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juin 22, 2020 by La Famille Hajde

Comment devenir un bot, un profil dirigé par le SNS, le parti au pouvoir en Serbie, pour diffuser de la propagande en sa faveur ? Notre enquête en 4 parties, Hajde au pays des bots, nous plonge dans ce monde étrange.

Que partage un bot ?

Ma liste d’amis étant désormais d’une taille décente, je me suis mis à observer ce qui se passait sur mon mur. Sans trop de surprise, je n’ai quasiment que du contenu pro-SNS ! Cela peut paraître évident, mais souvenez-vous : j’ai aussi liké des pages génériques (de la bière jusqu’aux pneus), ainsi que des médias. Je pourrais donc m’attendre à un peu de variété… Au final, il n’en est rien ! Les publications pro-Vučić écrasent tout le reste.

Il existe toutefois une chaine de partage : la plupart des contenus sont produits par les pages officielles du SNS (qu’il s’agisse de la page centrale ou des pages des antennes locales), qui sont alors repris par les pages de soutien non officielles, avant d’être partagés par les bots, qui vont finir par se partager entre eux. Les médias pro-Vučić, eux, peuvent s’insérer dans le jeu, et poster du contenu qui sera repris par les pages de soutien et mes chers amis.

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    Le 5 mai 2020, Danilo vucic, le fils d’Aleksandar, sort de quarantaine suite à sa contamination au Covid-19. Immédiatement, la photo est reprise en boucle par les médias proches du pouvoir.
  • danilo vucic facebook vucic sns serbie bot
    Elle fait ensuite le tour des stories Facebook, que ce soit de la part des bots ou de pages officielles (comme ici la page du SNS pour Belgrade)
  • danilo vucic facebook vucic sns serbie bot 2
    Avant d’être reprise par les bots
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    Certains publiant plusieurs fois d’affilée la photo

Le contenu partagé se divise en plusieurs catégories : des photos de Vučić, en portrait officiel, en train de serrer les mains, en train d’inaugurer des usines, des vidéos promotionnelles du SNS, des articles et des couvertures de journaux pro-SNS, ainsi que des montages attaquant l’opposition.

Pour résumer, nous sommes dans une caricature de l’effet bulle de filtres. Ce phénomène a notamment été mis en avant pour expliquer la polarisation aux États-Unis lors de l’élection de Donald Trump en 2016. D’après cette théorie, les réseaux sociaux auraient tendance à « radicaliser » leurs utilisateurs. Les algorithmes, qui proposent graduellement de plus en plus de contenu basé sur ce que l’utilisateur a aimé, vont ainsi isoler ce dernier dans un monde virtuel basé uniquement sur ses goûts et opinions, ce qui va progressivement le détacher de la réalité.

Dans le cas des élections américaines, l’effet bulle de filtre reposait sur une importante toile de contenus, faite d’un nombre incalculable de sources, certaines presque institutionnelles, comme Fox News, d’autres beaucoup moins, comme les nombreux sites de fake news qui ont répandu les rumeurs les plus folles (une partie de ces sites provenait d’ailleurs des Balkans). Plus encore, la participation des activistes était clairement proactive. Les militants pro-Trump partageaient publiaient du contenu de manière volontaire, et croyaient en ce qu’ils écrivaient. L’idée était non seulement de faire gagner Trump, mais aussi de soutenir un programme. L’effet bulle de filtres est donc allé bien au-delà de la promotion d’un homme : Trump s’est fait élire car il promouvait des idées qui se sont développées grâce à cette bulle.

Dans le cas des bots, l’approche est inversée. Le SNS est le principal, si ce n’est l’unique instigateur de cette stratégie, avec pour unique but de faire élire Vučić. Il n’est donc pas ici question d’idées. Le programme des progressistes est d’ailleurs assez flou : améliorer la situation économique de la Serbie, lui donner un poids diplomatique plus important, et éviter de faire gagner l’opposition, responsable, selon le parti, du supposé chaos qui aurait précédé. Difficile, certes, de s’opposer à un programme promettant plus et mieux pour tout le monde. Cependant, pour ce qui est des moyens pour arriver à de tels résultats, aucun détail n’est mentionné. Avec un tel schéma, l’effet bulle de filtres ne marche qu’à moitié : l’utilisateur est enfermé dans un monde tournant autour de Vučić, mais dénué de corpus idéologique. Nul doute qu’un tel contenu ravira les supporters du SNS. Ils y trouveront une certaine forme d’émulation, qui leur permet de croire avec encore plus de ferveur au parti. Le problème, c’est que les limites de la stratégie apparaissent rapidement : le contenu est peu varié, il ne fait qu’être repris en boucle par quelques personnes et commenté par de nombreuses autres, mais sans réelle conviction. Difficile donc de faire rentrer plus de personnes dans cette bulle, vu qu’il va être difficile de fédérer autour d’idées si celles-ci ne sont pas exposées !

