Moscou est un météore, lancé à pleine vitesse entre les artères de sa ville où les 4X4 se bousculent dans un fracas énergique au son des klaxons et moteur vrombissants. Toute cette énergie accumulée sur des kilomètres de bitume se déverse dans les rues piétonnes du quartier du Bolchoï, Kitaï-gorod ou encore l’Arbat où l’espace sonore est occupé par les discussions pleines de vie émanant des cafés-restaurants constellant des rues serties de groupes de musique. Batterie, saxophone et voix d’un chanteur remplaçant disques de frein et cylindre de moteurs. La course de Moscou se poursuit jusque dans ses innombrables parcs et espaces verts. Respirant le nuage des pots d’échappements rééquilibrant le cycle naturel. Du parc des statues déchues où Moscou semble vous souffler ironiquement la mort de ses idoles, Lénine, Staline et le communisme devenus idéologies figée dans la pierre froide de leurs statues, commémorant par la même occasion les morts du totalitarisme.
Cette course effrénée se continue dans les bars et boites se chevauchant sauvagement
Contrebalançant l’immobilité des statues, le météore Moscou reprend de la vitesse quelques mètres plus loin dans le parc Gorki, qui danse et nous fait danser avec lui. Au son des enceintes de groupes festifs enchaînant les verres au rythme des basses dans un vain effort de ramener le soleil dans la nuit claire des lumières de la ville. Cette course effrénée se continue dans les bars et boites se chevauchant sauvagement sur la presqu’île à quelques pas. Jungle festive qui ressemblerait à un espace industriel à l’abandon si ce n’est sans les lettres multicolores du Gipsy, les affiches de l’Icon ou le bourdonnement émanant du toit du Rolling Stones, duquel on peut aisément admirer jusqu’au quartier d’affaire Moscovite, ses tours de verre aux formes insolites qui ne dorment pas encore ou qui se lèvent déjà.
Le météore Moscou emprunte à une vitesse vertigineuse ces labyrinthes de marques
Toute cette énergie du météore devient une force tranquille dans le cœur historique de Moscou. La place Rouge étant le lieu idéal pour ressentir une puissance aussi belle qu’impressionnante, avec la cathédrale Basile le bien heureux et ses dômes colorés comme tant de bourgeons n’ayant pas attendu le printemps pour devenir des fleurs face à la chaleur des briques rouges du musée d’Histoire. Le Goum et le Tsum deux centre commerciaux resplendissants en face du Kremlin pour l’un, à deux pas du bolchoï pour l’autre. Deux chefs d’œuvre de consommation à qui l’on fait désormais une belle place. Le météore Moscou emprunte à une vitesse vertigineuse ces labyrinthes de marques, ces dédales de parfums, ces avenues faites de l’acier de l’horlogerie fine des montres, emplis de création où la frontière est fine entre grands industriels de la mode mangé par les conventions, créateurs indépendants et entrepreneurs innovants. En face trône le Kremlin et ses murs rouges protégeant ses nombreuses merveilles et 800 ans d’histoire contenues dans les pierres des cathédrales et palais, notre plus grand privilège étant sûrement d’y respirer un air entremêlée d’une odeur d’histoire et de pouvoir.
Moscou respecte ses auteurs, peintres, dramaturges, musiciens à en voir l’abondance des maisons-musées de ses artistes.
Le météore Moscou continue sa course jusqu’aux hauteurs de la culture et de l’histoire, contenue dans ses musées. Prenant son impulsion depuis le monument aux conquérants de l’espace et le musée des cosmonautes. Hauteurs où se côtoient les impressionnistes de l’annexe du musée Pouchkine, les civilisations millénaires de l’enceinte principal, l’art contemporain au Garage ou au musée d’Art Moderne et l’art soviétique de la galerie tretiakov. Moscou respecte ses auteurs, peintres, dramaturges, musiciens à en voir l’abondance des maisons-musées de ses artistes. Moscou nous donne aussi à voir de la folie des grandeurs de Staline au centre panrusse des expositions à ses folies plus sombres au musée du Goulag. La ville météore est aussi un musée souterrain, son métro, moyen de transport quotidien de quiconque voulant se déplacer rapidement, n’a rien de quotidien par la splendeur de ses stations. L’accès à la culture est simple à bord du météore, la plupart des musées proposent des entrées à pour des prix modiques et un concert à la philharmonie vous coûtera parfois moins de dix euros.
Moscou ne prend pas la peine de poser pour vous séduire comme une ville-musée,
Moscou est une boule d’énergie où dormir n’est plus une obligation à en voir les ouvriers s’affairant sur des chantiers passé minuit, les restaurants ou supermarchés ouverts tout au long de la journée et de la nuit. C’est un concentré de vitesse et de force où monastères et parcs font office de contrepoint par leur calme apaisant. Aussi excessive qu’exigeante, Moscou est visible dans le vacarme de ses boulevards, dans le murmure de ses monastères, dans l’éclat de son orchestre symphonique, dans la détonation des caissons des clubs, dans les chuchotements de ses musées, dans l’agitation de son quartier d’affaire, dans le craquement perpétuel de ses nuits, dans la clameur de ses rues piétonnes.
A Moscou on profite du passé pour construire le présent. Les 870 ans de la ville, 100 ans de la révolution et la Coupe du Monde de foot ont lieu cette année entraînant des travaux partout dans la ville, comme tant de preuves qu’il faut se servir d’hier pour fêter le présent, et non le contraire. Rien n’est figé, Moscou ne prend pas la peine de poser pour vous séduire comme une ville-musée, il faut emboîter le pas et monter à bord du météore pour admirer les merveilles d’une ville en mouvement, où rien n’est à changer mais tout à refaire.