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juin 22, 2020 by La Famille Hajde

Comment devenir un bot, un profil dirigé par le SNS, le parti au pouvoir en Serbie, pour diffuser de la propagande en sa faveur ? Notre enquête en 4 parties, Hajde au pays des bots, nous plonge dans ce monde étrange.

Que partage un bot ?

Ma liste d’amis étant désormais d’une taille décente, je me suis mis à observer ce qui se passait sur mon mur. Sans trop de surprise, je n’ai quasiment que du contenu pro-SNS ! Cela peut paraître évident, mais souvenez-vous : j’ai aussi liké des pages génériques (de la bière jusqu’aux pneus), ainsi que des médias. Je pourrais donc m’attendre à un peu de variété… Au final, il n’en est rien ! Les publications pro-Vučić écrasent tout le reste.

Il existe toutefois une chaine de partage : la plupart des contenus sont produits par les pages officielles du SNS (qu’il s’agisse de la page centrale ou des pages des antennes locales), qui sont alors repris par les pages de soutien non officielles, avant d’être partagés par les bots, qui vont finir par se partager entre eux. Les médias pro-Vučić, eux, peuvent s’insérer dans le jeu, et poster du contenu qui sera repris par les pages de soutien et mes chers amis.

  • danilo vucic facebook vucic sns serbie bot 4
    Le 5 mai 2020, Danilo vucic, le fils d’Aleksandar, sort de quarantaine suite à sa contamination au Covid-19. Immédiatement, la photo est reprise en boucle par les médias proches du pouvoir.
  • danilo vucic facebook vucic sns serbie bot
    Elle fait ensuite le tour des stories Facebook, que ce soit de la part des bots ou de pages officielles (comme ici la page du SNS pour Belgrade)
  • danilo vucic facebook vucic sns serbie bot 2
    Avant d’être reprise par les bots
  • danilo vucic facebook vucic sns serbie bot 3
    Certains publiant plusieurs fois d’affilée la photo

Le contenu partagé se divise en plusieurs catégories : des photos de Vučić, en portrait officiel, en train de serrer les mains, en train d’inaugurer des usines, des vidéos promotionnelles du SNS, des articles et des couvertures de journaux pro-SNS, ainsi que des montages attaquant l’opposition.

Pour résumer, nous sommes dans une caricature de l’effet bulle de filtres. Ce phénomène a notamment été mis en avant pour expliquer la polarisation aux États-Unis lors de l’élection de Donald Trump en 2016. D’après cette théorie, les réseaux sociaux auraient tendance à « radicaliser » leurs utilisateurs. Les algorithmes, qui proposent graduellement de plus en plus de contenu basé sur ce que l’utilisateur a aimé, vont ainsi isoler ce dernier dans un monde virtuel basé uniquement sur ses goûts et opinions, ce qui va progressivement le détacher de la réalité.

Dans le cas des élections américaines, l’effet bulle de filtre reposait sur une importante toile de contenus, faite d’un nombre incalculable de sources, certaines presque institutionnelles, comme Fox News, d’autres beaucoup moins, comme les nombreux sites de fake news qui ont répandu les rumeurs les plus folles (une partie de ces sites provenait d’ailleurs des Balkans). Plus encore, la participation des activistes était clairement proactive. Les militants pro-Trump partageaient publiaient du contenu de manière volontaire, et croyaient en ce qu’ils écrivaient. L’idée était non seulement de faire gagner Trump, mais aussi de soutenir un programme. L’effet bulle de filtres est donc allé bien au-delà de la promotion d’un homme : Trump s’est fait élire car il promouvait des idées qui se sont développées grâce à cette bulle.

Dans le cas des bots, l’approche est inversée. Le SNS est le principal, si ce n’est l’unique instigateur de cette stratégie, avec pour unique but de faire élire Vučić. Il n’est donc pas ici question d’idées. Le programme des progressistes est d’ailleurs assez flou : améliorer la situation économique de la Serbie, lui donner un poids diplomatique plus important, et éviter de faire gagner l’opposition, responsable, selon le parti, du supposé chaos qui aurait précédé. Difficile, certes, de s’opposer à un programme promettant plus et mieux pour tout le monde. Cependant, pour ce qui est des moyens pour arriver à de tels résultats, aucun détail n’est mentionné. Avec un tel schéma, l’effet bulle de filtres ne marche qu’à moitié : l’utilisateur est enfermé dans un monde tournant autour de Vučić, mais dénué de corpus idéologique. Nul doute qu’un tel contenu ravira les supporters du SNS. Ils y trouveront une certaine forme d’émulation, qui leur permet de croire avec encore plus de ferveur au parti. Le problème, c’est que les limites de la stratégie apparaissent rapidement : le contenu est peu varié, il ne fait qu’être repris en boucle par quelques personnes et commenté par de nombreuses autres, mais sans réelle conviction. Difficile donc de faire rentrer plus de personnes dans cette bulle, vu qu’il va être difficile de fédérer autour d’idées si celles-ci ne sont pas exposées !

suggestion amis friend request facebook vucic sns serbie bot
Mes suggestions d’amis : sur 77 profils suggérés, 55 ont en photo un visuel de campagne du SNS, que ce soit la photo entière ou bien un filtre de photo de profil… l’effet bulle de filtres à plein régime

Lorsque je me rends sur mon faux compte, j’ai ainsi l’impression d’entrer dans un monde totalement différent de celui qui m’entoure tous les jours en Serbie : mes suggestions d’amis sont désormais quasi-uniquement des profils soutenant le SNS, et je ne retrouve sur mon mur que du contenu pro-gouvernemental. Ce monde est en fait trop différent de la réalité pour être plausible.