suggestion amis friend request facebook vucic sns serbie bot
Mes suggestions d’amis : sur 77 profils suggérés, 55 ont en photo un visuel de campagne du SNS, que ce soit la photo entière ou bien un filtre de photo de profil… l’effet bulle de filtres à plein régime

Lorsque je me rends sur mon faux compte, j’ai ainsi l’impression d’entrer dans un monde totalement différent de celui qui m’entoure tous les jours en Serbie : mes suggestions d’amis sont désormais quasi-uniquement des profils soutenant le SNS, et je ne retrouve sur mon mur que du contenu pro-gouvernemental. Ce monde est en fait trop différent de la réalité pour être plausible.

Classé sous :Serbie, Société Balisé avec :aleksandar vucic, botovis, bots, elections, facebook, faux profils, propagande, robots, Serbie, sns

juin 22, 2020 by La Famille Hajde

Comment devenir un bot, un profil dirigé par le SNS, le parti au pouvoir en Serbie, pour diffuser de la propagande en sa faveur ? Notre enquête en 4 parties, Hajde au Pays des bots nous plonge dans ce monde étrange.

Mais, qui sont les bots ?

Très rapidement, je me suis aperçu qu’il existait différents types de bots, aux méthodes assez différentes.

Le faux profil

Comme son nom l’indique, tout est faux : le nom indiqué est clairement un surnom, il a une histoire assez récente (moins de 6 mois). Il ne partage aucune photo personnelle, et ne publie que des visuels pro-Vučić tout en reprenant du contenu publié par le SNS et ses soutiens.

Il s’agit clairement de ce qui se rapproche le plus de l’idée du bot « idéal » : un profil impersonnel, totalement faux, qui publie de manière automatique.

Bien qu’il soit assez fréquent, il reste assez secondaire par rapport aux deux autres types de profils que l’on retrouve.

faux profil fake facebook vucic sns serbie bot
Un exemple de faux profil: créé fin mai 2020, le profil n’a aucune information personnelle, le nom présent sur la page n’est trouvable nulle par sur Google, et les seules photos qui ne sont pas pro-Vucic sont issues de banques d’images.

Le vrai-faux profil

Cette fois-ci, le nom du profil ressemble à un vrai patronyme. Il ne contient toutefois aucune information personnelle et se contente de poster du contenu pro-Vučić. Peu de choses ressortent sur le nom lorsque l’on fait une recherche sur Google, si ce ne sont des commentaires pro-Vučić sur des sites d’information, certains parfois assez vieux, confirmant l’ancienneté du profil.

Dans ce cas-là, il existe un doute sur l’authenticité du profil. Il se pourrait en effet qu’il s’agisse d’une personne réelle. Le contenu publié et partagé, toutefois, ne laisse aucun doute : il ne s’agit pas d’un compte destiné à un usage privé.

Bien qu’ils soit en nombre présent assez restreint, ce genre de compte est le plus actif. Il ajoute massivement des gens (généralement d’autres bots,) jusqu’à avoir plusieurs milliers d’amis. Plus encore, il publie, beaucoup. Certains jours, j’ai pu dénombrer de la part de certains profils un rythme de publication effrénée : jusqu’à une publication toutes les 10mn en moyenne sur des périodes de 4 à 6h d’affilée. Bien qu’un tel rythme soit humainement possible, on peut raisonnablement se poser des questions : qui a suffisamment de temps libre pour se permettre un tel rythme, et, surtout, qui n’aurait d’autre centre d’intérêt dans sa vie qu’un parti politique ?

