• Tendances
    • Musique
    • Cinéma
    • Arts & Littérature
  • Destination Est
    • Albanie
    • Arménie
    • Biélorussie
    • Bosnie-Herzégovine
    • Bulgarie
    • Croatie
    • Estonie
    • Géorgie
    • Grèce
    • Hongrie
    • Kosovo
    • Lettonie
    • Lituanie
    • Macédoine du Nord
    • Moldavie
    • Monténégro
    • Pologne
    • République Tchèque
    • Roumanie
    • Russie
    • Serbie
    • Slovaquie
    • Slovénie
    • Turquie
    • Ukraine
  • Destination Est
    • Albanie
    • Arménie
    • Biélorussie
    • Bosnie-Herzégovine
    • Bulgarie
    • Croatie
    • Estonie
    • Géorgie
    • Grèce
    • Hongrie
    • Kosovo
    • Lettonie
    • Lituanie
    • Macédoine du Nord
    • Moldavie
    • Monténégro
    • Pologne
    • République Tchèque
    • Roumanie
    • Russie
    • Serbie
    • Slovaquie
    • Slovénie
    • Turquie
    • Ukraine
Svg Vector Icons : http://www.onlinewebfonts.com/icon

novembre 21, 2017 by Jerome Cid

Suite à notre dernier article sur la politique au Kosovo, beaucoup de choses ont changé, l’occasion pour nous de revenir sur le sujet suite aux élections municipales du dimanche 19 novembre.

La dernière fois que nous nous sommes intéressés à la politique kosovare, le pays cherchait à former un gouvernement sans majorité parlementaire. Depuis, beaucoup de choses ont changé : le PDK, parti démocratique du Kosovo, du président Hashim Thaçi, a finalement trouvé un accord avec l’AAK, l’alliance pour le futur du Kosovo, de Ramush Haradinaj. Ce dernier est ainsi devenu premier ministre du Kosovo, poste qu’il avait occupé il y a 12 ans.

  • hashim thaci 200x300 1
    Hashim Thaçi Crédit : Suhejlo/Wikimedia/CC 3.0
  • Isa Mustafa 200x300 1
    Isa Mustafa Crédit : Gouv. du Kosovo/Domaine public
  • ramush haradinaj 200x300 1
    Ramush Haradinaj Crédit: FCO/Flickr/OGL 1.0
  • Albin Kurti 2017 200x300 1
    Albin Kurti Crédit : Emetolli/Wikimedia/CC 4.0

Le scrutin municipal de dimanche dernier allait donc faire office de test, suite à une année 2017 marquée par l’incertitude politique dans le pays. Du côté des municipalités à majorité serbe, sans surprise, le parti majoritaire, soutenu par Belgrade, Srpska Lista, l’emporte. Du côté des municipalités à majorité albanaise, c’est à dire la plupart du pays, les résultats, au final, ne désignent pas vraiment de vainqueurs, mais surtout un perdant, le PDK.

En effet, d’après les premiers résultats, sur les 19 municipalités du Kosovo, l’AAK en remporte 7, alors qu’aux dernières élections locales, en 2013, elle n’en avait gagné que 3. Victoire de la majorité, pourrait-on en conclure ? Pas si sûr ! Le second parti de la coalition parlementaire, le PDK, perd la plupart de ses fiefs, se contentant de 5 municipalités (contre 10 en 2013), y compris des bastions réputés imprenables comme Mitrovica Sud (au profit de l’AAK) ou Prizren, la seconde ville du pays (au profit de Vetevendosje)

Face à ce jeu de vases communicants, les oppositions parlementaires, à savoir la Ligue Démocratique du Kosovo (LDK, centre-droit), et Vetëvendosje (VV, gauche nationaliste), gagnent du terrain tout en se combattant. La LDK, ainsi, consolide son assise locale, avec 8 municipalités (contre 4 en 2013). Le plus inattendu provient cependant de Vetevendosje. Le parti avait en effet déjà crée la surprise en 2013, en emportant, contre toute attente, les élections à Prishtina, la capitale du pays. Cette année, il transforme l’essai, avec deux nouvelles municipalités, Prizren et Kamenica, tout en conservant Prishtina.

