absolument amicaux et prompts à recevoir caresses et marques d’affection de la part des passants, à condition d’adopter les gestes adaptés et de ne pas se montrer brusque.
S’il n’existe pas de statistiques précises quant au nombre de ces animaux laissés pour compte, il est évident qu’ils seraient plusieurs milliers à travers la Serbie, selon Ivan R. Ivanovic. L’observation personnelle dans différentes villes telles que Nis ou Pirot, où une vingtaine de chiens différents ont pu être observés dans chaque ville par nos soins, au fil de simples promenades, remarquant parfois avec tristesse la disparition de l’un d’entre eux au printemps, semblent confirmer l’estimation de Nema nazad.
Par ailleurs, même si ces chiens ne sont pas totalement abandonnés, des passants leur apportant régulièrement de quoi se nourrir, certains vétérinaires prenant sur eux de les vacciner et stériliser, leur prise en charge reste le fait de faits isolés ou de petites associations éphémères.
Que propose la loi soutenue par Nema nazad ?
La loi que propose Nema nazad vise donc à ce que le gouvernement prenne en charge l’enregistrement, la stérilisation, les soins et l’adoption des chiens errants, exceptée l’euthanasie qui demeure illégale en Serbie. Il s’agit là d’une proposition de loi ambitieuse et très généreuse, considérant que dans bien d’autres pays, pourtant plus riches, la situation et les volontés populaires sont bien loin des exigences du mouvement Nema nazad.
Nema nazad en action !
A ce jour, les manifestations ont été menées successivement à Lazarevac (le 3 Octobre 2021), Novi Sad (le 17 Octobre 2021, seconde plus grande ville de Serbie), Nis (le 7 Novembre 2021, troisième plus grande ville du pays), Loznica (le 27 Novembre 2021, lieu stratégique de ces manifestations car c’est là que se trouve l’un des refuges privés concernés et connu en Serbie dans les milieux militants sous le nom de « Auschwitz de Serbie ») et ont réuni au moins deux milliers de manifestants, en plus de la trentaine de militants permanents de Nema nazad.
Manifestation nema nazad à Novi Sad Manifestante à Nema nazad
Si ce nombre peut sembler réduit aux yeux des français, il n’en est pas moins significatif pour la Serbie où, même si manifester est légal, il est illégal de bloquer les routes (Ivan R. Ivanovic a d’ailleurs été arrêté puis retenu deux heures au poste de police de Nis après la manifestation et a écopé d’une amende de 20 euros). A l’heure actuelle, les revendications de Nema nazad n’ont pas été écoutées par le gouvernement serbe. Déterminé, le mouvement prévoit de nouvelles manifestations, dont une à Belgrade, si la situation n’évolue pas.
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