Ce type de compte occupe donc un rôle central : il va publier du contenu sur son profil, mais aussi sur des pages non officielles de soutien à Vučić. Il interagit cependant assez peu, ce rôle étant laissé à de vrais profils.

vrai faux profil facebook vucic sns serbie bot
Un vrai-faux profil: le nom de la personne se retrouve dans des commentaires sur de nombreux médias gouvernementaux. Cette fois-ci, pas de tentative de se cacher derrière de fausses photos, l’ensemble du compte est dédié à Vucic.

Le vrai profil

Dans ce dernier cas, nous avons affaire à de vraies personnes. Le profil ne laisse pas de doute : il s’agit de vrais noms, on retrouve parfois leurs traces sur Google, et publient généralement des photos personnelles, depuis très longtemps. Dans de nombreux cas, les informations qu’ils donnent indiquent qu’ils travaillent dans la fonction publique ou bien dans une entreprise d’État, la plupart du temps à l’extérieur de Belgrade, généralement dans le sud de la Serbie.

Comme pour le cas des vrais-faux profils, ces comptes vont partager énormément de contenu pro-Vučić sur leurs propres murs. Toutefois, le volume reste largement inférieur, et est entrecoupé de quelques publications beaucoup plus familiales.

C’est cependant dans les réactions aux publications, officielles ou non, du SNS que l’on va massivement retrouver ce genre de profil, qui va réagir abondamment, se contentant comme on l’a vu de messages courts, presque automatiques.

Il est difficile de comprendre précisément les motivations de ces personnes. Au vu du volume d’activité pro-Vučić, il est clair que nous ne sommes pas face à des personnes ordinaires. Malgré tout, il s’agit là d’une « charge de travail » qui peut tout à fait être menée par n’importe qui, y compris quelqu’un possédant un travail et une vie sociale. On peut donc très bien envisager cette action comme une forme de militantisme.

  • fake facebook vucic sns serbie bot 2
    Un exemple de vrai profil : il a beau arborer les couleurs de la campagne de Vucic, avec notamment le numéro de sa liste (1). On retrouve cependant de nombreuses traces de la personne sur Google, hors des activités politiques, et son profil est rempli de photos de famille.
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    Lorsque l’on tape son nom sur Google, cependant, on constate que la même personne a créé plusieurs profils, tous personnels, tous avec le même type de contenu
  • facebook vucic sns serbie bot 3
    Les informations personnelles, sur certains, sont assez étranges, comme par exemple sur ce profil, ou l’introduction est la suivante: “changement du nom et du prénom du profil d’Aleksandar Vucic”

Il existe toutefois quelque chose de frappant : l’absence d’un minimum de propos politique. Aucune idée, même basique, n’est partagée ou affirmée, ces profils se contentant de publier un flot ininterrompu de gifs et smileys. Nous sommes là dans de quelque chose de profondément différent de la plupart de l’activisme politique 2.0. Dans la plupart des cas que j’ai pu étudier, des États-Unis à la France, des populistes aux partis institutionnels, les réactions laissaient une très large place à l’expression d’idées. Ici, rien de tout ça.

Au final, on se rend compte que la stratégie des bots est beaucoup plus élaborée qu’il n’y paraît. Les faux comptes, qui permettent de produire beaucoup de contenu, font la plupart du temps profil bas, ce qui permet de leur éviter de se faire supprimer par Facebook. La plupart du travail est en fait effectuée par de vraies personnes, qui vont agir de manière quasiment automatique. Au niveau du volume, le résultat est impressionnant, chaque publication du SNS reçoit ainsi un flot de réactions. Très rapidement, cependant, les limites de la stratégie apparaissent : aucune idée, aucun projet n’est défendu ni même exposé, ce qui la rend compliquée pour rassembler en dehors du cercle des supporters du SNS.

Classé sous :Serbie, Société Balisé avec :bot, botovi., hajde au pays des bots, politique serbe; vucic; aleksandar vucic, serbe, Serbie, sns

juin 22, 2020 by La Famille Hajde

Comment devenir un bot, un profil dirigé par le SNS, le parti au pouvoir en Serbie, pour diffuser de la propagande en sa faveur ? Notre enquête en 4 parties, Hajde au pays des bots nous plonge dans ce monde étrange.

Hajde au pays des bots, le projet initial

Le plan était simple : créer un faux profil Facebook, avec une photo quelconque, et commencer à me créer ma propre « bulle pro-Vučić » : aimer des pages de soutien au SNS, des pages de médias pro-SNS, liker tout le contenu pro-Vučić posté, et ajouter des profils que je soupçonnais être des bots.