Classé sous :Serbie, Société Balisé avec :aleksandar vucic, botovis, bots, elections, facebook, faux profils, propagande, robots, Serbie, sns

novembre 21, 2017 by Jerome Cid

Suite à notre dernier article sur la politique au Kosovo, beaucoup de choses ont changé, l’occasion pour nous de revenir sur le sujet suite aux élections municipales du dimanche 19 novembre.

La dernière fois que nous nous sommes intéressés à la politique kosovare, le pays cherchait à former un gouvernement sans majorité parlementaire. Depuis, beaucoup de choses ont changé : le PDK, parti démocratique du Kosovo, du président Hashim Thaçi, a finalement trouvé un accord avec l’AAK, l’alliance pour le futur du Kosovo, de Ramush Haradinaj. Ce dernier est ainsi devenu premier ministre du Kosovo, poste qu’il avait occupé il y a 12 ans.

  • hashim thaci 200x300 1
    Hashim Thaçi Crédit : Suhejlo/Wikimedia/CC 3.0
  • Isa Mustafa 200x300 1
    Isa Mustafa Crédit : Gouv. du Kosovo/Domaine public
  • ramush haradinaj 200x300 1
    Ramush Haradinaj Crédit: FCO/Flickr/OGL 1.0
  • Albin Kurti 2017 200x300 1
    Albin Kurti Crédit : Emetolli/Wikimedia/CC 4.0

Le scrutin municipal de dimanche dernier allait donc faire office de test, suite à une année 2017 marquée par l’incertitude politique dans le pays. Du côté des municipalités à majorité serbe, sans surprise, le parti majoritaire, soutenu par Belgrade, Srpska Lista, l’emporte. Du côté des municipalités à majorité albanaise, c’est à dire la plupart du pays, les résultats, au final, ne désignent pas vraiment de vainqueurs, mais surtout un perdant, le PDK.

En effet, d’après les premiers résultats, sur les 19 municipalités du Kosovo, l’AAK en remporte 7, alors qu’aux dernières élections locales, en 2013, elle n’en avait gagné que 3. Victoire de la majorité, pourrait-on en conclure ? Pas si sûr ! Le second parti de la coalition parlementaire, le PDK, perd la plupart de ses fiefs, se contentant de 5 municipalités (contre 10 en 2013), y compris des bastions réputés imprenables comme Mitrovica Sud (au profit de l’AAK) ou Prizren, la seconde ville du pays (au profit de Vetevendosje)

Face à ce jeu de vases communicants, les oppositions parlementaires, à savoir la Ligue Démocratique du Kosovo (LDK, centre-droit), et Vetëvendosje (VV, gauche nationaliste), gagnent du terrain tout en se combattant. La LDK, ainsi, consolide son assise locale, avec 8 municipalités (contre 4 en 2013). Le plus inattendu provient cependant de Vetevendosje. Le parti avait en effet déjà crée la surprise en 2013, en emportant, contre toute attente, les élections à Prishtina, la capitale du pays. Cette année, il transforme l’essai, avec deux nouvelles municipalités, Prizren et Kamenica, tout en conservant Prishtina.

Le jeu des chaises musicales continue, Vetevendosje va-t-il y participer ?

Que retenir de ces élections ? Au final, peu de changements : malgré l’existence de beaucoup de gagnants, et d’un perdant, la tendance est toujours incertaine : la majorité et l’opposition sont toujours à égalité. Le “test” de l’opinion n’a donc pas marché, si ce n’est pour un parti, Vetevendosje.

Depuis les années 90, la politique Kosovare s’est jouée entre deux principaux blocs, qui se sont petit à petit scindés en différents partis. Pour résumer, la LDK, héritière de l’action non violente contre Belgrade d’Ibrahim Rugova, s’est opposée aux vétérans de l’UCK, l’armée de libération du Kosovo, et de ses principaux leaders, Hashim Thaci et Ramush Haradinaj, et de leurs partis politiques respectifs.

Vetevendosje est arrivé dans ce jeu en ne s’identifiant ni à l’un, ni à l’autre de ces deux pôles. D’abord anecdotiques, ses résultats aux différents scrutins sont allés de manière croissante. La conquête par VV de Prishtina en 2013 avait déjà prouvé ses capacités à rentrer dans le jeu politique au plus haut niveau. Sa nouvelle victoire dans la capitale, et les villes symboliques que le mouvement a remporté cette année prouvent qu’il occupe désormais une place prépondérante dans la vie politique Kosovare, à taille égale avec les trois partis historiques.