Le jeu des chaises musicales continue, Vetevendosje va-t-il y participer ?

Que retenir de ces élections ? Au final, peu de changements : malgré l’existence de beaucoup de gagnants, et d’un perdant, la tendance est toujours incertaine : la majorité et l’opposition sont toujours à égalité. Le “test” de l’opinion n’a donc pas marché, si ce n’est pour un parti, Vetevendosje.

Depuis les années 90, la politique Kosovare s’est jouée entre deux principaux blocs, qui se sont petit à petit scindés en différents partis. Pour résumer, la LDK, héritière de l’action non violente contre Belgrade d’Ibrahim Rugova, s’est opposée aux vétérans de l’UCK, l’armée de libération du Kosovo, et de ses principaux leaders, Hashim Thaci et Ramush Haradinaj, et de leurs partis politiques respectifs.

Vetevendosje est arrivé dans ce jeu en ne s’identifiant ni à l’un, ni à l’autre de ces deux pôles. D’abord anecdotiques, ses résultats aux différents scrutins sont allés de manière croissante. La conquête par VV de Prishtina en 2013 avait déjà prouvé ses capacités à rentrer dans le jeu politique au plus haut niveau. Sa nouvelle victoire dans la capitale, et les villes symboliques que le mouvement a remporté cette année prouvent qu’il occupe désormais une place prépondérante dans la vie politique Kosovare, à taille égale avec les trois partis historiques.

Depuis plus de quinze ans, la politique du Kosovo a consisté en une succession de coalitions entre ces trois partis, auxquels se rattachaient nombre de partis satellites, succession qui donnait l’impression d’un jeu de chaises musicales. Vetevendosje rentre désormais dans le jeu, en refusant cependant toute alliance avec les trois autres joueurs. Tant que le parti était largement minoritaire au Kosovo, cette position était facilement tenable, et permettait à VV de jouer le rôle de trublion face aux piliers que sont, ou devrions-nous dire qu’étaient le PDK, l’AAK et la LDK. Le système politico-constitutionnel kosovar ayant été conçu pour favoriser les alliances, il reste cependant à savoir si la stratégie de Vetevendosje pourra tenir alors que son accession au pouvoir est une idée de plus en plus envisageable.

(Mise à jour du 26 novembre : suite au recompte des voix à Prishtina incluant les votes par correspondance, la commission électorale a confirmé la victoire de Vetevendosje dans la capitale, à 367 voix d’écart)

Classé sous :Kosovo, Actus, Lifestyle Balisé avec :2017, aak, albin kurti, communes, elections, elections locales, elections municipales, haradinaj, hashim thaci, Kosovo, kurti, ldk, locales, municipales, pdk, prishtina, ramush haradinaj, thaci, vetevendosje

juin 13, 2017 by Jerome Cid

Ce weekend, la France n’était pas la seule à élire son parlement. Suite à une motion de censure déposée en mai contre son gouvernement, les Kosovars ont en effet été rappelés aux urnes de manière anticipée. Bien que ramenant au pouvoir l’une des forces politiques historiques du pays, les résultats ont aussi conforté l’émergence d’une troisième force dans le pays, celle de Vetëvendosje. Sommes-nous à l’aube d’un “renouvellement politique” (pour employer un terme à la mode en France), ou bien face à une déstabilisation institutionnelle de plus dans la région ? Notre analyse en deux parties va tenter de répondre à la question. Intéressons-nous aujourd’hui à l’histoire des partis au Kosovo

parlement kosovo pristina
Le parlement du Kosovo, à Pristina – Crédit : Arian Selmani/Wikimedia/CC 3.0

Le gouvernement d’Isa Mustafa, futur ex-premier ministre du Kosovo, au final, se sera cassé les dents sur les frontières du Kosovo. Suite à plusieurs années de négociations, la question de la délimitation Kosovo/Monténégro aura eu raison de son cabinet. L’accord avec Podgorica, qui aurait dû mettre fin au contentieux territorial qui perturbait les relations entre les deux pays, a en effet empoisonné les affaires politiques internes du Kosovo, l’opposition au gouvernement accusant ce dernier de brader l’intégrité territoriale de la jeune nation. Ajoutons à ceci la défiance qui existait concernant le projet de créer une entité serbe administrativement autonome (communément appelée Zajednica) au nord du Kosovo (quasi-exclusivement peuplé de serbes), et la situation devenait explosive pour le cabinet Mustafa.