Le but du jeu n’était pas de s’infiltrer trop profondément, afin de ne pas éveiller de soupçon. Hors de question de rentrer en contact avec les personnes ajoutées, afin de ne pas attirer l’attention, ni d’être trop actif sur les pages, au risque de devenir trop visible et de voir ma « couverture » voler en éclats. L’idée : être passif, et se contenter ça et là de likes et de courts commentaires.

La genèse du compte

Il paraît que Facebook a amélioré ses méthodes pour éviter la création de faux comptes… Il est vrai, en effet, que vous pouvez être forcé à entrer un numéro de téléphone pour vérifier votre compte. Certains domaines « de confiance », tel Gmail, pourtant, permettent d’éviter cette procédure, car ils sont réputés pour avoir eux-mêmes des politiques strictes de vérification. C’est en effet vrai… sauf si vous créez un identifiant Google pour vous inscrire à certains services (je garderai le secret sur lesquels), un identifiant qui vous permet ensuite, en quelques clics, de créer votre compte Gmail. En quelques clics, toute la stratégie de prévention du fake de Facebook est ainsi contournée… Tous mes fantasmes sur l’opération, bourrés de dispositifs compliqués et de multiples écrans pleins de lignes de codes se sont ainsi envolés… Mais j’ai réussi : mon compte Facebook est prêt à servir la cause de Vučić.

Les premiers pas dans la peau d’un bot

Le compte créé, le but est désormais de le remplir, pour qu’il ait l’air un minimum plausible. Comme je le disais plus haut, l’idée est clairement d’être pro-SNS, en ayant tout de même quelques signes d’une vie en dehors du parti. J’ai beau penser Vučić, voir Vučić, parler Vučić ou respirer Vučić, il me faut bien avoir quelques autres activités dans la vie.

J’ai donc commencé, petit à petit, prudemment, à liker des pages, rentrer dans des groupes publics, tous pro-SNS, qu’il s’agisse de pages officielles, de pages de soutien, de pages qui ne sont pas ouvertement pro-Vučić mais qui en reprennent toute la communication, parfois jusqu’à la mise en page des visuels. J’ai aussi ajouté la plupart des médias pro-gouvernementaux.

La seconde étape a consisté à indiquer des informations personnelles : le but était d’avoir l’air légitime. Je suis resté assez vague sur mes occupations (je suis mon propre patron) j’ai indiqué une date de naissance ainsi que quelques informations sur ma vie (mon statut marital, mes études, etc.). Concernant la photo de couverture, un logo du SNS était suffisant. Pour la photo de profil, la tâche s’annonçait difficile : voler une photo d’une personne lambda posait des questions d’éthique énormes, tout en étant totalement illégal. J’ai donc adopté une technique que tous les utilisateurs de Tinder connaissent : la photo de groupe ! J’ai déniché une photo d’un groupe prenant un selfie avec Vučić, tout en ajoutant un filtre à cette photo de profil le visuel officiel de la campagne électorale du SNS.

Tout ce travail, pour rester discret et pour ne pas agiter les algorithmes de Facebook, a duré près de deux mois, mais mon profil était prêt, il ne restait plus qu’une étape, la plus délicate : me faire des amis.

La chaine du bot

Si vous étiez un fan inconditionnel d’un homme politique, ajouteriez-vous malgré tout n’importe quel individu lambda à votre compte Facebook, celui-ci ayant alors accès à toutes vos informations ? Il y a de fortes chances que non. Mon idée était alors d’avancer prudemment Si je me mettais à ajouter trop de personnes d’un coup je pouvais alors voir mes demandes d’amis refusées trop fréquemment, et ainsi risquer de me faire remarquer et signaler par des personnes méfiantes. Tous mes efforts auraient alors été ruinés.

Je me suis donc mis à la recherche des profils les plus prosélytes, et ajouté 5 personnes, qui avaient toutes en commun de n’avoir que du Vučić sur leurs photos et leurs murs, en espérant en avoir une ou deux m’ajoutant.

Quelques heures plus tard, en revenant sur le compte, bonne surprise : elles m’avaient toutes ajoutées ! Mieux encore, aucune ne me demandait qui étais-je. Grisé de ce premier succès, je me suis alors mis à fouiller leur liste d’amis, et j’ai alors des demandes à cinq profil par nouvel « ami », toujours en ne choisissant que des personnes ouvertement pro-Vučić, afin de propager mon profil de manière exponentielle (tel un coronavirus).

