« La jeune fille au carton à chapeau » est le troisième film du réalisateur soviétique Boris Barnet. Celui- ci, né le 18 Juin 1902, aura été successivement militaire, boxeur, préparateur physique sur certains films de Eisenstein, étudiant à l’école de cinéma et acteur notamment dans Les extraordinaires aventures de M West au pays des Bolcheviks.
Le personnage principal du film est Natacha Korosteleva incarné par la radieuse Anna Sten dont le regard déroule une palette irrésistible.
Elle veille tendrement chez eux en campagne sur son grand-père dans de touchantes scènes familiales.
Pour gagner de l’argent, elle confectionne des chapeaux qu’elle va livrer régulièrement dans une boutique à la ville. C’est là qu’elle fait la connaissance de Illya Snegirev, ouvrier se retrouvant sans domicile. Elle décide de lui offrir un toit dans le logement qui lui est officiellement attribué dans la boutique de la chapelière sous couvert d’un mariage fictif. Bien entendu tous les deux vont se heurter aux manigances de ses patrons.
Ce film est un film de commande de la part du « Commissariat du peuple aux finances et propagande pour une loterie ». Ce qui impressionne c’est de constater à quel point le scénario et la réalisation ont dépassé leur commande. Car on peut voir dans cette comédie une lutte de classes entre le couple d’ouvriers plein d’avenir qui cherche à se faire une place et ce couple bourgeois qui sent confusément le spectre du grand remplacement s’avancer.
Barnet fait de tout cela une comédie pétillante, pleine de trouvailles visuelles, de mimiques d’Anna Sten ou d’une danse de boxeur d’Ivan-Koval Samborski face aux gestes patauds de Pavel Pol et la mine acariâtre de Madame Irène. Les corps impatients de la jeunesse face aux corps repus de la bourgeoisie.
Ce n’est encore que le troisième film de Boris Barnet avant ce chef-d’oeuvre que constitue Au Bord de la mer bleu. Mais il y a là déjà une oeuvre admirable.
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