Hajde couvrira pour vous l’Atlas Weekend à Kiev, en Ukraine du 5 au 11 juillet prochain. L’occasion de revenir sur les spécificités de ce festival éclectique, qui n’échappe pas aux enjeux géopolitiques de la région.
L’Atlas Weekend, l’un des plus grands festivals d’Europe de l’Est
Comme chaque année, les Kieviens se donnent rendez-vous sous la chaleur étouffante du mois de juillet à l’Atlas Weekend, un des plus grands festivals d’Europe de l’Est. Depuis 2015, ce festival urbain accueille jusqu’à 530.000 personnes au centre des expositions de Kiev. Ce parc construit dans les années 1950 sous l’Union soviétique pour louer les “réalisations de l’économie nationale” est le lieu idéal pour un immense concert au milieu de la ville.
Très vite, l’Atlas Weekend s’est imposé comme un rendez-vous incontournable en Ukraine et même dans la région. D’abord petit festival de deux jours, l’événement a grossi jusqu’à devenir un mastodonte du secteur, avec six scènes et sept soirées de concerts.
Atlas Weekend : Lineup 2021
L’évènement propose toujours une journée gratuite avec une line-up de grands noms de la chanson populaire dans le pays, qui fait sa popularité dans tous les milieux de la capitale ukrainienne. Les autres jours, la programmation hétéroclite va d’artistes techno de pointe, à des groupes de rock et métal, en passant par des stars mainstream ukrainiennes.
Après une édition 2020 annulée pour cause de pandémie, l’Atlas Weekend se concentre cette année sur des artistes ukrainiens et de la région, pour éviter les annulations de dernière minute. A l’exception notable de Fatboy Slim (GB) et DJ Snake (FR), quasiment tous les artistes sont issus de l’espace post-soviétique. Certains sont des habitués et valent le détour comme le groupe d’électro-folk Onuka, l’artiste tatare de Crimée et gagnante de l’Eurovision en 2016 Jamala ou encore le groupe rock et hip-hop Boombox.
Contrairement à d’autres festivals plus confidentiels et moins commerciaux comme le Zahid Fest près de Lviv ou Faine Misto à Ternopil, la programmation n’est pas très soignée, et mélange les genres, passant de groupes pointus à de la soupe pop douteuse. Mais l’évènement a le mérite de montrer un panorama plutôt représentatif de la scène contemporaine ukrainienne post-Maïdan, difficile à voir en Europe. Depuis quelques années, les groupes ukrainophones deviennent de plus en plus grand public dans le pays, à la faveur de la dérussification. La production russophone très commerciale inonde moins les radios ukrainiennes depuis l’entrée en vigueur d’une loi favorisant la musique en ukrainien.
Atlas Weekend : quand la politique ukrainienne s’invite dans le festival
Depuis 2014, les groupes chantant en ukrainien sont devenus plus populaires, mais une partie du public reste friande de “chanson” russe, genre très populaire dans l’espace post-soviétique fait de chansons romantiques et politiquement correctes. Le festival a ainsi invité le crooner tout droit sorti des années 1990, Valery Meladze, provoquant un tollé sur les réseaux sociaux. Russe originaire de Géorgie, le chanteur est accusé d’avoir des positions pro-russes. Certains internautes appellent même à boycotter le festival, car l’artiste a joué lors de l’anniversaire du dirigeant autoritaire bélarusse Alexandre Loukachenko.
Plusieurs ONG ukrainiennes ont appelé l’Atlas Week-end à annuler la venue du chanteur, car il a donné un concert privé au dirigeant autoritaire bélarusse Alexandre Loukachenko pour son anniversaire. “Valery Meladze est un artiste populaire en Ukraine. (…) Ses représentations rassemblent d’immenses salles, et les billets sont complets bien avant les dates”, se sont défendus les organisateurs dans les médias, ajoutant que l’artiste n’avait jamais joué en Crimée annexée, ce qui est interdit par la loi.
Depuis le début de la guerre à l’Est de l’Ukraine en 2014, la musique n’échappe pas aux divisions entre Kiev et Moscou. Des polémiques font régulièrement la une des médias en Ukraine, quand des artistes ukrainiens se produisent en Russie ou inversement quand des chanteurs russes se rendent en Ukraine. Au printemps, le rappeur russe Morgenshtern a poursuivi les services de sécurité ukrainiens qui l’ont placé sur la liste des menaces à la sécurité nationale pour l’empêcher de se produire en Ukraine cet été. Malgré les controverses, ces artistes russes restent très populaires en Ukraine, notamment parmi les populations russophones. L’Atlas Weekend, comme la plupart des événements musicaux dans le pays, marche donc constamment sur des œufs.
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