Peut-être avais-je été trop gourmand, me suis-je alors dit. Le jour suivant, là encore, tout le monde m’avait accepté ! Plus encore, je commençait à avoir des gens qui m’ajoutaient ! J’ai alors accepté les dix premiers, en remettant à plus tard mon travail de croissance.

24h plus tard, j’ai alors découvert une énorme surprise sur mon compte :

demandes amis friend requests facebook vucic sns serbie bot
88 demandes d’amis en moins de 24h

88 demandes d’amis ! Je les ajoutes, et je reviens deux heures plus tard : encore plusieurs dizaines de demandes… Ce jeu continuera dans les jours suivants, et je finirai avec plus de 400 nouveaux amis !

Parmi eux, essentiellement des pro-SNS (nous reviendrons sur leurs profils plus tard), mais aussi des choses plus étonnantes : quelques profils de petits commerçants souhaitant me vendre tout et n’importe quoi, des profils aux photos suggestives, et… des noms à consonance française ! Existerait-il une filière française du bot ? tiendrais-je le scoop qui ravirait la presse d’investigation tricolore ? Je me rends sur leurs profils et là, déception : la plupart indiquent dans leurs profils qu’ils sont d’Afrique subsaharienne, et de nombreux viennent me harceler sur Messenger en me proposant des prêts d’argent (jusqu’à 500 millions d’euros), dans un Serbe digne du pire Google Translate.

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Un faux profil, qui se réclame de la BNP Paribas, avec un nom à consonance française et une photos volée sur le site de la Banque Postale, me propose des prêts jusqu’à 500 millions d’euros

Cette anecdote fait sourire, mais elle indique un point crucial : la dynamique des bot Vučić est la même que celle des scammers. Le but est identique : ajouter le plus de personnes possibles afin de leur exposer du contenu et de les convertir. Très rapidement, cependant, la stratégie atteint ses limites. Publier de manière intensive du contenu politique finit par refroidir la plupart des gens… excepté auprès des gens qui partagent la même ferveur. Au final, le bot ne se retrouve qu’avec des gens qui se comportent de la même manière… bref, d’autres bots !

stories facebook vucic sns serbie bot
Les stories Facebook qui me sont proposées côte-à-côte au bout de quelque jour : Vucic en train de faire un discours sur une page de soutien non officielle, une proposition (trop) tentante et un scammeur ivoirien

Classé sous :Serbie, Société Balisé avec :aleksandar vucic, bot, botovi., facebook; réseaux sociaux, faux profil, hajde au pays des bots, politique serbe, propagandeVucic;, Serbie, sns, vucic

mars 29, 2017 by Jerome Cid

Hier, nous avons vu ensemble qui était Aleksandar Vucic, le grand favori des élections présidentielles en Serbie de 2017. Aujourd’hui, nous allons nous attarder sur les autres candidats et sur l’ambiance de la campagne.

Disposant d’une très nette majorité au parlement (48% des sièges, chose qui n’avait pas été vue en Serbie depuis la fin du communisme, y compris durant la période Miloševic), et d’une forte popularité, Vucic partait déjà avec une très nette longueur d’avance. La division de l’opposition, associée à une campagne violente dans les médias en sa faveur, va asseoir sa position de leader du scrutin.

L’opposition : des nationalistes radicaux, des pro-occidentaux divisés, et un humoriste

N’arrivant pas à se relever du séisme de la défaite de 2012, le Parti Démocratique (DS), qui incarnait jusqu’alors la principale force clairement pro-occidentale dans le pays, a échoué à se présenter comme une force d’opposition capable de rassembler. Au final, le DS ne propose même pas de candidat. Il apporte finalement son soutien à un candidat issu de la société civile, Saša Janković, ancien ombudsman (défenseur des droits) de la république de Serbie et supporté par 20 partis et mouvements (incluant Ne Coulons pas Belgrade, dont nous avions déjà parlé). En parallèle, l’ancien ministre des affaires étrangères de Serbie et ancien président de l’assemblée générale de l’ONU, lui-même ex-membre du DS, Vuk Jeremic, se présente, incarnant lui aussi une partie de l’opposition pro-occidentale.