Depuis plus de quinze ans, la politique du Kosovo a consisté en une succession de coalitions entre ces trois partis, auxquels se rattachaient nombre de partis satellites, succession qui donnait l’impression d’un jeu de chaises musicales. Vetevendosje rentre désormais dans le jeu, en refusant cependant toute alliance avec les trois autres joueurs. Tant que le parti était largement minoritaire au Kosovo, cette position était facilement tenable, et permettait à VV de jouer le rôle de trublion face aux piliers que sont, ou devrions-nous dire qu’étaient le PDK, l’AAK et la LDK. Le système politico-constitutionnel kosovar ayant été conçu pour favoriser les alliances, il reste cependant à savoir si la stratégie de Vetevendosje pourra tenir alors que son accession au pouvoir est une idée de plus en plus envisageable.

(Mise à jour du 26 novembre : suite au recompte des voix à Prishtina incluant les votes par correspondance, la commission électorale a confirmé la victoire de Vetevendosje dans la capitale, à 367 voix d’écart)

Classé sous :Kosovo, Actus, Lifestyle Balisé avec :2017, aak, albin kurti, communes, elections, elections locales, elections municipales, haradinaj, hashim thaci, Kosovo, kurti, ldk, locales, municipales, pdk, prishtina, ramush haradinaj, thaci, vetevendosje

juin 13, 2017 by Jerome Cid

Ce weekend, la France n’était pas la seule à élire son parlement. Suite à une motion de censure déposée en mai contre son gouvernement, les Kosovars ont en effet été rappelés aux urnes de manière anticipée. Bien que ramenant au pouvoir l’une des forces politiques historiques du pays, les résultats ont aussi conforté l’émergence d’une troisième force dans le pays, celle de Vetëvendosje. Sommes-nous à l’aube d’un “renouvellement politique” (pour employer un terme à la mode en France), ou bien face à une déstabilisation institutionnelle de plus dans la région ? Notre analyse en deux parties va tenter de répondre à la question. Intéressons-nous aujourd’hui à l’histoire des partis au Kosovo

parlement kosovo pristina
Le parlement du Kosovo, à Pristina – Crédit : Arian Selmani/Wikimedia/CC 3.0

Le gouvernement d’Isa Mustafa, futur ex-premier ministre du Kosovo, au final, se sera cassé les dents sur les frontières du Kosovo. Suite à plusieurs années de négociations, la question de la délimitation Kosovo/Monténégro aura eu raison de son cabinet. L’accord avec Podgorica, qui aurait dû mettre fin au contentieux territorial qui perturbait les relations entre les deux pays, a en effet empoisonné les affaires politiques internes du Kosovo, l’opposition au gouvernement accusant ce dernier de brader l’intégrité territoriale de la jeune nation. Ajoutons à ceci la défiance qui existait concernant le projet de créer une entité serbe administrativement autonome (communément appelée Zajednica) au nord du Kosovo (quasi-exclusivement peuplé de serbes), et la situation devenait explosive pour le cabinet Mustafa.

L’étincelle s’est finalement produite le 10 mai dernier, le parlement retirant la confiance au gouvernement, en raison principalement de ces deux points, provoquant des élections anticipées. On s’attendait, à l’origine, à une élection “ordinaire”, basée sur l’opposition entre les deux forces traditionnelles du pays, il n’en a rien été.

La scène politique kosovare traditionnelle : mosaïque de partis et bipartisme.

Lorsque le Kosovo devient autonome en 1999, la scène politique du territoire (on ne parle pas encore alors de pays) se caractérise par une opposition entre deux pôles issus de la relation au conflit d’éclatement de la Yougoslavie. Le clivage se situe alors entre les anciens partisans d’une lutte armée face à Belgrade, qui aura contribué à la création de l’UÇK, l’armée de libération du Kosovo et à l’émergence de chefs de guérilla comme Haradinaj, Thaçi ou Limaj et les anciens défenseurs d’une lutte non armée, chapeautée par l’intellectuel Ibrahim Rugova et son parti, la LDK, la ligue démocratique du Kosovo

Alors que la démocratisation du Kosovo entraîne la création d’une myriade de partis, le principal clivage va rester le même, celui opposant les vétérans de l’UÇK (désormais identifiés sous plusieurs partis, du PDK de Thaçi à l’AAK de Haradinaj) et les “intellectuels” de la LDK.

La décennie qui va suivre, et la construction politique du pays, va donc se jouer sur une alternance entre ces deux courants, entrecoupées de coalitions mélangeant les tendances.

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Hashim Thaçi Crédit : Suhejlo/Wikimedia/CC 3.0
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Isa Mustafa Crédit : Gouv. du Kosovo/Domaine public
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Ramush Haradinaj Crédit: FCO/Flickr/OGL 1.0
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Albin Kurti Crédit : Emetolli/Wikimedia/CC 4.0

Le trublion Vetëvendosje

On pouvait donc s’attendre, pour les élections de juin 2017, à ce que ce schéma bipartisan se poursuive, c’était sans compter sur l’émergence d’une troisième force : le mouvement Vetëvendosje (auto-détermination) et son leader, Albin Kurti.

Fondé en 2004, l’organisation s’est d’abord identifiée comme un mouvement de société civile, militant pour une émancipation totale, et la plus rapide possible, non seulement vis à vis de Belgrade, mais aussi de la communauté internationale (qui disposait d’un mandat d’administration sur le territoire), le tout sur un fond de nationalisme pan-albanais.

