Direction la Roumanie cette semaine pour découvrir le chant révolutionnaire de Cristian Pațurcă.
1990. En quelques mois, la Roumanie a dit adieu à quatre décennies de dictature communiste, regardé éberluée la mort en direct du couple Ceaucescu et se demande ce qu’augure le futur. Les élections de mai 1990 doivent permettre de placer le pays sur de nouveaux rails, loin du système précédent et de ses acteurs tous encartés au parti communiste.
La rue est le réceptacle de la contestation populaire qui fait savoir qu’elle veut que tout membre du parti communiste soit banni de fonctions publiques pendant une période de 10 ans. Cette contestation, menée par des étudiants, des employés, des intellectuels entre autres fut rapidement prise d’assaut par les mineurs de diverses régions de Roumanie, voulant porter un message anti-communiste mais ayant également leurs propres revendications. Les manifestations deviennent rapidement violentes, ce qui fait dire au président intérimaire Ion Iliescu que les manifestants sont des “golan”, des vauriens.
Les rassemblements populaires s’intensifient, notamment autour de la date des élections en mai 1990. A ce moment, le chanteur Cristian Pațurcă, âgé de 25 ans à l’époque, écrit quelques chansons sur les manifestations, notamment Nu plecam acasa (nous ne rentrerons pas à la maison) et bien entendu Imnul golanilor (l’hymne des vauriens). Dès les premiers jours, cette chanson forte devient l’hymne de la contestation et la foule la scande aussi bien à Bucarest que dans des villes de province. Le refrain dit à peu près:
Mieux vaut être clochard
Que traître
Mieux vaut être hooligan
Que dictateur
Mieux vaut être voyou
Qu’activiste (ancien membre de la police politique)
Mieux vaut être mort
Que communiste.
Bien que le temps passe, le succès de cette chanson ne s’est jamais démenti en Roumanie. En 2015, lors de nouvelles manifestations à Bucarest, la nouvelle génération a repris en coeur ce chant révolutionnaire. Cristian Pațurcă n’a pu voir cela puisqu’il est décédé en 2011 mais son empreinte est toujours là au coeur de Bucarest puisqu’un monument avec une photo et les paroles du refrain de l’Imnul Golanilor trône près de la Piata Universitatii à Bucarest, où les manifestations de 1990 ont connu leur apogée.