Skopje 2014 – Enfin, après plus de 6 mois de négociations, la Macédoine a un nouveau gouvernement de coalition, formé par le social-démocrate Zoran Zaev (SDSM). Nous allons pouvoir nous attendre à une nouvelle politique, un rapprochement vers l’Union Européenne et vers l’OTAN, mais au niveau culturel, la question que se posent tous les macédoniens est : quel avenir pour l’interminable et kitchissime projet Skopje 2014 ?
Au commencement, un projet pharaonique : Skopje 2014
Le 26 Juillet 1963 un tremblement de terre dévaste la ville de Skopje (80% de la ville est détruite), et provoque la mort de plus de 1000 habitants. Cette catastrophe aura profondément marqué Skopje. Et malgré la reconstruction de la ville dans les années qui suivent, selon une architecture jugée trop socialiste ou communiste pour certains, Nikola Gruevski (Premier Ministre VMRO-DPMNE 2006-2017) annonce en 2010 la réalisation de son projet « Skopje 2014 ».
Skopje 2014, c’est la construction de monuments architecturaux dans un style Antique, afin de donner à la capitale macédonienne une apparence historique et redorer une fierté nationale. C’est aussi la réécriture de l’histoire macédonienne afin de se créer une nouvelle identité, mais surtout la patte d’un certain nationalisme pour détourner l’attention des macédoniens sur les véritables problèmes économiques et sociétaux du pays.
Au départ, une quarantaine de monuments, statues, façades rénovées et nouveaux immeubles sont annoncés. Au final, ce projet pharaonique compte plus de 137 monuments ayant vu le jour ou étant encore aujourd’hui en gestation. D’un coût annoncé de 80 millions d’Euros, le projet se chiffre aujourd’hui à plus de 670 millions d’Euros d’après une enquête de Birn.
Même si pour le moment aucun chiffre officiel n’a été annoncé, il faudra pour le nouveau gouvernement de Zoran Zaev, et notamment à son nouveau ministre de la culture : Robert Alagjozovski faire les comptes. Effectivement, une part non-négligeable du budget de Skopje 2014 provient des caisses du Ministère de la Culture.
Faire les comptes d’un côté pour cet argent public dilapidé, mais aussi essayer de savoir quelle part de ce budget a pu être détourné. En effet, dès 2011, le SDSM pointait du doigt des affaires de corruption, de favoritisme ou encore de détournement d’argent.
Et surtout, connaître la hauteur des dégâts écologiques occasionnés sur le Vardar (fleuve) qu’ont généré les constructions.
L’avenir de Skopje 2014
Quelques heures à peine avant leur arrivée au pouvoir, Zoran Zaev et Robert Alagjozovski ont voulu faire une mise au point sur Skopje 2014. « Nous devons immédiatement arrêter Skopje 2014 parce que chaque jour, comme hors de la boîte de Pandore, cela produit de nouveaux monuments kitsch, des sculptures, des rues et des colonnes que personne ne veut, mais pour lesquels nous payons tous le prix fort » a déclaré Robert Alagjozovski à Makfax news agency.
« Nous allons faire une analyse sérieuse de ce qui est construit, quelle est la valeur, combien coûtera l’entretien de ces bâtiments et sites. Nous organiserons une conférence internationale sur le projet visant à développer des scénarios futurs sur ce qu’il faut faire avec. Nous serons prudents avec les solutions. »
Que faire des projets déjà construits, des sculptures disséminées çà et là dans la ville de Skopje, des bâtiments en cours de construction ? La réponse est loin d’être toute trouvée.
Avant cela, le nouveau ministre de la culture devra mettre en place une réelle politique culturelle qui n’existe plus en Macédoine depuis les années 2000. Ce que souhaite faire Alagjozovski c’est « développer l’accès à la culture pour tous les publics et la décentralisation culturelle, afin de permettre à chaque citoyen d’exercer le droit à la culture ».
Un chantier immense attend donc ce nouveau gouvernement, plus particulièrement dans le domaine de l’éducation et de la culture. Tout est à faire, ou refaire après une décennie catastrophique pour la culture en Macédoine.
Merci à Zlatko Teodosievski.
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