L’étincelle s’est finalement produite le 10 mai dernier, le parlement retirant la confiance au gouvernement, en raison principalement de ces deux points, provoquant des élections anticipées. On s’attendait, à l’origine, à une élection “ordinaire”, basée sur l’opposition entre les deux forces traditionnelles du pays, il n’en a rien été.

La scène politique kosovare traditionnelle : mosaïque de partis et bipartisme.

Lorsque le Kosovo devient autonome en 1999, la scène politique du territoire (on ne parle pas encore alors de pays) se caractérise par une opposition entre deux pôles issus de la relation au conflit d’éclatement de la Yougoslavie. Le clivage se situe alors entre les anciens partisans d’une lutte armée face à Belgrade, qui aura contribué à la création de l’UÇK, l’armée de libération du Kosovo et à l’émergence de chefs de guérilla comme Haradinaj, Thaçi ou Limaj et les anciens défenseurs d’une lutte non armée, chapeautée par l’intellectuel Ibrahim Rugova et son parti, la LDK, la ligue démocratique du Kosovo

Alors que la démocratisation du Kosovo entraîne la création d’une myriade de partis, le principal clivage va rester le même, celui opposant les vétérans de l’UÇK (désormais identifiés sous plusieurs partis, du PDK de Thaçi à l’AAK de Haradinaj) et les “intellectuels” de la LDK.

La décennie qui va suivre, et la construction politique du pays, va donc se jouer sur une alternance entre ces deux courants, entrecoupées de coalitions mélangeant les tendances.

hashim thaci 200x300 1
Hashim Thaçi Crédit : Suhejlo/Wikimedia/CC 3.0
Isa Mustafa 200x300 1
Isa Mustafa Crédit : Gouv. du Kosovo/Domaine public
ramush haradinaj 200x300 1
Ramush Haradinaj Crédit: FCO/Flickr/OGL 1.0
Albin Kurti 2017 200x300 1
Albin Kurti Crédit : Emetolli/Wikimedia/CC 4.0

Le trublion Vetëvendosje

On pouvait donc s’attendre, pour les élections de juin 2017, à ce que ce schéma bipartisan se poursuive, c’était sans compter sur l’émergence d’une troisième force : le mouvement Vetëvendosje (auto-détermination) et son leader, Albin Kurti.

Fondé en 2004, l’organisation s’est d’abord identifiée comme un mouvement de société civile, militant pour une émancipation totale, et la plus rapide possible, non seulement vis à vis de Belgrade, mais aussi de la communauté internationale (qui disposait d’un mandat d’administration sur le territoire), le tout sur un fond de nationalisme pan-albanais.

manifestation vetevendosje 2007
Manifestation de Vetëvendosje, juin 2007
Crédit : Ulisivi/Wikimedia/GNU 1.2

L’indépendance proclamée, les revendications de Vetëvendosje ne cessèrent pas pour autant, celles-ci se diversifiant, portant désormais aussi sur une critique plus acerbe des partis politiques au pouvoir, ce qui conduisit le mouvement à partir de 2010 à se présenter aux élections parlementaires, récoltant dès sa première candidature des scores supérieurs à 12%. Le mouvement créa par la suite la surprise en ravissant à la LDK la ville de Pristina lors des municipales de 2013, avant de confirmer son scores aux législatives de 2014, avec 14% des voix.

Bien que ne constituant toujours pas une force de premier rang, Ventëvendosje se démarqua au sein du parlement pour ses positions plus radicales, que ce soit concernant les questions économiques, critiquant très fortement le processus de privatisation au Kosovo (qui faisait jusque là l’objet d’un consensus), ou en s’opposant violemment aux processus en cours concernant la frontière avec le Montenegro et la Zajednica.

