Au Sud-Est de l’Europe, les trois meilleurs festivals de l’été nous conduisent de l’Est vers le Sud: en juin, les amateurs de théâtre se réunissent à Sibiu en Roumanie, en juillet les fêtards vont à Novi Sad en Serbie, et le monde du film se donne rendez-vous en août à Prizren, au Kosovo.
L’Avignon de l’Est
Des milliers d’amateurs de théâtre débarquent chaque année en juin à Sibiu, une petite ville médiévale au centre de la Roumanie qui a été Capitale Européenne de la Culture en 2007.
C’est le temps du Sibfest, le plus grand festival de théâtre en Europe de l’Est et le troisième plus grand en Europe. Pendant dix jours, Sibiu devient « l’Avignon de l’Est ». Tous les billets sont vendus à l’avance et le programme est de plus en plus impressionnant à chaque édition. La ville ne dispose que de deux salles de théâtre, mais ce n’est pas un obstacle pour avoir un festival international de cette taille – partout dans la ville on fait bâtir des scènes, y compris dans les églises, et Sibiu se transforme en une ville-théâtre.
Des centaines d’événements sont inclus dans le programme même si les organisateurs sont extrêmement sélectifs. La sélection des événements qui font partie du programme se fait par la recommandation d’un comité artistique, et l’on peut prendre part au festival seulement sur invitation. Les membres du conseil artistique parcourent le monde à la recherche d’artistes tout au long de l’année, et les négociations concernant l’élaboration d’un projet ou l’invitation d’un artiste commencent, parfois, plusieurs années à l’avance.
En parallèle, la Bourse des spectacles et la Foire des livres ont lieu. La Bourse est un événement unique pour le centre et l’est de l’Europe – c’est un lieu de rencontres et d’échanges pour les directeurs des institutions culturelles, les managers dans le domaine culturel et les représentants des différents festivals. Durant quatre jours, la Bourse est aussi un marché où sont promus et vendus les derniers spectacles dans plusieurs domaines : théâtre, danse, musique, cirque, marionnettes, etc.
Malgré le sous-financement chronique de la culture en Roumanie, le festival continue de prospérer. Rendez-vous à Sibiu entre le 10 et 19 Juin pour fêter les 23 ans de ce festival.
Novi Sad ne dort jamais
La première suggestion de Google lorsqu’on écrit le mot ‘exit’, c’est EXIT Festival. Ce n’est pas surprenant, car EXIT est un phénomène. Tout le monde veut y aller, et tout le milieu de la musique veut y chanter. 2.7 millions de personnes ont déjà assisté à ce festival, dont la plupart sont des jeunes gens. Les statistiques indiquent que les Britanniques et les Hollandais sont les plus nombreux visiteurs de l’étranger. Beaucoup de jeunes proviennent des pays voisins et reviennent au festival chaque été.
Des artistes comme Manu Chao, Guns N’Roses, David Guetta et M.I.A. ont animé une des 16 scènes qui figurent au programme. The Guardian l’a déclaré comme le meilleur festival du monde en 2006.
Le festival se tient chaque année en juillet dans la forteresse Petrovaradin à Novi Sad, la deuxième plus grande ville de Serbie. Cependant, elle n’est pas assez grande pour avoir son propre aéroport, tous les visiteurs qui viennent en avion doivent donc passer par Belgrade ou Timisoara. Et ces deux villes se vident en même temps, car tous les jeunes vont à EXIT.
Novi Sad, que l’on pourrait traduire par ‘le nouveau jardin’, est la capitale de la province de la Voïvodine, une des plus diverses régions des Balkans, habitée par des Serbes, des Hongrois, des Slovaques, des Roumains, des Roms, etc. Ce n’est pas étonnant qu’un festival comme EXIT ait été lancé dans cette ville qui aime la diversité.
À l’origine, en 2000, le festival a débuté comme un mouvement de jeunes contre le gouvernement autoritaire de Slobodan Milosevic et pour la démocratie, un fait peu connu à l’étranger. Jusqu’à ce jour, EXIT reste engagé dans des projets sociaux qui soutiennent les jeunes.
Depuis 2013, EXIT a une petite sœur monténégrine, Sea Dance – un festival qui a lieu sur une plage de Budva quelques jours après EXIT. Cette année, EXIT se tiendra entre 14 et 16 juillet.
La fierté de Prizren
En albanais, ‘doku’ veut dire ‘soyez là !’ Chaque année en août, quand la chaleur devient étouffante, les Kosovars et leurs amis de l’étranger répondent à cet appel et se mettent en route vers Prizren pour le DokuFest – un festival international du film documentaire et du court métrage. Les seuls endroits où on peut trouver de l’ombre dans la ville ensoleillée sont les terrasses sur les bords de la Lumbardhi – la rivière blanche, sous l’entrée dans la belle mosquée de Sinan Pacha et dans les salles de cinéma.
Prizren n’avait qu’une salle de cinéma, héritée de l’époque communiste, mais DokuFest lui en a donnée une seconde, plus moderne. Avec la tombée de la nuit, la ville se transforme en un grand cinéma en plein air : dans la forteresse, sur la rivière, sur le toit d’un bâtiment… et le Daily Mail a mis Prizren sur la liste des « meilleurs cinémas en plein air du monde ». Pour une édition de Dokufest, pas moins de 200 films sont sélectionnés par un comité de 12 personnes. Les films sont classés dans des catégories – documentaire international et régional, court métrage international, national et régional – et dans des programmes spéciaux.
Les billets pour une projection, qui inclut parfois plusieurs courts métrages, ne coûtent que 2 euros. C’est le même prix pour profiter des nuits animées par des groupes de musique et DJs kosovars ou internationaux. Les fameuses DokuNights se tiennent dans un espace en plein air à côté de la rivière.
Pour ceux qui ont vu assez de films, le programme offre aussi des expositions de photographie –DokuPhoto- et des ateliers de réalisation de films – DokuLab. Hors programme, DokuBoireDuCafeAvecLesAmis reste l’activité préférée des Kosovars. Soyez là cette année entre le 5 et 13 août.
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