Du 3 au 13 septembre, la Bosnie-Herzégovine accueillait la dixième édition du Street Arts Festival de Mostar. En sourdine l’été dernier à cause de la pandémie, l’un des événements phares des amateurs d’art visuel dans les Balkans revient avec une quinzaine d’artistes internationaux et une programmation off.
Initié en 2012 par de jeunes militants et artistes, ce mouvement artistique s’est transformé neuf ans plus tard en un projet ambitieux qui promeut la culture urbaine, l’art contemporain et le lien entre la rue, les artistes et le public.
Cette année, douze nouvelles fresques murales ont été peintes sur les murs parfois abandonnés ou détruits par les conflits de 92-95, par des artistes des États-Unis, d’Argentine, d’Espagne, d’Italie, d’Équateur, de Serbie, de Croatie et de Bosnie-Herzégovine.
Parmi eux, Taquen (Espagne), Erik Burke (USA), Roberto Rivadeneira (Équateur), Medianeras murales (Argentine et Italie), Bifido (Italie), Chudak (Bosnie-Herzégovine), Lonac (Croatie), Peter Lorenz (Autriche) et STF Crew (Bosnie-Herzégovine).
En off, des performances, du son, des ateliers, des rencontres et pour la première fois, un spectacle son et lumière de Hypermosh aka Irfan Brković (New York/Tuzla) projeté sur le Vieux pont de la ville en ouverture avec les groupes DJ JAMIIE (Berlin), DJ Goblen Geisha (Sarajevo) et DJ Bobi (Mostar)
Entretien avec Iris Ivković, l’une des sept organisatrices du Street Arts Festival de Mostar
En 2012, le Festival accueillait ses premiers artistes. Qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer ?
L’idée vient d’un groupe de jeunes super motivés qui avaient envie d’agir pour affirmer la culture urbaine et donner une autre image de Mostar, plus positive, moins statique. La ville a une passé riche mais aussi problématique, tragique. Ces dernières années, peu d’actions ont été réalisées pour promouvoir l’art alternatif contemporain et le mettre à la portée de tous et notamment des jeunes.
Pourtant, il y a beaucoup de potentiel ici avec des gens extrêmement motivés. On avait envie de rassembler ces personnes et leur donner la possibilité de s’exprimer grâce à l’art. L’autre objectif était de casser le discours de haine et d’intolérance diffusé dans l’espace public par certains groupuscules qui utilisent les tags et graffitis et donnent une image très sombre de Mostar.
Un duo italo-argentin formé par l’architecte Vanesa Galdeano et l’artiste Anali Chanquia. Pour elles, les murs ne servent pas à séparer les espaces mais sont voués à être partagés entre voisins. L’art embellit les villes et appartient à tous. (Crédits Marion Roussey)
Aujourd’hui, est-ce que vous pensé avoir réussi ?
En neuf ans, on peut dire que le Festival a permis de créer un vaste réseau avec des centaines d’artistes, graffeurs, musiciens qui ont reconnu le potentiel de l’art et ont inspiré Mostar. Ce sont des artistes qui viennent de partout et ont apporté leur style, leurs idées pour créer une vaste galerie à ciel ouvert. Et avec eux, des idées, des rencontres et des événements culturels.
Pour cette dixième édition, on a prévu du lourd avec douze nouvelles peintures, dix graffitis et une projection 3D sur le Vieux pont emblématique de Mostar en ouverture. Une première ! C’est intense et super stimulant de travailler sur ce festival qui est devenu un vrai projet reconnu dans la région et au-delà.
Qu’est-ce que vous conseillez aux lecteurs ?
De venir nous voir à Mostar ! On serait heureux d’avoir des artistes français ou des promeneurs qui viennent pour le prochain Festival ou même pendant l’année ! On a regroupé les fresques sur une carte. Il n’y a qu’à se laisser guider.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.