Une route droite, sur plus de 10 km. De la brume qui réduit notre champ de vision. Pas de doute, nous sommes en Voivodine, cette région du nord de la Serbie, alors que les températures se réchauffent. L’occasion de visiter la Slaninijada de Kačarevo, un festival dédié à la charcuterie. Bienvenue dans le monde de la Serbie rurale, à la fois joyeux, mais aux perspectives sombres.
Kačarevo : le village a beau se situer à moins de 30 kilomètres de Belgrade, il nous faudra pas loin d’une heure pour l’atteindre : les routes sont droites, mais en mauvais état, et la visibilité réduite rend la conduite encore plus dangereuse.

Nous arrivons enfin au village qui a du mal à absorber tous ces visiteurs : plusieurs milliers de personnes se sont rendues aujourd’hui au festival de la charcuterie, ce qui rend le trafic compliqué, et trouver une place pour se garer tient du miracle.
Nous finissions par trouver un endroit où garer la voiture, moyennant un peu d’argent donné à un “officiel” du festival, qui nous explique cependant qu’il ne sera pas en mesure de nous donner un reçu…
Nous nous mêlons alors à la foule, très compacte, pour nous rendre dans ce temple dédié à la salaison.

Fêtant cette année ses 30 ans, le festival est dédié à la production de charcuterie locale. Des concours de qualité sont organisés, ainsi que toutes sortes d’animations. Pour résumer, nous avons affaire à une immense exposition de viande : pendue au dessus des stands, empilée sur des tables, mise à l’honneur, dégustée, de porc, de boeuf ou encore de cheval. Il s’agit probablement du plus grand déballage de viande que nous n’ayons jamais vu.



Au-delà de la viande, d’autres stands en profitent pour mettre en avant leurs commerces, sans réel rapport avec la charcuterie, des jouets pour enfants, jusqu’à la propagande électorale nationaliste.



Le spectacle donné par ce festival est, au final, symbolique de la Serbie agricole. Le secteur primaire, en effet, reste en effet assez important dans l’économie serbe, représentant 10% du PIB et employant 21% de la population active.


L’impression qui se dégage de la Slaninijada laisse par contre un goût aigre-doux : les campagnes serbes se vident, la Serbie de manière plus générale, se vide. Baisse de la natalité, exode rural, émigration : de moins en moins de monde vit dans la région, et le spectacle du festival vient le confirmer. Beaucoup de monde est présent, mais au final, très peu de jeunes.

Les festivals se succèderont cette année, et nous reviendrons probablement sur certains d’entre eux (notamment sur celui de la Mudijada, dédié à la dégustation de testicules de boeuf ou de porc). Combien de temps tiendront-ils avant qu’ils ne fassent partie du passé ?

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