Les Balkans aux portes de l’UE ? Ce qui nous paraissait n’être qu’un rêve il y a encore quelques mois pourrait devenir réalité dans les prochaines années. Depuis le 6 février dernier, l’Union Européenne met en place et communique sur une nouvelle stratégie d’intégration des pays des Balkans (Serbie, Monténégro, Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Macédoine, Albanie). Que contient exactement cette avancée ?
Quelles perspectives d’élargissement ?
La Slovénie est membre de l’UE depuis le 1er mai 2004. La Croatie est quant à elle membre depuis le 1er juillet 2013. Cinq pays sont candidats officiels : la Serbie, le Monténégro, la Macédoine, l’Albanie et la Turquie.
La Bosnie-Herzégovine a officiellement déposé sa candidature le lundi 15 février 2016. Enfin, le Kosovo a été reconnu en tant que candidat potentiel à une adhésion en 2008. Plus de 10 ans que Bruxelles fait miroiter à certains pays des Balkans une probable future entrée dans l’UE.
Sachant que pour prétendre adhérer à l’Union Européenne, les pays candidats doivent répondre aux « critères de Copenhague », processus ratifié en 1993.

Le virage pris par la Commission Européenne est à la fois inattendu et compréhensible. En juillet 2014, Jean-Claude Juncker affirmait : « il n’y aura pas de nouvel élargissement dans les cinq prochaines années. Sous ma présidence de la Commission, les négociations en cours continueront, notamment avec les Balkans occidentaux qui ont besoin d’une perspective européenne ». Juncker voulait attendre 5 ans, il n’aura finalement attendu que 3 ans. En septembre 2017, le ton était totalement différent : « UE : Juncker veut accélérer l’intégration » titrait alors Jean Quatremer pour Libération. A l’époque, « le président de la Commission plaide pour une poursuite de l’élargissement à l’ensemble des Balkans » nous signale alors le journaliste.
Un revirement qui s’expliquerait par l’influence qu’ont pris certains pays dans la région, mais aussi afin d’assurer une continuité géographique et territoriale de l’Union Européenne et enfin grâce au potentiel économique que représente cette région. Effectivement, les Balkans sont un marché de plus de 18 millions de consommateurs, avec une économie qui croit rapidement et avec une forte demande. De plus, de 2007 à 2017, 8,9 milliards d’Euros ont été investis par la Commission Européenne dans les Balkans à travers l’instrument d’aide à la pré-adhésion.
Les entreprises européennes ont quant à elles investi plus de 10 milliards d’Euros ces cinq dernières années. Pour 2018, pas moins de 1,07 milliard d’euros seront réinjectés par l’UE et une nouvelle enveloppe est en discussion. Enfin, les pays de l’UE avec 43 milliards d’Euros d’échanges commerciaux sont les plus grands partenaires commerciaux des Balkans (chiffre 2016).
Un durcissement dans les critères d’adhésion ?
La nouvelle stratégie de la Commission Européenne comporte six initiatives phares que les pays candidats doivent mettre en œuvre à travers des réformes :
- État de droit,
- Sécurité et migrations,
- Développement socio-économique,
- Connectivité dans les secteurs des transports et de l’énergie,
- Stratégie numérique,
- Réconciliation et relations de bon voisinage.
L’Union Européenne tel un funambule marche sur des œufs avec les gouvernements des Balkans. Ne pas faire d’ingérence comme par le passé, tout en se mettant au clair avec les candidats sur les demandes pour pouvoir intégrer l’UE. Un plan d’action a été mis en place accompagné d’un calendrier. Sans donner de date butoir, la commission parle d’un horizon 2025 pour les pays candidats les plus avancés comme le Monténégro ou la Serbie. Pour la Serbie, cependant, un accord de normalisation global et juridiquement contraignant des relations avec le Kosovo doit être signé avant toute avancée sur l’adhésion. Ce qui n’est pas une mince affaire.
Depuis le processus de Berlin de 2014 se tient tous les ans un sommet UE/Balkans afin d’accélérer le processus d’adhésion, de développer des liens entre les pays et d’améliorer la coopération régionale. Vienne en 2015, Paris en 2016, Trieste en 2017, celui de 2018 aura lieu le 17 mai prochain à Sofia, en Bulgarie, afin d’insuffler une nouvelle dynamique aux relations entre l’UE et les Balkans.
Nous ne constatons que peu d’avancées et de volonté dans les réformes que peuvent mettre en place les différents pays candidats à l’adhésion, notamment dans les domaines où l’UE souhaite des avancées notoires comme : les liens entre la criminalité organisée et les gouvernements et l’administrations, l’ingérence politique des médias, une justice indépendante ou encore les perspectives d’emploi pour les plus jeunes. Il faudra pourtant faire des concessions, et surtout mettre en oeuvre des réformes pour les 6 états s’ils veulent pouvoir un jour intégrer l’Union Européenne.
Quelques chiffres mis à disposition par Eurostat sur la population et le secteur économique des 6 pays candidats à l’adhésion.
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