Le feu et la glace – Il est vrai que le cinéma russe est quasiment absent des écrans habituellement et n’est disponible en DVD que pour les classiques, voire parfois sur Youtube pour quelques autres, grâce au dévouement de quelques fans. Pourtant, à quelques semaines et plusieurs centaines de kilomètres de distance, deux festivals offrent de multiples perspectives sur la vitalité méconnue du cinéma russe. Nous vous proposons aujourd’hui un focus sur ces deux festivals…
Quand Les Russes à Paris
Commençons avec le Festival Quand Les Russes à Paris (on y était l’an dernier) a choisi cette année comme thème #QuandlesRusses s’enflamment, sachant cette manie des russes pour incendier Moscou à chaque fois qu’un envahisseur s’attarde un peu trop.
Le Festival offre un hommage à Eldar Ryazanov. Ce cinéaste quasi inconnu en France est le réalisateur qui a saisi toutes les époques durant sa carrière au travers de comédies comme de films en costumes ou de comédies musicales qui ont connu d’immenses succès et sont encore considérés comme des films cultes en Russie depuis “La nuit de Carnaval” en 1956 (auquel ce festival a déjà rendu hommage) en passant par “L’ironie du sort”, sur un personnage qui confond Moscou et Saint Pétersbourg, et “Romance de bureau”.
Le Festival offre aussi un hommage à la réalisatrice ukrainienne Kira Muratova, décédée l’année dernière à 83 ans et qui laisse une oeuvre considérable longtemps censuré par le régime soviétique.
Enfin le festival reprend le chef d’oeuvre de Larissa Cheptitkov “Les Ailes” que nous recommandons avec toujours la même chaleur et “Raspoutine L’agonie”, film (de son mari Elem Klimov) magistral sur la fin du règne des Romanov.
Univerciné Russie à Nantes
Si le Festival Quand les Russes se place sous le signe du feu, la programmation du festival Univerciné Russie à Nantes se place sous le signe de la glace avec “24 Neiges”, documentaire Yakoute de Mikhaïl Barynine, “La Glace”, mélodrame au lac Baïkal de Oleg Trofime et “Agga” mélodrame Yakoute de Milko Lazarov.
Mais deux films suscitent le plus de curiosité, voire même d’inquiétude pour le deuxième. C’est d’abord “Assa” film de 1988 sorti dans l’euphorie de la perestroïka et de l’arrivée de Klimov à la tête de la puissante union des réalisateurs soviétiques, le cinéma soviétique se sent enfin libre de sa parole et de ses images. Le personnage principal est incarné par le fameux Viktor Tsoï, celui là même qui va inspirer le film “Leto” de Sebrennikov (présenté aussi durant le festival).
Enfin le film qui suscite toutes les inquiétudes, c’est “Sobibor”, film de Konstantin Khabenski sur l’unique révolte de camp de concentration qui ait abouti. Claude Lanzmann avait déjà réalisé un documentaire sur le sujet pour poursuivre l’oeuvre de mémoire entreprise avec “Shoah”. Peut-on faire oeuvre de fiction sur un tel sujet ? Ceci alors même que la seconde guerre mondiale est aujourd’hui l’enjeu d’affrontement mémoriels en Russie comme en Pologne ? Et que fait l’acteur Christophe Lambert dans un rôle d’officier nazi “ambigu” ? Autant de questionnements sur lesquels on espère des réponses. On sera de toute façon là pour vous le raconter.
Retrouvez toutes les bandes annonces du festival UnivercinéRussie.
Le festival Quand Les Russes a lieu à Paris, du 11 au 18 mars 2019, dans 4 cinémas différents.
Le festival Univerciné Russie a lieu à Nantes, du 26 février au 3 mars 2019 au Cinéma Katorza.
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