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Manifestation de Vetëvendosje, juin 2007
Crédit : Ulisivi/Wikimedia/GNU 1.2

L’indépendance proclamée, les revendications de Vetëvendosje ne cessèrent pas pour autant, celles-ci se diversifiant, portant désormais aussi sur une critique plus acerbe des partis politiques au pouvoir, ce qui conduisit le mouvement à partir de 2010 à se présenter aux élections parlementaires, récoltant dès sa première candidature des scores supérieurs à 12%. Le mouvement créa par la suite la surprise en ravissant à la LDK la ville de Pristina lors des municipales de 2013, avant de confirmer son scores aux législatives de 2014, avec 14% des voix.

Bien que ne constituant toujours pas une force de premier rang, Ventëvendosje se démarqua au sein du parlement pour ses positions plus radicales, que ce soit concernant les questions économiques, critiquant très fortement le processus de privatisation au Kosovo (qui faisait jusque là l’objet d’un consensus), ou en s’opposant violemment aux processus en cours concernant la frontière avec le Montenegro et la Zajednica.

La contestation contre ces deux projets alla très loin, vu que les parlementaires de Ventëvendosje prirent l’habitude d’interrompre les sessions de vote en introduisant des gaz lacrymogènes dans l’enceinte du parlement (ce qui conduisit d’ailleurs à l’arrestation d’une partie des élus du mouvement responsables de ces opérations).

Cette opposition radicale, au final, fut payante pour le mouvement, vu qu’elle conduisit à une amplification de la contestation aux projets et aux élections, qui virent l’arrivée de Vetëvendosje en deuxième position au scrutin de juin 2017. Vetëvendosje désormais deuxième force du pays : à quoi faut-il s’attendre ? Nous le verrons demain avec la seconde partie de notre dossier sur les élections au Kosovo !

Classé sous :Kosovo, Actus, Société Balisé avec :albin kurti, elections, hashim thaci, isa mustafa, Kosovo, Législatives, parlement, prishtina, pristina, ramush haradinaj

avril 27, 2017 by Jerome Cid

C’est officiel, Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont les deux candidats qualifiés pour le second tour des élections présidentielles en France, avec respectivement 23,75% et 21,53% des suffrages. Pour la première fois, ni le Parti Socialiste, ni le parti des Républicains, les deux partis traditionnels français, n’ont passé l’épreuve du premier tour. « Résultat historique », « nouvelle preuve de la montée du populisme en Europe », « démonstration du ras-le-bol quant aux termes ‘gauche’ et ‘droite’ »… En France, les commentaires et les analyses de cette première étape de l’élection ne manquent pas. Mais qu’en disent nos pays d’Europe orientale, du Nord et des Balkans ? Faisons ensemble un tour des différentes réactions.

Lituanie

« Le futur de l’Europe dépend de l’élection présidentielle en France »

Pour Linas Linkevicius, le Ministre des Affaires Etrangères lituanien, une Europe forte et consolidée est ce dont la Lituanie a besoin, et tout va dépendre du choix que feront les français le 7 mai prochain. « Nous félicitons les finalistes et leur souhaitons bonne chance, en espérant que le peuple français fasse le bon choix, d’autant plus qu’ils ne font pas qu’élire un Président pour la France mais aussi un chef d’Etat essentiel pour toute l’Europe », a-t-il déclaré au lendemain du premier tour.

Linkevicius fait le lien entre les présidentielles françaises et les élections parlementaires de mars dernier aux Pays-Bas, rappelant que, pour lui, « ce n’est pas une grande victoire, au contraire, cela devrait nous calmer, on devrait y penser ».

Pour la Présidente lituanienne, Dalia Grybauskaitė, le résultat de cette élection importe peu. En effet, au contraire de Linas Linkevicius qui est plutôt inquiet, celle-ci a déclaré continuer a travailler conjointement avec la France, peu importe le candidat qui sera élu.

Charlyne Thiery

Roumanie

Etonnement et soulagement après la qualification de l’ « ovni » Macron

La campagne française et ses rebondissements ont été très suivis en Roumanie, et les résultats abondamment commentés. La presse roumaine a beaucoup insisté sur le contexte délétère dans lequel elle s’est déroulée, entre affaires judiciaires et menace terroriste, et sur l’eurosceptiscisme et le populisme supposés de Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.

Les débats sur la place de la France en Europe et sur l’immigration qui ont monopolisé la campagne ont été observés avec inquiétude dans ce pays très europhile qui voit émigrer une importante partie de sa population vers l’Europe occidentale.

Le passage au second tour de Marine le Pen et d’Emmanuel Macron est qualifiée par les médias roumains de « duel des antisystèmes », et la probable victoire d’Emmanuel Macron les rassure : ils rappellent ainsi qu’il était le seul candidat principal à défendre sans ambiguité le projet européen. Il est souvent qualifié d’ « ovni politique », tant son jeune âge, son manque d’expérience politique et son projet « ni de droite ni de gauche » paraissent ici incongrus.

