A l’occasion de la venue exceptionnelle ce vendredi au Centre Tchèque de Paris du groupe The Plastic People Of The Universe, nous vous faisons découvrir ces légendes du rock underground tchèque des années 70 et 80.
Un groupe symbole de liberté
Véritable symbole de la contre-culture tchèque, l’histoire de The Plastic People Of The Universe rejoint celle chargée de son pays. Le groupe est formé en 1968 à Prague par le jeune Milan Hlavsa, 19 ans seulement, happé par le vent de liberté qui souffle sur la République Socialiste de Tchécoslovaquie juste après le Printemps de Prague.
Refusant de se conformer au diktat communiste du régime en place, le groupe perdra son statut professionnel en 1971 et sera interdit de se produire sur scène. Ils se produiront dès lors clandestinement dans des lieux improbables, jouant au chat et à la souris avec la police, et continueront néanmoins d’enregistrer des albums.
Deux de ses membres seront même emprisonnés en 1976, officiellement pour “perturbation à l’ordre public”, après un procès spectacle “pour l’exemple”. Cette condamnation, la première qui jalonnera la carrière des membres du groupe, aura finalement l’effet inverse, puisqu’il permettra au groupe d’accéder à son rang de fer de lance de l’opposition au régime politique en place, notamment avec l’appui de l’écrivain Václav Havel, futur président de la République Fédérale Tchèque et Slovaque (1989-1992) puis de la République Tchèque (1993-2003).
Ce dernier réunira plusieurs artistes autour de lui et conduira à la création de la Charte 77, pour protester contre les mesures mises en place par le régime de Gustáv Husák. Václav Havel écrira d’ailleurs à ce sujet que la justice du pays juge des jeunes car “ils ont tenté d’exprimer dans leurs chansons leur refus des valeurs établies du monde qui les entoure, de sa morale hypocrite, de son conformisme, de la stupidité bureaucratique et d’une vie de consommation.”
L’inspiration du rock psyché des années 70
Pourtant, aucun de leurs textes n’a de connotations politiques, bien que ceux ci soient majoritairement écrits par un écrivain philosophe lui même dissident, Egon Bondy. En réalité, leur rock psyché inspiré des grands noms du genre, notamment des américains comme le Velvet Underground, Frank Zappa ou The Doors ont suffit à faire du groupe un ennemi du régime communiste.
Comme nous vous l’avons expliqué dans notre article consacré à l’histoire du rock roumain, les régimes communistes en place durant la Guerre Froide voyaient dans le rock une musique contestataire et il leur fallait donc les empêcher d’inciter le peuple à la rébellion et à la désobéissance.
Le groupe se séparera en 1988, un an avant l’effondrement du régime suite à la Révolution de Velours dont Václav Havel fut l’un des acteurs majeurs.
Une séparation, avant de se retrouver
Le fondateur Milan Hlavsa lance, suite à cette séparation, un nouveau projet sous le nom de Půlnoc, qui reprend certains morceaux de The Plastic People Of The Universe : c’est la première fois que ces morceaux peuvent enfin être joués en toute liberté sur scène. Půlnoc, aura même le privilège d’ouvrir pour le Velvet Underground en 1993 à Paris. Mais son existence sera de courte durée, deux albums seulement seront enregistrés sous ce nom.
Les 20 ans de la Charte 77 sera l’occasion pour le président en exercice, Václav Havel, de réunir les membres du groupe originel pour un concert au Château de Prague en 1997, puis une tournée qui les mènera jusqu’à New York puis Washington en 1998 où ils seront invités à la Maison Blanche lors de la visite officielle de Václav Havel aux Etats Unis.
Bien que beaucoup de membres aient changés ou disparus au fil des années, dont Milan Hlavsa en 2001, The Plastic People Of The Universe fait toujours partie de la grande histoire de la contre culture Tchèque et continue de se produire sur scène avec deux de ses membres historiques. Voir The Plastic People Of The Universe sur scène c’est faire un voyage dans le temps, à une époque où jouer du rock était un acte de résistance.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.