La contestation contre ces deux projets alla très loin, vu que les parlementaires de Ventëvendosje prirent l’habitude d’interrompre les sessions de vote en introduisant des gaz lacrymogènes dans l’enceinte du parlement (ce qui conduisit d’ailleurs à l’arrestation d’une partie des élus du mouvement responsables de ces opérations).

Cette opposition radicale, au final, fut payante pour le mouvement, vu qu’elle conduisit à une amplification de la contestation aux projets et aux élections, qui virent l’arrivée de Vetëvendosje en deuxième position au scrutin de juin 2017. Vetëvendosje désormais deuxième force du pays : à quoi faut-il s’attendre ? Nous le verrons demain avec la seconde partie de notre dossier sur les élections au Kosovo !

Classé sous :Kosovo, Actus, Société Balisé avec :albin kurti, elections, hashim thaci, isa mustafa, Kosovo, Législatives, parlement, prishtina, pristina, ramush haradinaj

mars 27, 2017 by Jerome Cid

Rap dans les Balkans : la semaine dernière, le magazine de Canal+ l’Effet Papillon a diffusé un reportage sur une guéguerre qui oppose Noizy, un rappeur Albanais, et des rappeurs du label Babastars, originaires du Kosovo. Chez Hajde, nous nous sommes dit que ce reportage aurait pu être très intéressant : après tout cela concerne une région que nous connaissons bien, et le sujet touche la culture, ainsi que la géopolitique. Il n’en a finalement rien été.

rap dans les Balkans

Lorsque nous avons vu, pour la première fois la bande annonce du reportage, nous avons déjà commencé à avoir un peu peur du rendu final. Au vu du reportage entier, nos craintes se sont avérées fondées.


Dans les Balkans, la musique n’adoucit pas… by effetpapillon

Que retenir de ce documentaire ? Pas grand chose… À part qu’il y a des rappeurs qui se fightent !

La quinzaine de minutes du reportage a étalé l’opposition entre les deux artistes, sans aller bien plus loin. Quasiment rien sur les raisons derrière ce duel, notamment géopolitiques (la voix off se contente d’expliquer que les Albanais du Kosovo considèrent les Albanais d’Albanie comme culturellement arriérés), et quasiment rien sur les créations de Noizy et de Babastars, si ce n’est une très succincte analyse de moins de 5 secondes en début de reportage, les qualifiant d’assez classiques.

Au-delà du clash entre les deux rappeurs, le documentaire a essayé d’aller plus loin dans le “travail journalistique” en parlant des armes dans les Balkans, pour se ramasser monumentalement. Citons, par exemple, des jugements à l’emporte-pièce, comme par exemple “Quand on est en colère au Kosovo ou en Albanie, on sort les fusils”, ou encore la mention de statistiques très hasardeuses, comme celle indiquant que « l’Albanie est un des pays les plus violents au monde, avec un taux de mortalité par arme à feu supérieur aux Etats-Unis”.

Cette statistique, bien que mentionnée par d’autres médias il y a quelques années (comme The Independent ou BalkanInsight), est pourtant fausse, dans la mesure où la source primaire utilisée par les journaux en question indique des données totalement différentes (en l’occurrence les chiffres de l’Institute for Health Metrics and Evaluation), avec des taux de mortalité par arme à feu trois à quatre fois plus faibles en Albanie qu’aux Etats-Unis, ce qui vient confirmer le sérieux de l’enquête de l’Effet Papillon.

Pour résumer, quinze minutes pour dire qu’il y a des rappeurs en Albanie et au Kosovo qui s’opposent, sans approfondir, ça fait long… Rajoutons à ça quelques clichés, que ce soit sur la violence dans les Balkans, ou sur la thug life supposée des rappeurs, et nous obtenons un reportage sensationnaliste et très superficiel.