Par ailleurs, un intérêt particulier est accordé à la défaite de François Fillon. Un journaliste de la chaîne d’informations Digi24 fait ainsi une comparaison entre le candidat des Républicains et le chef du PSD (parti social démocrate) Liviu Dragnea : il souligne que tous deux se sont obstinés à atteindre le pouvoir malgré leurs déboires judiciaires et l’opposition de l’opinion publique, et que tous deux ont échoué. Selon lui, l’élection présidentielle française est une leçon que la Roumanie doit retenir ; alors que François Fillon est définitivement éliminé de la vie politique, ses alter ego roumains tiennent les rênes du pouvoir par manque de garde-fous judiciaires et politiques.

Ninnog Louis

Serbie

L’intégration européenne et la « perversion »

Une fois passée la surprise de ne pas voir les deux partis traditionnels accéder au second tour, les analystes se sont centrés sur la question de l’Europe, qui est probablement l’un des points centraux des débats et clivages politiques en Serbie. La plupart ont donc souligné le fossé qui existe entre les deux visions du futur de l’UE et de la place que doit y occuper la France. « Le choc de deux visions de l’Europe » titre ainsi Politika, qui présente les principaux points des deux programmes sur la question. D’autres journaux, par exemple le quotidien Danas, vont plus loin dans l’analyse, en se montrant pessimistes quant à l’avenir de l’Union : si Macron a de fortes chances de gagner le scrutin, le projet européen pourrait malgré tout être mis en danger par le mécontentement croissant de l’opinion publique concernée. Cette analyse est d’ailleurs en partie reprise par l’hebdomadaire Nedeljnik pour expliquer la montée du FN dans son article titré « Comment comprendre le phénomène Marine le Pen » : l’arrivée de l’extrême droite au second tour, commente le journal, provient en partie de l’échec de Bruxelles de protéger ses populations, du fait de politiques néolibérales.

Les tabloïds, eux, se sont intéressés à la situation d’un angle tout à fait différent, en s’intéressant à Brigitte Trogneux. Blic consacre ainsi un article entier à la différence d’âge entre le candidat et sa conjointe alors que Kurir établit des liens entre le fait que Brigitte et Emmanuel se sont rencontrés à Amiens et la visite surprise de Marine le Pen dans la ville. Enfin, le titre le plus incongru, et probablement le plus choquant, provient d’Informer, le journal le plus vendu en Serbie, connu pour sa ligne éditoriale pro-russe. Il s’attarde sur le couple Macron, qualifiant Brigitte Trogneux de « grand mère », prêtant à Emmanuel des relations homosexuelles, tout en parlant de la situation comme d’une « perversion ». Il est à noter que le journal est familier de ce genre d’attaques, et qu’il a violé le code d’éthique journalistique en moyenne 120 fois par mois en 2016, selon l’association serbe des journalistes indépendants…

informer serbie macron 2017
« Perversion, le futur président français : un gay marié à une mamie ?! » titre le tabloïd Serbe pro-russe Informer le 25 avril 2017

Jérôme Cid

Turquie

Le « centriste pro-européen » Macron contre la « leader anti-immigration » Le Pen

Voilà comment le Hürriyet Daily News définit le résultat du premier tour des élections présidentielles françaises. Pour TRT, média turc, la campagne pour le deuxième tour « a commencé dès lundi entre la dirigeante d’extrême droite anti-Europe et anti-mondialisation et l’ancien ministre de l’Economie pro-européen, novice en politique, jamais élu, sans parti ». « Macron, l’avocat de la liberté de circulation et du libre-échange » apparait dans les médias turcs comme un ovnis face à une Marine Le Pen dangereuse aux portes du pouvoir.


Ce résultat est, pour Hürriyet, un « choc pour les classes politiques traditionnelles ». « Ils [Macron et Le Pen] ont fait campagne comme des rebelles, transcendant la division gauche-droite ». Au coeur d’une France clairement divisée, le candidat d’En Marche ! apparait, depuis la Turquie, où la majorité des électeurs ont d’ailleurs voté pour lui (avec seulement 4% de voies données à la candidate du Front Nationale) comme le favoris. « Macron est clairement favoris pour devenir le plus jeune Président français » commente le Daily Sabah.

« L’élection française peut marquer un tournant décisif pour la France et l’Europe », rappelle Holger Schmieding de la banque Berenberg, cité par Hürriyet Daily News. Et au journal de rappeler que la présidente du FN suit les traces de son père, Jean-Marie, qui s’est lui aussi retrouvé au second tour des élections présidentielles en 2002. Quant aux autres candidats présents au premier tour, peu ou pas de mots à leur égard, si ce n’est quelques rappels quant aux scandales liés à François Fillon.

« Ce sera ‘les patriotes’ contre ‘les nationalistes’ » explique le Daily Sabah, qui continue en notant que premier tour a été vécu comme « une montagne russe » dans une France « déprimée » suite à une vague d’attentats, le dernier ayant eu lieu à quelques jours de l’élection.

