La vendeuse de cigarettes de Mosselprom est un film soviétique muet et en noir et blanc de 1924 de Iouri Jeliaboujski. Il est considéré comme l’un des tous premiers films comiques avec notamment Les extraordinaires aventures de Mr West au pays des Bolcheviks.
Le film a été restauré en 2007 par un laboratoire de Bologne sous l’égide de la Cinémathèque de Toulouse, qui a aussi oeuvré à la restauration du film La Grève de Eisenstein et en partenariat avec le Gosfilmofond qui est la Cinémathèque de Moscou. Malheureusement il n’existe pas sur Internet de version de ce film avec des intertitres en français.
Mitiouchine, employé de bureau moscovite joué par le célèbre comédien russe Igor Illinski, est secrètement amoureux de Zina la vendeuse de cigarettes de Mosselprom, jouée par Ioulia Solntseva. N’osant pas lui déclarer sa flamme, il se contente de lui acheter chaque jour un paquet de cigarettes qu’il conserve précieusement avec tous les autres sur son bureau de soupirs.
« Il y avait quelque chose de médiéval, de chevaleresque et de classique dans l’opiniâtreté de Mitiouchine » déclame l’un des intertitres. Un jour Zina attire l’attention du caméraman Latouguine, joué par le jeune premier Nikolaï Tsereteli, lors d’un tournage dans la rue. Il lui propose de devenir actrice. Au même moment Mac Bright un richissime et antipathique producteur américain, joué par Tsibulski, débarque à Moscou et lui fait à son tour des propositions. Embarquée dans toutes ces aventures, Zina va devoir faire des choix.
Cette première comédie semble avoir bénéficié de moyens conséquents si on juge tout d’abord par sa distribution avec des comédiens déjà célèbres par leurs carrières sur les planches mais aussi par les images vues d’avion ou toutes une série de plans décrivant Moscou juste avant les grands travaux staliniens.
C’est une mise en abime du cinéma par un réalisateur qui a été enseignant au VGIK de Moscou, la toute première école de cinéma au monde. C’est aussi le récit de l’irruption du petit monde de Moscou dans le cinéma. Ce choix de montrer un cinéma soviétique qui veut filmer dans la rue pour saisir le réel pendant que Mac Bright filme en studio des films en costume n’est sans doute pas anodin.
Mais ce qui frappe surtout c’est tout ce répertoire de personnages comiques. La brillante Ioulia Solnsteva qui fera dans les années 30 une longue carrière de réalisatrice et qui joue avec grâce un rôle de jeune première, Igor Illinski qui donne à ce second rôle toute sa palette roulant des yeux, battant des mains, Nikolaï Tsereteli en jeune premier et surtout le personnage du producteur américain joué par Tsibulski.
Le muet permet à n’importe quel acteur soviétique de jouer le rôle d’un Américain sans se soucier de l’accent. Contrairement au film Les extraordinaires aventures de Mr West au pays des Bolcheviks où l’Américain jouait un rôle de naïf, Tsibulski incarne le capitalisme à lui tout seul et semble presque vouloir engloutir Zina des yeux.
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