Un monument est devenu emblématique de la ville de Bucarest et de la Roumanie : le Palais du Parlement, considéré comme le plus grand bâtiment administratif du monde juste derrière le Pentagone de Washington, mais aussi le bâtiment administratif le plus lourd et le plus cher du monde.
Témoin du passé communiste d’un pays aux mains d’un pouvoir totalitaire voué au culte d’un seul homme, le gigantesque Palais du Parlement de Bucarest et sa typique architecture stalinienne est aujourd’hui au cœur du pouvoir démocratique roumain, et mérite le coup d’oeil aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur.
Un monument au cœur du pouvoir communiste
Lorsque Nicolae Ceausescu arrive à la tête du pays en 1965, il va s’imposer peu à peu comme leader incontesté. Le Conductator, surnommé par lui même de « Génie des Carpates » ou encore « Danube de la pensée », exerce un véritable culte sur sa personnalité. Si bien qu’en 1984 il décide de faire ériger un bâtiment à sa hauteur pour y installer désormais son pouvoir et ses quartiers privatifs. Un projet comme jamais il n’en avait existé de tel : la Maison du Peuple, qui sera renommée ensuite Palais du Parlement (« Palatul Parlementului »),
Le gigantisme du palais roumain a nécessité la destruction de quartiers entiers, on parle de plus de 7000 maisons et une trentaine d’églises détruites, et l’expulsion de plus de 40 000 personnes, soit l’équivalent de la superficie de la ville de Venise détruite pour les besoins du chantier, qui comprenait aussi la construction de nombreux bâtiments adjacents (immeubles d’habitations pour les hauts fonctionnaires de l’Etat, par exemple).
Plusieurs dizaines de milliers d’ouvriers se relaient jour et nuit durant 7 ans pour construire un édifice de plus de 350 000 m² dont les chiffres impressionnent : une longueur de 270m, 245m de largeur, 86m de hauteur…Tout cela pour loger plus de 1000 pièces et plus 400 bureaux tous plus luxueux les uns que les autres, des escaliers monumentaux, des dizaines de salons d’apparat, etc. Plus de 40% du PIB annuel du pays était consacré à sa construction avec des matériaux « 100% roumains ».
Une démesure totale à la hauteur de la mégalomanie de Ceausescu. Ironie du sort, Ceausescu ne profitera jamais de son palais et ne le verra jamais terminé puisqu’il mourra exécuté en décembre 1989.
La renaissance du Palais du Parlement
Suite à la chute du régime, après l’exécution du couple dictatorial, le devenir du palais du parlement est remis en question. Il est décidé en 1994 d’y installer la Chambre des Députés, puis le Sénat dix ans plus tard et d’autres organes du pouvoir constitutionnel et législatif. Diverses institutions gouvernementales ainsi que des salles de spectacles, de conférences et des musées se trouvent également dans le palais, dont le Musée d’Art Moderne.
Mais aujourd’hui de par son immensité une vaste partie du bâtiment n’est pas utilisée, et pire encore, certaines parties sont déjà en rénovation alors que les travaux de construction sont encore inachevés dans certaines autres parties.
Construit avec une volonté de montrer la puissance du pouvoir communiste et totalitaire, il est finalement devenu aujourd’hui le symbole de la démocratie roumaine de par les institutions qu’il héberge depuis la chute du régime en 1989. Il est aussi devenu un lieu où se pressent de nombreuses personnalités politiques ou culturelles dans les différents événements et cérémonies organisées dans ses salons.
Saviez vous d’ailleurs que c’est depuis le balcon du Palais du Parlement, à Bucarest, que Michael Jackson a lancé son fameux « Je t’aime…Budapest ! » ?
Comment se rendre au Palais du Parlement ?
Le mieux est de s’y rendre en passant par l’immense Piata Unirii, trait d’union entre d’un côté le centre historique de Bucarest et de l’autre le quartier dit « communiste », puis emprunter le Bulevardul Unirii. Le Palais se trouve tout au bout, évidemment immanquable de par ses dimensions.
Quoi et comment visiter le Palais du Parlement ?
La réservation est obligatoire pour visiter le Palais. Bâtiment d’État oblige, une pièce d’identité valide y sera demandée.
Les visites – guidées uniquement et disponibles en plusieurs langues – ne permettent de ne découvrir qu’une infime partie du bâtiment mais dure tout de même deux bonnes heures. Différentes options de visite vous sont proposées, de la visite standard – mais déjà riche – jusqu’à la possibilité de visiter sa terrasse au 8ème étage ou encore ses sous sols.
L’aile Ouest du Palais abrite le Musée d’Art Moderne, visitable indépendamment du Palais.
Hajde Tips
Quelques curiosités s’offriront à ceux qui s’aventureront au travers de ces grands immeubles hérités de la période communiste. A deux pas de la place du Palais vous pourrez découvrir notamment, niché entre deux immeubles, le charmant petit monastère orthodoxe d’Antim dans le style typiquement roumain Brancovan, où l’on accède par un magnifique porche voûté. Et si comme nous vous tombez en plein office, le lieu en sera encore plus vivant avec les paroles sacrées diffusées en direct dans les hauts parleurs de ce petit jardin fleuri. Le monastère se trouve au niveau d’une petite place sur la Strada Antim Ivireaneru et Strada Justitiei.
Dans la même thématique, au niveau de la place Unirii, la colline du Dealul Mitropolitei vaut le détour. On y trouve le siège du Patriarcat Orthodoxe Roumain ainsi que la résidence du Patriarche. L’intérieur de la Cathédrale est à ne pas manquer.
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