Charlyne Thiery

Photo de couverture :

‘Affiches de campagne des deux finalistes de l’élection présidentielle française, Emmanuel Macron et Marine Le Pen‘ REUTERS / Eric Gaillard

Classé sous :Actus, General, Société Balisé avec :2017, balkans, Election Présidentielle, elections, elections presidentielles francaises, europe centrale, France, Lituanie, macron, presidentielles, presidentielles 2017, réactions, Roumanie, Serbie, Turquie

avril 5, 2017 by Jerome Cid

Alors que Vucic a enregistré un score historique aux élections présidentielles serbes, la remportant sans même avoir besoin de second tour, nous nous préparions à terminer ce dossier spécial élections. C’était sans compter sur l’apparition de manifestations spontanées contre « la dictature de Vucic », rencontrant un certain succès à Belgrade. Voici donc une quatrième partie à notre dossier en trois parties, qui revient sur les espoirs déclenchés par ces cortèges, mais aussi sur leurs limites.

Les jeux sont faits… oh… wait !

Ça y est, Vucic est élu, au premier tour. Les sondages prédisaient entre 53 et 55%, il a fait 55%, au premier tour. Il s’agit là d’un score historique, qui n’avait pas même été atteint par Slobodan Milosevic à son plus haut, en 1992.

seselj president elections belgrade campagne
Portrait géant de Vojislav Seselj en cours de retrait le lundi 3 avril 2017 – Crédit : J.Cid

Tout s’est passé comme prévu. La victoire a, au final, été peu célébrée, si ce ne sont quelques feux d’artifices ça et là, tant cela semblait normal que Vucic accède à la fonction suprême.

Nous nous apprêtions donc à clôturer la couverture de ces élections, lorsque lundi, une manifestation spontanée contre cette victoire a eu lieu, et a rassemblé, à la grande surprise, plusieurs milliers de personnes (l’opposition au SNS parle de 10000 personnes, ce qui semble cependant surévalué). Puis une nouvelle, hier, qui a réuni à peu près la même foule, protestant contre « la dictature de Vucic ».

Vu de France, cela semble peu, mais c’est déjà plus que n’importe quel meeting de l’opposition durant ces élections, plus que la plus grande des manifestations contre Beograd na Vodi. Une protestation qui s’est déroulée dans le calme, sans violence. Dans l’histoire politique serbe récente, il s’agit d’un évènement singulier.

Dans les cortèges, certains se mettent à espérer changer le cours de cette élection. Collusion entre le pouvoir et les principaux médias, pressions du SNS sur certaines parties de la population, mainmise du premier ministre sur l’administration… les manifestants accusent le pouvoir d’avoir pipé les dés du scrutin, en l’ayant joué avant même le premier jour de la campagne.

Dans les manifestations, les slogans reprennent ceux des années 90. “Gotov je”, “il est fini”, scande la foule contre Vucic comme l’avaient fait les opposants à Milosevic il y a 20 ans. Certains se prêtent même à rêver à une nouvelle “révolution”, à l’image de la révolution des bulldozers du 5 octobre 2000 qui renversa Slobodan.

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Cortège de la manifestation du mardi 4 avril 2017 sur l’esplanade de l’Assemblée Nationale serbe – Photo : J.Cid

Les chiffres contre les espoirs

Un tel renversement pourrait-il cependant se produire ? Le scénario reste très improbable, la situation étant totalement différente.

Des jeunes, beaucoup de jeunes, urbains pour la plupart, ont pris part au cortège, dans un pays majoritairement âgé, de plus en plus vieux d’ailleurs, dont la population est rurale à près de 45%.

L’opinion publique, par ailleurs, reste majoritairement favorable à Vucic. Les méédias ont certainement leur part de responsabilités dans cette popularité, mais le fait est là : en évaluant à son plus haut la fraude électorale, Vucic aurait gagné les élections, que ce soit au premier ou au second tour, aucun opposant n’étant capable de rassembler suffisamment autour de lui. Sa victoire a, par ailleurs été applaudie à la fois par la Russie et par l’Union européenne, de quoi apaiser la crainte d’une “ingérence étrangère”, ce serpent de mer couramment ressorti par la presse proche du gouvernement.

Vucic l’a d’ailleurs bien compris, en “permettant” ces manifestations, qui ne représentent pas une menace pour son leadership. Bien trop de monde lui soutient qu’elles constituent une menace. Il “n’a pas de temps pour ça”, comme il l’a lui même déclaré. Ces cortèges pourraient pourtant être problématiques à long terme. Bien que divisée et sans leader, l’opposition a prouvé qu’elle était capable de réunir des foules en moins de 24h, et à organiser des manifestations de taille plus que notable.

vucic poster novi sad
Portraits géants de Vucic sur des bâtiments de Novi Sad en mars 2017 – Crédit : J.Cid

Pourra-t-il être plus populaire ?

Vucic a beau être très populaire, il n’est pas consensuel : ces manifestations montrent le rejet clair d’une partie de la population contre son action. Bien que petite, cette portion de la population pourra difficilement être réduite a néant, et le temps risque de jouer en sa faveur.

Moins de deux ans après son arrivée au pouvoir, Vucic n’a pas encore subi l’effet du temps sur sa côte de popularité. Son bilan économique a beau montrer une amélioration, les résultats ne pourront pas suivre la même courbe indéfiniment. Diminuer de 30 à 40% le  taux de chômage en deux ans, comme cela a été le cas entre 2014 et 2016, est une performance certes louable, mais qui sera sans aucun doute difficilement reproductible, tant la conjoncture a bénéficié des effets de la fin de la crise économique dans les Balkans.

