Trois dans un sous-sol est un film soviétique du réalisateur Abram Room. Celui-ci est certes un réalisateur beaucoup moins connu que les immenses Eïsenstein, Tarkovski, Medvedkine ou un Barnet, et son oeuvre est sans doute beaucoup moins marquante, pourtant, de son premier film Que dit Mos en 1913 à l’Homme hors du temps (!) en 1973, il a eu une des carrières les plus longues de tout le cinéma soviétique.
A Moscou Nikolaï Batalov qui travaille sur le chantier du théâtre du Bolchoï vit heureux avec sa jeune épouse Lioudia Semionova qui consacre ses journées à s’occuper de leur foyer dans le sous-sol d’un immeuble de la rue Mechtchanskaïa.
Il rencontre par hasard dans la rue un des ses anciens camarades de régiment Vladimir (dont le diminutif est Volodia) Fogel ouvrier typographe qui débarque à la capitale. Nikolaï lui offre généreusement un coin de canapé dans leur minuscule appartement pour dormir.
Quelques temps plus tard le mari est appelé sur un chantier en province. Il abandonne donc son épouse au bon soin de son camarade sans le moindre scrupule. Celui-ci apporte tout d’abord son concours à la jeune ménagère qui a l’heureuse surprise de découvrir la table débarrassée.
Puis l’invite à s’envoler pour un baptême de l’air lors de la fête de l’aviation du 14 Juillet. Lorsque le mari revient de mission il découvre que sa place a été prise et se retrouve à devoir à son tour se contenter du canapé.
Trois dans un sous-sol frappe tout d’abord par sa liberté pour l’époque. Voilà un film qui en 1927 évoque une femme qui passe d’un homme à un autre qui a su se montrer plus tendre sans pour autant parler d’adultère et de crime passionnel. Pour autant on peut noter que durant tout le film il y a assez peu de plan où les 3 personnages figurent. Les dialogues circulent le plus souvent entre les deux mâles.
(On pourrait d’ailleurs s’attarder sur le sens à donner à cette scène de confusion entre les deux personnages).
Et ce n’est qu’à la toute fin, par un rebondissement, que nous ne dévoilerons pas (nous recommandons d’ailleurs à ce sujet d’éviter la lecture de la fiche Wikipédia qui pratique le spoil assez tranquillement) que l’héroïne constatant qu’elle ne peut compter que sur elle-même, prendra son envol.
Ce qui retient aussi le regard c’est la présence tutélaire du petit père des peuples par ce portrait présent à côté du calendrier comme s’il s’agissait d’une icône présente dans chaque foyer russe. En 1927 le culte de la personnalité stalinien s’est déjà mis en place.
Trois dans un sous-sol n’a certes pas le sens de la pantomine et du burlesque des films de Boris Barnet déjà plusieurs fois vanté notamment ici. Il offre pourtant une étude de moeurs aussi instructive par bien des points sur le foyer soviétique que le fameux le village du péché de Olga Préobrajanskaïa
(Des excuses par avance sur le nombre de publicité présente dans cette version en VOSTF)
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