Festival UnivercinéRussie – Découvrons ensemble une nouvelle édition du Festival de Cinéma nantais : UnivercinéRussie pour son édition 2021, en mode confinement !

Avant un festival de Cinéma Russe c’était gravir ou descendre des escaliers pour découvrir des films inédits, des classiques ou des rééditions et pouvoir comparer avec sa voisine les mérites respectifs de Larissa Cheptitko et de Kiril Serebennikov.
Avec le Coronavirus un festival se déroule en ligne, on en profite en mode « une soupe et au lit » devant son écran à l’horaire fixée et on contemple par la magie des Zooms des personnes qui papotent sur le film qu’on vient de voir. En somme on vient de réinventer la TV, si on ne tient pas compte que sur Zoom on est pas à l’abri d’une fausse manoeuvre qui allume votre caméra et fasse découvrir au autres vos choix discutables en matière de pyjama.
Plus sérieusement la programmation du Festival UniverCinéRussie se résume cette année à 3 films accessibles en ligne, soit, dans l’ordre d’apparition « Le Cygne de Cristal » film de 2018 de la réalisatrice Biélorusse Daria Jouk qui avait déjà été projeté durant un festival précédent, le « Syndrome de Pétroushka », adaptation de 2015 par la réalisatrice Russe Elena Khazanova du roman de la russo-israélienne Dina Rubina dont la traduction vient d’être publié en France, mais aussi un inédit, le film « De la profondeur » du réalisateur Russe Mikhaïl Segal qui est sorti en 2020 sur les écrans russes.
On peut d’ailleurs tout d’abord saluer le fait rare que la programmation de ce Festival soit majoritairement dédié à des réalisatrices mais aussi que le Festival ait tenté par des rencontres avec Daria Jouk, la traductrice de Dina Rubina et le réalisateur Mikhaïl Segal d’entretenir le lien avec son public.
Festival UnivercinéRussie 2021 : « Syndrome de Pétroushka », des marionnettes et une déception.
Pour ce qui est de la programmation commençons par la déception de ce festival: « Le Syndrome de Pétroushka ».
Le héros se lie d’amitié avec une petite fille élevé par un père autoritaire. Quand les deux tourtereaux parviennent à l’âge des sentiments ardents, il l’arrache aux mains de son despote paternel et l’entraîne dans son existence de marionnettiste qui veut animer ses créatures et figer ses amours.
Ce film aurait pu être un film sur la possession. C’est interminable, l’histoire est tortueuse, les scènes de danse relèvent du malaise, l’acteur principal Evgueni Mironov a la sensualité du bigorneau et Tchoulpan Khamatova n’a jamais l’espace pour déployer son talent.

Festival UnivercinéRussie 2021 : « Cygne de Cristal » de Daria Jouk, une agréable découverte portée par une Alina Nassiboullina prometteuse
Pour ce qui est du Cygne de Cristal, film de 2018 qu’on avait pas encore eu l’occasion de voir, c’est par contre une agréable surprise.
Vélia est une jeune femme biélorusse qui vit encore chez sa mère et occupe une partie de ses nuits comme DJ avec son ami. Elle ne voit plus dans la Biélorussie qu’un musée pour touristes alors que sa mère lui répète chaque jour qu’il faut « vivre dans sa patrie ».
Elle rêve d’obtenir un visa pour les USA et parvient à déposer une demande à l’ambassade américaine avec un dossier quelque peu maquillé. Mais elle réalise alors que les services de l’ambassade vont appeler le numéro qu’elle a glissé dans le dossier pour vérifier qu’elle travaille bien dans une fabrique de cygne de cristal, dans une bourgade, loin de Minsk. Elle décide donc de se rendre dans ce village et y débarque dans une famille en plein préparatifs de mariage.
L’énergie et la faconde qu’Alina Nassiboullina insuffle au personnage de Vélia, abusant des anglicismes à chaque phrase face à des villageois qui se laissent parfois aller à un créole mêlant le russe et le biélorusse, lui donne tout son charme. Dans une interview, elle disait d’ailleurs toute son admiration pour des films comme « Les Amants du Pont Neuf » de Leos Carax et son désir de jouer un jour dans un film français.

Avec l’aimable autorisation du Festival UniverCinéRussie

Copie d’écran du Cygne de Cristal avec l’aimable autorisation du Festival UniverCinéRussie
Festival UnivercinéRussie 2021 : « De la Profondeur » de Mikhaïl Segal, la révélation comique de ce Festival
Mais la plus belle découverte restera le film satirique « De la Profondeur » du réalisateur russe Mikhaïl Segal, qui est déjà venu au Festival.
Roman Petrovitch, metteur en scène de génie qui vénère Tchekhov perd son poste dans un théâtre, évincé par un rival plus commercial. Il finit par accepter une mystérieuse proposition de mettre en scène un film pornographique et décide d’y appliquer les mêmes exigences que pour une mise en scène de Platonov.
Voir Aleksandr Pal imperturbable expliquer à une actrice et un acteur porno, que Lioubov Aksionova et Oleg Gaas jouent avec une candeur juvénile, que pour pouvoir jouer iels doivent chercher en eux même la vérité de leur personnage est déjà drôle en soi. Le film tient cette mécanique comique sans tomber dans le graveleux et donne à une citation d’un penseur grec de l’antiquité une double dimension philosophique et pornographique, voire plombière.
Au delà de tout cela, ce film peut aussi se voir comme une réflexion sur la capacité de l’art à se réinventer quelque soit les obstacles (et entre le COVID et la censure il y en a en Russie) mais aussi, sans vouloir déflorer la scène finale, une parabole sur les attentes que la Russie, et surtout le pouvoir Russe peuvent placer sur le cinéma en particulier et les arts en général pour entretenir « L’âme Russe » qui est un produit à peu près aussi authentique qu’un bol breton dans une boutique de Saint Malo.

Avec l’aimable autorisation du Festival UniverCinéRussie

Ceci étant écrit on espère retrouver le Festival UniverCinéRussie l’année prochaine au Katorza, avec ses salles de cinéma et ses fauteuils, et une quantité de films inédits sur Grand Ecran.
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