Il faudra à Vucic trouver d’autres ressources pour continuer à rassembler. Si ce n’est pas le cas, l’opposition a d’ores et déjà montré qu’elle était capable de galvaniser les foules, il lui ne restera “plus” qu’à trouver un porte-parole suffisamment consensuel. Elle a pour ça du temps, c’est l’avantage quand on n’est plus au pouvoir…

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avril 2, 2017 by Jerome Cid

Aujourd’hui a eu lieu le premier tour des élections présidentielles serbes. L’occasion pour notre équipe de revenir sur les favoris du scrutin, ainsi que les enjeux.

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1/3: Qui est Aleksandar Vucic ?

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2/3 : les candidats : Vucic et les autres

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3/3 : Quels enjeux

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4/3 : Elections en Serbie… Le jour d’après

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mars 29, 2017 by Jerome Cid

Hier, nous avons vu ensemble qui était Aleksandar Vucic, le grand favori des élections présidentielles en Serbie de 2017. Aujourd’hui, nous allons nous attarder sur les autres candidats et sur l’ambiance de la campagne.

Disposant d’une très nette majorité au parlement (48% des sièges, chose qui n’avait pas été vue en Serbie depuis la fin du communisme, y compris durant la période Miloševic), et d’une forte popularité, Vucic partait déjà avec une très nette longueur d’avance. La division de l’opposition, associée à une campagne violente dans les médias en sa faveur, va asseoir sa position de leader du scrutin.

L’opposition : des nationalistes radicaux, des pro-occidentaux divisés, et un humoriste

N’arrivant pas à se relever du séisme de la défaite de 2012, le Parti Démocratique (DS), qui incarnait jusqu’alors la principale force clairement pro-occidentale dans le pays, a échoué à se présenter comme une force d’opposition capable de rassembler. Au final, le DS ne propose même pas de candidat. Il apporte finalement son soutien à un candidat issu de la société civile, Saša Janković, ancien ombudsman (défenseur des droits) de la république de Serbie et supporté par 20 partis et mouvements (incluant Ne Coulons pas Belgrade, dont nous avions déjà parlé). En parallèle, l’ancien ministre des affaires étrangères de Serbie et ancien président de l’assemblée générale de l’ONU, lui-même ex-membre du DS, Vuk Jeremic, se présente, incarnant lui aussi une partie de l’opposition pro-occidentale.

  • jeremic meeting presidentielles 2017
    Vuk Jeremic lors d’un meeting à Belgrade – Mars 2017 – Crédit photo : J.Cid
  • jankovic savamala meeting presidentielles serbie 2017
    Sasa jankovic lors d’un meeting à Belgrade – Mars 2017 – Crédit photo : J.Cid

Du côté des nationalistes radicaux, on assiste au retour de Vojislav Šešelj, le leader historique du SRS, détenu pendant plusieurs années à la Haye puis libéré en 2014. Il se présente sur la base de son programme, là aussi historique, prônant une rupture nette face à l’Union Européenne, et en faveur du développement de la grande Serbie.

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Vojislav Seselj donnant un discours à Vrsac en 2016 – Crédit : J.Cid

Un dernier candidat est venu cependant créer la surprise. Ljubiša Preletačević Beli : un humoriste ayant créé localement l’année dernière un parti satirique dans la banlieue de Belgrade, le SPN (Sarmu Probo nisi – tu n’as pas goûté les Sarma – une spécialité balkanique de chou farci). Ayant d’abord annoncé sa candidature sous forme de blague, il a finalement réussi à réunir suffisamment de parrainages pour se présenter. L’un des derniers sondages le créditerait de 11% des suffrages, le plaçant en tête de l’opposition.

On dénombre donc au total 11 candidats, les candidats restants n’étant pas crédités de plus de 5% des voix.

L’air délétère de la campagne

Malgré la très nette marge d’avance dont Vucic bénéficie depuis le début de la campagne, cette dernière se déroule dans un climat laissant peu de place à l’opposition.

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Répartition du temps d’audience sur les télévisions nationales serbes consacré aux candidats entre le 2 mars et le 22 mars 2017 – Données : CEM (Centar za Elektronske Medije i Komunikacije

Vucic dispose en effet d’une grande visibilité dans la presse. Il totalise par exemple plus d’heures d’apparition à la télévision que l’ensemble des autres candidats.

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Une du tabloid informer du 23/02/2017, reprenant en titre une interview avec Šešelj accusant Jankovic d’espionnage et de meurtre

Au-delà de ce temps de parole, le traitement des partis d’opposition par les médias se fait à leur défaveur. Les principaux journaux du pays, dont les propriétaires sont réputés proches du pouvoir, à l’instar du tabloïd Informer, ont en effet relayé de nombreuses accusations infondées. Il vont parfois même jusqu’à faire porter à Jankovic la responsabilité du suicide de l’un de ses amis en 1993, ou à affirmer que Vuk Jeremic était à la tête d’un réseau mafieux. Les accusations atteignirent leur paroxysme la semaine dernière, lorsque Milenko Jovanov, vice-président du SNS, a affirmé publiquement que Natasa Jeremic, la femme de Vuk, était à la tête du marché serbe de la drogue, affirmation finalement démentie par le Parti Progressiste.

