Damir Avdić – À l’occasion du Festival International de Jazz de Sarajevo qui se tient ce mois de novembre, coup de projecteur sur un artiste des plus atypiques de Bosnie, Damir Avdić, qui vient de sortir un tout nouvel album « Mainstream Horror » loin de l’étiquette jazz.

On découvre toujours des pépites dans l’éclectique et soignée programmation du Sarajevo Jazz Festival, référence depuis sa création en 1997. Il en est passé des artistes de renommée internationale ainsi que des talents des Balkans, on pense notamment à Damir Imamović ou encore Bojan Z qui y est invité régulièrement, cette année encore en quartet avec le tromboniste allemand Nils Wogram (au lendemain de son concert au Festival Jazzycolors à Paris).
Mais celui qui nous intéresse aujourd’hui a piqué notre curiosité à la découverte du line up 2022 : l’artiste bosnien Damir Avdić (connu aussi sous d’autres noms de scène comme Diplomatz, Graha ou encore Bosanski Psiho). Séduit par son album « Amerika » en 2017, c’est avec d’autant plus de curiosité que j’ai pressé le bouton play pour ce « Mainstream Horror » paru récemment.
Damir Avdić, figure de l’underground bosnien
Poète, musicien, écrivain, acteur, metteur en scène, la palette de talents du bosnien Damir Avdić est large, mais c’est avant tout par la musique qu’il s’est fait connaitre. Il officie d’abord dès la fin des années 80 au sein du groupe punk hardcore Rupa U Zida dans sa ville natale, Tuzla, avant de se lancer en solo il y a près de 20 ans avec un style minimaliste très personnel et atypique. Son deuxième album « Mrtvi su mrtvi« , sorti en 2008, est devenu un incontournable.
Sa carrière fait de lui l’un des artistes les plus importants de la scène alternative du pays et son aura dépasse les seules frontières de la Bosnie Herzégovine, lui qui vit aujourd’hui en Slovénie où il est soutenu notamment par Kino Siska.

(Crédit Moonlee Records)
Un neuvième album solo pour Damir Avdić
Son neuvième album, « Mainstream horror« , est une petite pépite à découvrir. Armé de sa seule guitare électrique bourrée de reverb, Avdić nous parle de ce monde devenu fou, sa vision de ce monde devenu « surréaliste ».
Du spoken word aux textes forts portés par une voix rauque et puissante sur fond de riffs de guitares saturés courts et tranchants, esprit punk pourrions nous même dire, voilà la recette de l’univers de Damir Avdić. Nul besoin de musiciens derrière, son jeu de guitare suffit à faire résonner ses paroles qui vous prennent aux tripes.
Avec Avdić, pas de compromis. Dans sa discographie aux noms évocateurs comme Amerika, Mein Kapital, Human Reich, ou encore Manjina (« Minorités »), son engagement socio-politique est fort et ses textes sont crus, directs, vont droit au but.
Au gré de ses différents titres il évoque sans détours la réalité de Bosnie d’aujourd’hui. Une Bosnie qui regarde encore vers le passé, croyant aveuglément que l’indépendance était source de démocratie, de pluralisme et de liberté.
« Une époque de nostalgiques amers, de consuméristes fatigués d’ennui, de gauchistes de salon et de capitalistes avides, de politiciens veules et d’électeurs apathiques« , déclame-t-il.
Sans pitié, il dévoile tous les aspects sombres de la vie moderne, démasque les malentendus existentiels et réfléchit sur les injustices structurelles du capitalisme contemporain.
Et sur scène l’expérience est encore plus prenante.
Un artiste unique loin des standards musicaux actuels mais qui séduit par la force de ses textes et de son interprétation sans fioritures.
Ecouter sur Bandcamp
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.