Cette semaine l’Ambassade de Roumanie a résonné aux sons des notes du rock roumain dans ce qu’il a de plus emblématique, et ce grâce à la projection du film documentaire consacré au groupe Phoenix en présence de son mythique fondateur Nicu Covaci.
L’occasion de revenir aussi sur l’histoire mouvementée de ce groupe pionnier du rock roumain.
Un documentaire pour les 60 ans de Phoenix
C’est dans la sublime salle byzantine de l’Ambassade de Roumanie que le réalisateur Cristian Radu Nema et le fondateur du groupe Nicu Covaci étaient de passage mercredi dans le cadre d’une tournée européenne pour présenter ce film documentaire « Phoenix – The story » (« Phoenix – Povestea« ) sorti en Roumanie à l’automne dernier.
Après un discours d’introduction de Mme Sena Latif, chargée d’affaires & ambassadrice par intérim, le public venu nombreux a pu assister à la projection de ce documentaire réalisé à l’occasion des soixante ans du groupe.
Soixante ans d’une histoire mouvementée, voilà comment résumer ce documentaire exceptionnel consacré à Phoenix. Son histoire est fondamentalement liée à celle de leur pays. « Phoenix, The story« , retrace la vie de ce groupe mythique depuis leur création en 1962 à Timisoara, avec toutes les grandes étapes de la carrière du groupe et de ses membres.
Entre interviews de ses membres et images d’archives inédites, ce documentaire réalisé par Cristian Radu Nema permet de comprendre la popularité du groupe, ses inspirations et son processus de création, ce qui a conduit peu à peu à sa censure.
Après la projection, Nicu Covaci et Cristian Radu Nema se sont dirigés dans le salon d’honneur de l’Ambassade pour faire de très nombreuses photos avec les invités. Nicu Covaci nous a même fait un vrai cadeau puisqu’il nous a improvisé à la guitare l’un des titres les plus célèbres du groupe, « În umbra marelui U.R.S.S« .
Toutes les photos de la soirée par ici
Phoenix, pionniers du rock roumain
Phoenix – aussi appelé Transsylvania-Phoenix – s’est formé en 1962 à Timisoara. Il fait partie des groupes de rock les plus mythiques du pays, à la croisée du rock progressif, du rock psychédélique, avec quelques touches de hard rock et d’éléments plus traditionnels inspirés du folklore roumain.
Créé en pleine période communiste, c’est par des reprises, notamment des Beatles, que le groupe se fait d’abord connaitre : une offense pour le régime en place qui réprimandait sévèrement toute influence occidentale. Les membres du groupe ont su alors s’adapter pour continuer leur art coûte que coûte, quitte à changer leur nom « Sfintii » (littéralement « les Saints ») en un nom moins connoté religieux pour ne pas risquer la censure d’un régime qui ne voyait pas la religion d’un bon oeil, et à changer de style musical pour aller chercher l’inspiration dans la culture roumaine, comme l’a ordonné le pouvoir avec les Thèses de Juillet instaurées par Nicolae Ceaucescu en 1971.
Et c’est ainsi que Phoenix va créer ce style unique, désormais nommé ethno rock, qui constitue leur identité depuis le début de leur carrière.
Parmi la riche discographie du groupe, « Muguri de fluier« , sorti en 1972, est l’un de leurs disques les plus connus, tout comme l’opéra rock « Cantafabule » (1975). Mais Phoenix fut très vite rattrapé par la censure, en raison de leurs chansons qui dissimulaient de vraies critiques envers le pouvoir en place. Nicu Covaci, guitariste chanteur du groupe, fut alors de plus en plus surveillé par la Securitate, la police secrète. Il finit par renoncer à la nationalité roumaine et s’exile aux Pays Bas avant de revenir pour deux grands concerts à Constanta et Tulcea.
En 1977 Covaci et ses acolytes fuient illégalement la Roumanie en se cachant dans leurs enceintes de concert, franchissent ainsi six frontières et se réfugient en Allemagne où le groupe finit par se séparer. En 1981 Covaci tente un retour difficile en Allemagne sous le nom de Transsylvania-Phoenix.
Après la chute du régime Ceaucescu en 1989, Phoenix fait un retour triomphal en Roumanie à l’occasion d’un grand concert dans leur ville d’origine Timisoara. Phoenix renait alors de ses cendres avec notamment la réédition de ses albums, puis sort de nouveaux disques à partir de 2000 mais ne compte désormais plus que Nicu Covaci comme membre d’origine. Le dernier en date, « Vino, Țepeș!« , est sorti en 2014.
Merci à l’Ambassade de Roumanie pour son accueil !
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