  • jeremic meeting presidentielles 2017
    Vuk Jeremic lors d’un meeting à Belgrade – Mars 2017 – Crédit photo : J.Cid
  • jankovic savamala meeting presidentielles serbie 2017
    Sasa jankovic lors d’un meeting à Belgrade – Mars 2017 – Crédit photo : J.Cid

Du côté des nationalistes radicaux, on assiste au retour de Vojislav Šešelj, le leader historique du SRS, détenu pendant plusieurs années à la Haye puis libéré en 2014. Il se présente sur la base de son programme, là aussi historique, prônant une rupture nette face à l’Union Européenne, et en faveur du développement de la grande Serbie.

seselj meeting elections serbie
Vojislav Seselj donnant un discours à Vrsac en 2016 – Crédit : J.Cid

Un dernier candidat est venu cependant créer la surprise. Ljubiša Preletačević Beli : un humoriste ayant créé localement l’année dernière un parti satirique dans la banlieue de Belgrade, le SPN (Sarmu Probo nisi – tu n’as pas goûté les Sarma – une spécialité balkanique de chou farci). Ayant d’abord annoncé sa candidature sous forme de blague, il a finalement réussi à réunir suffisamment de parrainages pour se présenter. L’un des derniers sondages le créditerait de 11% des suffrages, le plaçant en tête de l’opposition.

On dénombre donc au total 11 candidats, les candidats restants n’étant pas crédités de plus de 5% des voix.

L’air délétère de la campagne

Malgré la très nette marge d’avance dont Vucic bénéficie depuis le début de la campagne, cette dernière se déroule dans un climat laissant peu de place à l’opposition.

audience candidats presidentielles serbie 2017
Répartition du temps d’audience sur les télévisions nationales serbes consacré aux candidats entre le 2 mars et le 22 mars 2017 – Données : CEM (Centar za Elektronske Medije i Komunikacije

Vucic dispose en effet d’une grande visibilité dans la presse. Il totalise par exemple plus d’heures d’apparition à la télévision que l’ensemble des autres candidats.

informer jankovic
Une du tabloid informer du 23/02/2017, reprenant en titre une interview avec Šešelj accusant Jankovic d’espionnage et de meurtre

Au-delà de ce temps de parole, le traitement des partis d’opposition par les médias se fait à leur défaveur. Les principaux journaux du pays, dont les propriétaires sont réputés proches du pouvoir, à l’instar du tabloïd Informer, ont en effet relayé de nombreuses accusations infondées. Il vont parfois même jusqu’à faire porter à Jankovic la responsabilité du suicide de l’un de ses amis en 1993, ou à affirmer que Vuk Jeremic était à la tête d’un réseau mafieux. Les accusations atteignirent leur paroxysme la semaine dernière, lorsque Milenko Jovanov, vice-président du SNS, a affirmé publiquement que Natasa Jeremic, la femme de Vuk, était à la tête du marché serbe de la drogue, affirmation finalement démentie par le Parti Progressiste.

Au-delà de cette situation médiatique, l’opposition est, elle aussi, paradoxalement impliquée dans la promotion de Vucic, la campagne tournant majoritairement autour de lui. Au final, la communication des candidats de l’opposition se limite essentiellement à la critique du bilan du premier ministre, à laquelle ce dernier répond en se présentant comme victime d’attaques de l’ensemble de la classe politique. L’expression « sam protiv svih » (seul contre tous) est devenue ainsi récurante lors de ses prises de parole. Certains rappels à l’ordre faits à l’opposition – comme par exemple celui du 25 mars de la commission électorale à l’encontre de Vuk Jeremic concernant l’utilisation non consentie de l’image de Vucic dans sa communication – viennent d’ailleurs confirmer le premier ministre dans sa rhétorique.

Opposition morcelée, part belle au SNS dans la campagne : face à une telle situation, rien ne semble donc s’opposer à la promotion du bilan de Vucic et de son projet. Que faut-il en retenir, et quels enjeux sont à prévoir au lendemain de cette élection présidentielle en Serbie ? 

Classé sous :Serbie, Actus, Société Balisé avec :2017, aleksandar vucic, balkans, campagne electorale, elections, elections presidentielles en serbie, jankovic, ljubisa prelatecevic beli, politique serbe, president serbe, presidentielles, Serbie, sns, vojislav seselj, vucic, vuk jeremic

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