Le rail polonais – Ecologique et poétique, voyager en train l’est. Et il est aussi tout simplement plus agréable d’arriver directement au cœur d’une ville. La Pologne est d’une richesse culturelle et naturelle incroyables. Comme il faut savoir rester parfois sur sa faim, pour ce voyage, nous nous contenterons de passer par Poznan, Cracovie, Oświęcim et Varsovie.
POZNAN
Le train quitte Berlin, traverse des villages et des forêts, puis arrive à la gare de Poznan, à quelques minutes seulement du centre.
Le centre historique est très mignon et très coloré avec la place du vieux marché et dominé par le château impérial. Les façades sont colorées et on arpente facilement les ruelles pavées. Il s’agit d’une ville calme, reposante où il fait bon si promener grâce au peu de circulation.
N’hésitez pas à prendre un peu de hauteur et à profiter de la vue depuis le Château impérial.
En s’éloignant un peu du centre-ville et en se rendant sur l’île de la cathédrale, vous pourrez admirer la cathédrale Saint-Pierre-et-Paul. Ostrow Tumski est le lieu de naissance de Poznan, les plus anciens monuments de la ville s’y trouvent.
Une balade sur les bords de la Warta seront un bon lieu de repos.
CRACOVIE
Après 5h de trajet depuis Poznan (et autant de coups de klaxons que de passages à niveaux), l’arrivée à Cracovie se fait à la gare centrale. Si vous ne faites pas l’erreur de passer par le gros centre commercial qui s’y est collé, vous serez en moins de dix minutes à l’entrée de la vieille ville. Difficile de ne pas tomber sous le charme de cette ville souvent considérée par les polonais comme leur capitale de cœur !
Il serait impensable d’y passer sans faire un détour par le Rynek (ou place du marché). A l’image des grandes places, elle est rectangulaire. A cela s’ajoute le marché de la dentelle, sorte de hall couverte. Les couleurs de cette place sont un poème à eux tout seul. Vous y passerez facilement une grosse heure si vous décidez d’y flâner ou même de s’arrêter à une des nombreuses terrasses qui bordent la place.
OSWIECIM – AUSCHWITZ
En moins de deux heures, un train un peu bringuebalant vous transporte de Cracovie à Oswiecim. On y va rarement pour s’amuser, mais plutôt pour se recueillir. En effet, c’est ici que des milliers de victimes de l’armée nazi ont péri. Une vingtaine de minutes de marche relie la gare au camp de concentration d’Auschwitz, devenu musée et lieu de mémoire. Il aura fallu veiller à réserver votre visite libre et gratuite, ou guidée et payante. Il est inutile de décrire dans ces lignes ce qu’on peut y ressentir.
Moins fréquenté et en accès libre, le camp de Birkenau est accessible en navette gratuite ou à pied. Au cours de la petite demi-heure de marche, vous pouvez faire un crochet par la judenrampe. Un wagon témoigne des années macabres lors desquelles les déportés finissaient leur voyage en train entre les deux camps. Aujourd’hui, quelques fleurs et quelques mots contrastent avec les habitations désormais construites à une dizaine de mètres de là.
Birkenau illustre l’immensité, voire l’industrie, de l’horreur des activités nazies. Des blocks qui abritaient les expériences de Mengele sur les enfants aux rails qui traversaient le camp, vous pouvez aisément prévoir une journée entière de visite.
VARSOVIE
Certes cette ville a été quasiment rasée à la fin de la seconde guerre mondiale, elle vaut cependant plusieurs jours de visite. D’une part, son centre historique a été reconstruit à l’identique. De plus, des traces de l’insurrection et de l’occupation soviétique subsistent dans la ville. Enfin, Varsovie présente un visage contemporain séduisant.
Il y a des chances que votre cœur vous porte directement vers Stare Miasto, la vieille ville. Ses ruelles vous mèneront selon vos envies, vous vous perdrez peut-être, repasserez plusieurs fois à certains endroits certainement. Construite au XIIIème siècle, dévastée par la seconde guerre mondiale puis reconstruite grâce à un impressionnant effort collectif national, la vieille ville est entourée d’une large muraille ocre. Celle-là même que Jacques Brel chante « madame balade son cul sur les remparts de Varsovie… ».
La barbacane constitue des fortifications à l’intérieur même de la muraille. Vous y verrez le monument du petit insurgé, en mémoire des enfants soldats qui ont combattu durant l’insurrection. De l’autre côté du rempart, vous profiterez d’une bonne vue sur la Vistule, le fleuve qui traverse Varsovie. Outre les innombrables restaurants, quelques salles proposent des concerts quotidiens lors desquels est célébrée l’œuvre de Chopin, célèbre natif de la ville.
