Les élections parlementaires serbes viennent de se terminer, accordant au parti du président de la république Aleksandar Vučić, le SNS, ou parti progressiste serbe, une écrasante victoire avec 62% des voix. Pour l’occasion, Hajde vous dévoile aujourd’hui une longue enquête, que nous avons menée pendant plusieurs mois, sur la trace du SNS sur les réseaux sociaux, et sur le phénomène des bots, ces comptes Facebook qui soutiennent de manière industrielle le parti. Nous sommes allés plus loin, en créant nous-mêmes un bot, afin de mieux comprendre les rouages du système de propagande gouvernementale serbe.
Botovi, les bots : ce mot est devenu commun dans le jargon politique serbe, pour désigner les comptes des réseaux sociaux supportant Vučić. Abréviation de robot, il a une connotation très péjorative. L’opposition utilise d’ailleurs ce terme pour accuser le parti de fausser les commentaires des réseaux sociaux en les abreuvant de messages de soutien au président.
Ces accusations sont-elles vraies, ou n’est-ce qu’une vaste théorie du complot ? Des indices laissent à penser qu’il existe une stratégie de la part du SNS visant à être omniprésent sur les réseaux sociaux et à montrer un soutien massif au parti sur la toile. Une enquête menée l’année dernière par le CINS, Centre du Journalisme d’Investigation en Serbie, a par exemple révélé que des commentaires de soutien au président étaient postés automatiquement dans les réactions des sites d’informations proches du pouvoir, le tout depuis des serveurs hébergés à l’adresse du QG du SNS . Plus récemment, Twitter a fermé plus de 8 550 faux comptes liés au gouvernement serbe. Il se passe donc clairement quelque chose sur la toile serbe.
Il y a quelques mois, avec l’approche des élections parlementaires (elles ont eu lieu le 21 juin), je me suis donc intéressé à l’un des bastions de ces prétendus bots : Facebook. Depuis longtemps déjà, le SNS m’abreuvait de publicités ciblées, et j’avais remarqué que les réactions de soutien étaient le plus souvent très succincte : généralement un « bravo », un « allez », ou bien un emoji. Étaient-ce là des bots ?
Pour aller plus loin dans la recherche, je me suis alors demandé : Comment peut-on être bot ? Pourquoi ne tenterais-je pas moi-même de créer un bot du SNS ?
L’idée était née, il ne me restait plus qu’à créer mon propre faux nouveau profil de soutien et me glisser dans la peau d’un bot du SNS !
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.