Grâce à La Boutique Potemkine les cinéphiles francophones vont avoir accès dans un Coffret DVD au film L’Ascension au côté d’autres films de Larissa Chepitko et de ceux de son compagnon Elem Klimov. L’occasion de revenir sur le chef d’oeuvre d’une grande réalisatrice morte au début d’une grande carrière.
Larissa Chepitko fait tout d’abord ses études au prestigieux VGIK de Moscou, la première école de cinéma de l’histoire, sous la houlette de Dovjenko. Elle réalise ensuite plusieurs films dont Les ailes en 1966 inspiré en partie par la figure de sa mère, ancienne héroïne de guerre qui ne se sent plus que comme une figure de musée. Porter un tel regard sur les héros de la seconde guerre mondiale témoigne déjà de son audace.
En 1977 elle réalise L’Ascension film de guerre sur 2 partisans durant la grande guerre Patriotique. Ce film obtient la consécration internationale avec l’Ours d’Or à Berlin. C’est la première fois qu’une réalisation provenant de l’Union Soviétique obtient cette distinction 19 ans après la Palme d’Or de Kalatozov à Cannes. Le 2 Juillet 1979 Larissa Chepitko en pleine préparation pour son prochain tournage de Les adieux à Matiora meurt dans un accident de voiture. C’est son mari Elem Klimov qui reprendra le projet pour le terminer en 1981.
L’Ascension commence par la fuite paniquée de partisans soviétiques devant l’avance des troupes allemandes. La caméra montre les personnages s’enfonçant dans la neige puis se cachant. Après leur fuite 2 partisans vont être capturé par les troupes allemandes et auront le choix entre trahir leur uniforme et mourir. Chepitko a fait dans son film des choix esthétiques forts, celui du noir et blanc et d’une attention extrême portée aux visages d’un côté qui peuvent même être transfiguré par la photographie de Vladimir Chukhnov et Pavel Lebeshev et au paysage désertique et enneigé de la Biélorussie qui ramène chaque personnage à sa petitesse
Si L’Ascension s’inscrit dans le genre de film de guerre son sujet est le tiraillement entre 3 figures. Celle de l’héroïsme incarné par Boris Plotnikov, celle de la trahison représenté par Solonitsyne, acteur fétiche du grand Tarkovski et enfin celle de la culpabilité avec Gostioukine.
L’Ascension, comme son titre l’indique déjà, est un film mystique. Cette montée vers le gibet est un chemin de croix et une exploration par chaque personnage de ses démons intérieurs. L’Ascension pour le dire enfin est un chef d’oeuvre, âpre, violent particulièrement dans la scène de torture et celle du gibet, il touche à une forme de profondeur qui vaut peut être même celle d’un Tarkovski.
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