Stratégie d’intégration – Comme nous l’avons vu hier, l’Union Européenne a mis en place une nouvelle stratégie d’adhésion à destination des pays candidats de la région des Balkans. Mais au fait, quelles sont les avancées pour le milieu culturel ?
Le programme Europe Créative (2014-2020)
Le programme Europe Creative (2014-2020) a été approuvé en 2013 afin de financer les projets culturels des organisations des pays de l’UE à hauteur de 1,46 milliards d’Euros sur 6 ans. Il est divisé en trois volets, un volet Media, dont 56% du budget global lui est octroyé, un volet Culture qui reçoit 31%, et depuis 2016, un volet Transsectoriel qui touche les 13% restants.
Ce programme bénéficie aux pays membres, mais aussi à des pays signataires de traités avec l’UE comme par exemple les pays candidats. Il faut savoir que les projets de coopérations offrent deux catégories de soutien. Les projets à petite échelle, qui touchent un financement pouvant aller jusqu’à 200 000 EUR, nécessitant un chef de projet, et au moins deux partenaires venant de trois pays différents. Et les projets à grande échelle, avec un financement pouvant aller jusqu’à 2 millions EUR, avec de leur côté, au moins un chef de projet, et cinq partenaires venant de six pays différents.
Au total, 203 bénéficiaires ont reçu des subventions Europe Creative pour le volet Culture dans les pays des Balkans (ex-Yougoslavie et Albanie) depuis 2014. Plus de 60% des bénéficiaires subventionnés viennent de Croatie et de Slovénie. Il ne reste donc plus que 79 bénéficiaires si l’on enlève les deux pays membres de l’UE. Et sur ces 79, seulement 23 viennent de projets à grande échelle. Soit à peine 27% du nombre total de projets subventionnés.
Ce qui nous démontre que les acteurs culturels des Balkans ont peu accès à de gros financements, car ils ne peuvent tout simplement pas y postuler. Un autre détail intéressant est le nombre de bénéficiaires qui sont basés dans les capitales, et hors des capitales. Plus de 70% sont dans les capitales, ce qui nous montre une centralisation de la culture dans ces pays.
Le patrimoine comme vecteur de lien social
Le 6 février dernier, en plus de cette nouvelle stratégie d’intégration des pays des Balkans, a eu lieu l’inauguration de la « route du patrimoine culturel UE-Balkans occidentaux ». Il faut savoir que l’année 2018 a été désignée comme année européenne du patrimoine culturel par la commission européenne, afin de « promouvoir le patrimoine comme élément central de la diversité culturelle et du dialogue interculturel, de valoriser les meilleures pratiques pour assurer la conservation et la sauvegarde du patrimoine ainsi que de développer sa connaissance auprès d’un public large et diversifié ».
A travers cet instrument, l’UE souhaite mettre en avant la patrimoine culturel existant dans la région et le préserver, ainsi qu’à soutenir et promouvoir les industries culturelles créatives, grâce à une série d’évènements financés par l’Union. L’objectif en pointillé étant surtout d’essayer de faire émerger une société civile dans ces pays afin d’en faire un acteur dynamique et critique du changement pour mieux stabiliser les pays et créer une opinion publique.
Le besoin d’une société civile indépendante
La problématique dans les Balkans est que les associations et organisations souhaitent plus de collaborations, mais elles n’ont pas assez d’argent pour candidater à Europe Creative. Et malheureusement il n’existe pas de programme de financement spécifique pour ces pays. Les financements de l’UE à condition qu’un travail de formation et d’accompagnement se mette en place, peuvent ouvrir une voie à des acteurs indépendants et ainsi œuvrent à consolider un véritable terreau issu de la société civile.
C’est bien l’enjeu dans les Balkans : contribuer à la structuration et à la consolidation d’une société civile. Les subventions, ainsi que l’initiative de décerner le titre de Capitale Européenne de la Culture à des villes de pays non-membres peuvent aider à structurer le milieu culturel dans les Balkans (Novi Sad 2021). C’est loin d’être suffisant, la situation est assez alarmante, avec dans certains pays très peu de projets qui survivent et aucune politique culturelle mise en place.
« Je pense qu’en général, différents intervenants comme notre gouvernement local, les communautés internationales, les citoyens, les médias devraient reconnaître l’importance de la culture. Ce n’est pas que du luxe, ou juste quelque chose de très joli. La culture a un potentiel d’unir les gens. De créer de la cohésion dans le pays. Nous sommes un pays très divisé, et la culture a vraiment un potentiel économique pour faire venir des touristes. La culture doit être reconnue comme l’un des piliers de la société afin de grandir. Si c’est seulement à la marge, ça n’arrivera jamais. C’est donc notre travail de faire du lobby, et montrer que c’est très important. »
Ces mots viennent de Aida Kalender de l’association Akcija basée en Bosnie-Herzégovine. Ils résument parfaitement la place que devrait avoir la culture dans les Balkans, mais aussi dans le monde à l’heure actuelle.
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