C’est pourtant dommage, parce qu’il y aurait pu avoir beaucoup de choses à aborder sur la situation :

Concernant le rap en Albanie, au Kosovo, et dans les Balkans en général, il y a beaucoup de choses à dire sur son statut, qui est arrivé dans la région beaucoup plus tardivement qu’ailleurs, et qui a réussi à s’y faire une place. D’ailleurs, Ledri Vula, rappeur kosovar et ancien du label Babastars a déjà enregistré un featuring avec un rappeur d’Albanie, mais ça personne n’en parle. Certaines stars dont on ne se doutait pas sont originaires d’Albanie, du Kosovo ou du reste des Balkans, et ça non plus, personne n’en parle.

Concernant la rivalité entre Kosovo et Albanie, là encore, l’Effet Papillon n’a fait qu’effleurer un thème, qui pourtant est central dans la situation, celui du paradoxe Albanie/Kosovo : un peuple majoritaire (les Albanais), deux pays, mais des cultures et des perceptions radicalement différentes de chaque côté de la frontière, qui créent la rivalité la plus inattendue dans la région.

Bref, chez Hajde, nous sommes restés sur notre faim. La prochaine fois que vous faites un reportage sur les Balkans, l’Effet Papillon, et tous les autres, pourriez-vous essayer de le faire plus sérieusement ?

Classé sous :Albanie, Kosovo, Musique, Musique Balisé avec :Albanie, canal +, canal plus, critique, Documentaire, effet papillon, Kosovo, Rap, rap albanais, rap kosovar, reportage

janvier 17, 2017 by Jerome Cid

Quelques jours après la tentative de Belgrade de faire rouler au Kosovo un train reliant Belgrade à Mitrovica arborant le slogan « le Kosovo est la Serbie », revenons aujourd’hui sur cette affaire, sur son origine, et sur ce qui pourrait désormais arriver. Une occasion de revenir sur la situation au nord du Kosovo.

Rappel des évènements

Annoncé en grande pompe par le gouvernement serbe, le projet prévoyait, pour une période d’essai, de faire circuler un train (made in Russia) entre Belgrade et Mitrovica. Présenté comme étant une première depuis la guerre de 1999, ce train se devait être une réponse à un besoin des populations locales, et devait, pour l’évènement, arborer une livrée spéciale indiquant en gros “le Kosovo est la Serbie”. Le train n’a finalement pas pu entrer sur le territoire du Kosovo, ayant été bloqué par les autorités kosovares à la frontière.

Depuis, la situation reste relativement confuse, Pristina criant à la provocation, alors que Belgrade affirme que les forces kosovares auraient miné la voie ferrée, ce que le gouvernement du Kosovo réfute absolument. En parallèle, Belgrade accuse désormais Pristina de mettre en danger les populations serbes du Kosovo.

Le contexte : une situation tendue au nord du Kosovo

Pour comprendre un peu plus précisément la situation, revenons sur la situation du nord du Kosovo, et des chemins de fer sur le pays.

carte muette du nord du kosovo
Carte des municipalités du nord du Kosovo Source: NordNordWest/Wikimedia/Creative Commons

Alors que la majorité de la population au Kosovo est albanaise, le nord du Kosovo (principalement toute la zone se situant au nord de la rivière Ibar) est à très forte majorité serbe. Cette situation, dès la fin de la guerre, a rendu très compliquée, voire impossible, la mise en place d’institutions contrôlées par l’administration kosovare, d’abord sous contrôle de l’ONU, puis progressivement de plus en plus autonome, jusqu’à la déclaration d’indépendance du 17 février 2008.

Malgré le retrait des troupes serbes en 1999, les administrations serbes, sous contrôle de Belgrade ont continué à opérer dans cette partie nord du Kosovo. Des services publics comme la poste ou les télécoms, jusqu’à certaines administrations comme l’état-civil, des dizaines de « structures parallèles » se sont maintenues.