Lorsque vous aurez fait votre tour, peut-être déboucherez-vous sur la place Zamkowy ? Cette immense place comporte en son centre la colonne Sigismond et non loin le Palais Royal. La meilleure des vues qui soit sur ces deux monuments sera celle que vous aurez après avoir gravi la centaine de marche de la tour Widokowy, située à deux pas !
La vue est splendide car la tour est à proximité immédiate de la vieille ville. Mais que dire du belvédère qu’offre le Palais de la Culture du haut de 237 mètres ? Cet imposant monument soviétique, cadeau de Staline auquel il a lui-même donné son nom, est le point culminant de Varsovie. Décrié pour son symbole et son esthétisme tout relatif, il fait régulièrement l’objet de campagnes dont le but est sa destruction. Il faut dire que les soviétiques n’ont pas laissé le meilleur des souvenirs…
L’excellent musée de l’insurrection revient sur la fin de la guerre et sur l’occupation soviétique. Moderne, passionnant, illustré, outillé, ce musée propose une visite dans les rues de Varsovie, ses égouts, et vous en aurez largement pour le prix du ticket d’entrée. Cette visite est indispensable pour comprendre un pan de l’histoire de la ville et du pays.
D’août à octobre 1944, la résistance polonaise lance son « action tempête ». Si elle est matériellement opérée contre l’occupant allemand, elle doit aussi marquer les esprits russes. Alors que l’armée soviétique a fait son entrée en Pologne et qu’elle vient d’arriver aux portes de Varsovie, la résistance polonaise veut l’accueillir en position de force.
Finalement, l’insurrection polonaise sera vaincue par les allemands quasiment sous les yeux soviétiques, restés sans sourciller de l’autre côté de la Vistule. Si les polonais voulaient accueillir les russes en position de force, ces derniers préféraient arriver dans une ville dont les résistants auraient été tués par les allemands.
Du ghetto juif, il ne reste quasiment rien. Simplement une stèle et quelques briques dans une cour d’immeuble dont l’accès est interdit. Le sort des juifs polonais est rarement abordé dans les musées publics de la ville.
Et comme il est vital de se ressourcer et de reposer ses pieds après ces visites, prenons la direction du parc Lazienki. A 15 minutes en bus du centre, ce grand parc offre étendues d’eau, pelouses immenses et même des concerts de musique classique. Si vous avez encore besoin de vert, vous pouvez prendre la direction de la bibliothèque de l’Université : c’est un véritable jardin suspendu qui vous accueillera ! Vous n’aurez ensuite que quelques minutes de marche pour vous baigner : l’été, les berges de la Vistule se transforment en plages !
Le coût de la vie est bien moins élevé qu’en France et pour quelques zloty, vous pouvez vous offrir un excellent repas. Evidemment, chaque pays a ses curiosités culinaires ou ses spécialités. On vous conseillera en premier lieu la soupe de betterave, malgré l’impression d’être un vampire et de boire du sang ! Puis forcément, les ravioles, les croquettes, les saucisses et le chou !
EN BREF
Grand par la taille, la Pologne conserve néanmoins une densité supérieure à celle de la France (128 habitants par km²). Ses 38 millions d’habitants se partagent un territoire dont la superficie est la 9ème plus grande au niveau continental européen.
Ce ne sont pas moins de 7 frontières différentes qui bordent la Pologne avec l’Allemagne, la Slovaquie, la République Tchèque, l’Ukraine, la Biélorussie, la Lituanie… et l’enclave russe de Kaliningrad ! La mer baltique la mouille au nord.
Depuis 2004, la Pologne est membre de l’Union Européenne, mais ne souhaite pas adopter la monnaie commune. Le président Andrzej Duda était déjà en poste lorsque l’UE a déclenché l’article 7 du traité de Lisbonne (une première !) en déconseillant à la Pologne d’enclencher des réformes judiciaires controversées et qui risquaient de mettre en péril l’état de droit.
Le coût de la vie est relativement bas, une bière à 4 zlotys vous reviendra à 0.90 euros.
La Pologne compte 17 sites classés au patrimoine mondial de l’Unesco. Pour les visiter, depuis la France, le rail est une possibilité si le temps vous le permet. Quant aux vols, vous en trouverez à des prix très raisonnables pour tout le pays.