Au-delà de cette situation médiatique, l’opposition est, elle aussi, paradoxalement impliquée dans la promotion de Vucic, la campagne tournant majoritairement autour de lui. Au final, la communication des candidats de l’opposition se limite essentiellement à la critique du bilan du premier ministre, à laquelle ce dernier répond en se présentant comme victime d’attaques de l’ensemble de la classe politique. L’expression « sam protiv svih » (seul contre tous) est devenue ainsi récurante lors de ses prises de parole. Certains rappels à l’ordre faits à l’opposition – comme par exemple celui du 25 mars de la commission électorale à l’encontre de Vuk Jeremic concernant l’utilisation non consentie de l’image de Vucic dans sa communication – viennent d’ailleurs confirmer le premier ministre dans sa rhétorique.

Opposition morcelée, part belle au SNS dans la campagne : face à une telle situation, rien ne semble donc s’opposer à la promotion du bilan de Vucic et de son projet. Que faut-il en retenir, et quels enjeux sont à prévoir au lendemain de cette élection présidentielle en Serbie ? 

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mars 28, 2017 by Jerome Cid

Dimanche prochain, la Serbie votera pour élire son prochain président de la république. Le premier ministre actuel, Aleksandar Vucic, est promis à une très large victoire. Les conséquences de cette potentielle victoire sont toutefois encore difficile à évaluer. L’occasion pour nous de revenir sur le principal candidat, l’actuel Premier Ministre, et grand favori des sondages.

Son image est partout : dans les médias, sur les panneaux publicitaires, dans l’esprit de tout le monde. À quelques jours du premier tour des élections, Aleksandar Vucic, le premier ministre serbe, est quasiment sûr de remporter le scrutin. Un second tour ne sera peut-être même nécessaire pour qu’il accède à la fonction suprême, dans la mesure où les sondages le créditent de 53% dès le premier tour, ce qui consoliderait sa position d’homme fort de Serbie, moins de 10 ans après la fondation de son parti, le SNS (Parti Progressiste Serbe), en octobre 2008.

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Affiches géantes de Vucic sur une façade de Novi Sad – Mars 2017 – Crédit photo : Jérôme Cid

Le jeune loup nationaliste

La carrière d’Aleksandar Vucic a pourtant commencé bien avant, en devenant, dès 1993, le plus jeune membre du parlement serbe, sous les couleurs des nationalistes du Parti Radical Serbe (SRS) dirigé par Vojislav Šešelj. Il gravira les échelons du pouvoir dans les années suivantes, atteignant le poste de ministre de l’Information de Slobodan Milošević de 1998 jusqu’à la chute de ce dernier en 2000.

Suite à la fin du régime de Miloševic, et à la perte d’influence des radicaux aux profits du Parti Démocratique (pro-occidental), Vucic se rangea dans l’opposition, retrouvant un poste de député en 2003, toujours sous les couleurs du SRS. Malgré ces défaites, il conserva une aura de leader, du fait de son jeune âge et de son ancienne fonction ministérielle, aux côtés du vice-président du SRS, Tomislav Nikolić, de facto chef du parti, Vojislav Šešelj ayant été extradé au TPY à la Haye pour répondre aux accusations de crimes de guerre.

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Nikolic (à gauche) et Vucic (à droite) lors du congrès fondateur du SNS, en 2008 – Crédit : Wikimedia Fondation/ CC BY-SA 3.0

Le tournant progressiste

Le SRS perdant de peu les présidentielles de 2008, Nikolic décide de faire sécession au SRS, et former le SNS (Srpska Napredna Stranka – Parti Progressiste Serbe). Aleksandar Vucic sera parmi les premiers à rejoindre ce nouveau parti, dont le programme est largement moins imprégné de nationalisme que le SRS, avec un objectif européen clairement annoncé.

Ce pari s’avèrera gagnant : Nikolic et le SNS battent aux présidentielles le parti démocratique en 2012, à la surprise générale. Les élections législatives qui suivent, (toujours en 2012) voient le SNS remporter le scrutin à la tête d’une large coalition. Vucic y obtient le poste de ministre de la défense. Deux ans plus tard, la coalition éclate, de nouvelles élections permettent cette fois-ci au SNS d’obtenir une nouvelle majorité, beaucoup plus large (sans être absolue). Aleksandar Vucic accède au poste de premier ministre, qu’il conservera deux ans plus tard lors de nouvelles législatives en 2016, échouant à obtenir la majorité absolue.

La candidat « imprévu » à la présidence

Les élections présidentielles se profilant pour 2017, Vucic créa à nouveau la surprise, en annonçant qu’il serait candidat, malgré la coutume qui aurait voulu que Tomislav Nikolic se présente pour renouveler son mandat. Ce dernier laissa d’ailleurs planer pendant quelques jours l’incertitude, en évoquant la possibilité de se présenter, avant finalement de laisser la place à Vucic.

Plus rien ne s’opposa alors au lancement de la campagne de Vucic.

À suivre : la campagne de 2017 – Vucic, et les autres

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