La problématique ligne du nord

Venons-en aux chemins de fer : le conflit ayant interrompu le trafic ferroviaire, celui-ci fût remis en place par les troupes de l’OTAN dès la fin de 1999, avant tout pour transporter des troupes et du matériel vers le Kosovo. La gestion fut très rapidement transférée aux autorités civiles, en l’occurrence la Mission Intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), qui remirent en place une compagnie pour exploiter du trafic civil, à la fois passager et militaire, sur le territoire. Dans le cadre du retrait progressif de la communauté internationale, la compagnie fut finalement transférée aux autorités locales naissantes (en l’occurrence le gouvernement du Kosovo) en 2005.

french-troops-train-mitrovica-kosovo
Troupes françaises quittant Mitrovica en train, février 2010.
Photo : J. Cid

Parmi les services proposés par les chemins de fer du Kosovo, l’un d’entre eux acquit une mission de maintien de la paix. La principale ligne du territoire, en effet, le traverse du nord au sud, de la frontière avec la Macédoine jusqu’à la frontière avec la Serbie, en passant par bon nombre de villages à majorité serbe. Il fut donc mis en place dès 2002 un système de “trains de la liberté de mouvement”, parcourant cette ligne du sud au nord, permettant ainsi aux serbes de se déplacer plus facilement à travers le Kosovo, et même au-delà, étant donné qu’une correspondance était organisée à la frontière serbe avec un train se rendant jusqu’à Belgrade.

mitrovica train station kosovo
La gare de Mitrovica-Sud (en zone à majorité albanaise) en février 2010 Photo : J. Cid

La situation se détériora cependant en 2008. Suite à la déclaration d’indépendance du Kosovo, des manifestants serbes se rendirent au nord de Mitrovica et bloquèrent le trafic en provenance du sud de l’Ibar. Les chemins de fer du Kosovo furent contraints de suspendre le trafic. Dans les jours qui suivirent, les chemins de fer serbes mirent en place leur propre desserte au nord du Kosovo, de la frontière serbe jusqu’à la banlieue de Mitrovica (la gare de Zvečan, située à 1500m du centre de Mitrovica). Les nouveaux arrivants proposèrent d’abord une ligne directe vers Belgrade, qui fût finalement discrètement raccourcie en décembre 2009 à Kraljevo, probablement en raison du manque de fréquentation (bien qu’aucune raison officielle n’ait été donnée). La situation fut depuis lors stable, le seul évènement notable étant la construction d’une nouvelle gare pour Mitrovica dans le nord de la ville (contrôlé par les serbes), les quelques tentatives de négociations entre Pristina et Belgrade n’ayant pas abouti à ce sujet… jusqu’au train de janvier 2017.

Derrière l’incident, la symbolique

La symbolique derrière ce train est, bien entendu, assez importante, ce qui explique ce déchaînement de passion.

L’idée de faire rentrer au Kosovo un train avec une inscription comme “le Kosovo est la Serbie” peut-être aisément perçue comme une provocation pour Pristina. La manière dont Belgrade a annoncé la nouvelle puis géré ses retombées est là-aussi très symbolique.

train belgrade mitrovica kosovo zvecan
Le train en provenance de Belgrade en gare de Zvecan en septembre 2009
Photo : J. Cid

Comme nous avons pu le voir, cette reprise de la desserte présentée comme une première depuis la guerre, relayée par la presse serbe, et par des médias étrangers (le Figaro par exemple, ou encore le Monde), n’en est pas une : le trafic dans le nord du Kosovo a été très vite rétabli après la guerre, et la liaison directe avec Belgrade a existé pendant deux ans. Relancer cette ligne, en soi, n’avait donc rien d’un scoop. Plus encore, les accusations faites par le gouvernement serbe depuis ne sont pas non plus anodines : dénoncer un minage des voies par les autorités de Priština/Prishtina fait référence directement à l’attentat de Podujevo en 2001, lorsque des nationalistes albanais ont fait exploser un bus serbe à l’aide d’une mine télécommandée en plein Kosovo.

Aucune preuve ne vient étayer l’accusation de Belgrade quant aux mines, mais elle permet à la Serbie de déterrer de vieux et douloureux souvenirs. Plus encore, la rhétorique adoptée par Belgrade depuis cet évènement n’est clairement pas en faveur d’une détente, le président Serbe, Tomislav Nikolić, ayant tenu des propos ouvertement belliqueux : “Si des serbes sont tués, nous n’enverrons pas seulement l’armée, nous y irons tous, moi le premier, ce ne serait pas ma première fois” (voir la déclaration, en serbe).

