Au bord de la mer bleue est un film soviétique parlant et en noir et blanc du réalisateur Boris Barnet. Celui-ci est aussi le réalisateur de films tels que La jeune fille au carton à chapeau ou de Okraïna.
Deux marins, le blond Aliocha et le brun Youssouf, échouent sur une île suite au naufrage de leur bateau sur la mer Caspienne.
Ils y découvrent alors le Kolkhoze, les feux du communisme et sa chef d’équipe Macha, jouée par la grande Elena Klouzmina.
Ils en tombent bien sûr tous deux amoureux. Pendant ce temps le Kolkhoze doit participer à la saison de pêche et affronter la mer et ses bourrasques.
On a déjà évoqué Boris Barnet plusieurs fois dans des articles précédents. Nous n’avons pas encore dit à quel point la carrière de ce réalisateur semble résumer ce que fut le cinéma soviétique à cette époque, de ce film de commande en 1924 La jeune fille au carton à chapeau à ce film Un brave garçon interdit en salle en 1943.
Au bord de la mer bleue se situe entre les deux. Dans ce film Boris Barnet semble avoir acquis la plénitude de son art. Il compose un conte sentimental aux accents naïfs et bouleversants tout autant qu’un hymne à la mer. Ses deux héros masculins composent deux facettes d’un même sentiment.
Mieux qu’un film parlant, cette oeuvre est son premier film musical qui vient après le succès du remarquable Les Joyeux garçons dans lequel Nikolaï Krioutshkov a triomphé. Derrière la simplicité du conte une mécanique de précision dans laquelle un bouquet jeté par Aliocha viendra forcément gifler Youssouf et où les duettistes parviennent à chanter la confusion des sentiments dans une barcasse en pleine tempête.
Boris Barnet semble filmer leurs corps avec une tendresse communicative qu’il soient alanguis, en plein effort ou bien à la parade torse nu.
L’époux de Elena Klouzmina offre aussi à son actrice un des plus beaux rôles de sa carrière. Elle sourit et tire la langue avec le même aplomb, chante, joue avec une grâce de danseuse. Le personnage qu’elle joue est l’un des piliers du Kolkhoze et celle autour de qui tourne maladroitement nos deux acolytes.
Mais le personnage principal de ce film c’est la mer à laquelle Boris Barnet offre des plans qui semblent des tableaux grâce à la photographie du grand Mikhaïl Kirillov et les décors de Viktor Aden.
C’est un conte sentimental naïf dans un décor de carton-pâte, un eden fugace, un hymne à la beauté, à l’amour et à l’amitié. Après avoir célébré les vertus de la lutte des classes et avant d’emboucher brièvement la trompette nationaliste, Boris Barnet célèbre ici les vertus du cinéma, pour l’éternité.
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