Ces propos sont toutefois à prendre avec du recul, tant la faisabilité d’une intervention serbe au Kosovo serait rendue compliquée par la présence de troupes de l’OTAN sur le territoire. Ils viennent toutefois se joindre à un regain de tensions entre Prishtina et Belgrade depuis deux ans, les négociations entre les deux gouvernements étant désormais au point mort.

train belgrade zvecan mitrovica serbia kosovo
Le train Belgrade Mitrovica en septembre 2009, dans le nord du Kosovo
Photo : J. Cid

Et maintenant, quelle suite ?

Et la réaction internationale, dans tout ça ? L’idée de Belgrade de faire circuler un tel message sur un train dans le nord du Kosovo, la zone la plus sensible d’Europe (hors espace post-soviétique) aurait dû provoquer (au minimum) quelques commentaires de la communauté internationale, très largement présente dans la region, notamment sur ses potentielles conséquences diplomatiques. Il n’en a rien été.

Belgrade, tout comme Pristina sont, au final, en train de gérer eux-mêmes la crise. Cela pourrait être un bon signe, celui d’une passation des pouvoirs après près de 20 ans de “tutelle” internationale. Force est de constater que cette transition est très loin de se faire calmement. Reste à voir maintenant quelle sera la suite des événements : la pression peut-elle désormais redescendre, ou bien l’escalade est-elle inéluctable ?

Classé sous :Kosovo, Actus, Société Balisé avec :belgrade, chemin de fer, Kosovo, mitrovica, nord, nord du kosovo, Serbie, tensions, train belgrade mitrovica

Votre guide vers l’Est

Votre média indépendant Popculture sur l’Europe de l’Est, l’Europe Centrale et les Balkans !

Grâce à nos éditeurs sur place, découvrez les dernières tendances culturelles, les plus belles destinations, tous les festivals, et les lieux incontournables pour votre prochain voyage à l’Est…

HAJDE, Let’s go !

Newsletter

Hajde

  • Comment ça marche ?
  • Le Manifeste
  • Nos partenaires
  • Mentions Légales

Contact

  • Notre communauté
  • Recrutement
  • Contact

Suivez-nous

Soutenez-nous sur



Ministere de la culture Fr JUMP

Partenaire de :

Hajde 2023 © Tous droits réservés.

Nous utilisons des cookies sur notre site Web pour vous offrir l'expérience la plus pertinente en mémorisant vos préférences et les visites répétées. En cliquant sur «Accepter», vous consentez à l'utilisation de TOUS les cookies.
Paramétrer les CookiesACCEPTER
Manage consent
Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience pendant que vous naviguez sur le site Web. Parmi ceux-ci, les cookies classés comme nécessaires sont stockés sur votre navigateur car ils sont essentiels au fonctionnement des fonctionnalités de base du site Web. Nous utilisons également des cookies tiers qui nous aident à analyser et à comprendre comment vous utilisez ce site Web. Ces cookies ne seront stockés dans votre navigateur qu'avec votre consentement. Vous avez également la possibilité de désactiver ces cookies. Mais la désactivation de certains de ces cookies peut affecter votre expérience de navigation.
Nécessaire
Toujours activé
Les cookies nécessaires sont absolument indispensables au bon fonctionnement du site. Cette catégorie comprend uniquement les cookies qui assurent les fonctionnalités de base et les fonctionnalités de sécurité du site Web. Ces cookies ne stockent aucune information personnelle.
Non-nécessaire
Tous les cookies qui peuvent ne pas être particulièrement nécessaires au fonctionnement du site Web et qui sont utilisés spécifiquement pour collecter des données personnelles des utilisateurs via des analyses, des publicités et d\'autres contenus intégrés sont appelés cookies non nécessaires. Il est obligatoire d\'obtenir le consentement de l\'utilisateur avant d\'exécuter ces cookies sur votre site Web.
Enregistrer & appliquer
 

Chargement des commentaires…
 

Vous devez être connecté pour poster un commentaire.