Qui de mieux qu’elle symbolise Tirana ? Du packaging des canettes de Bières Tirana, aux t-shirts des boutiques souvenirs, aux cartes postales, la tour de l’horloge de Tirana s’est imposée comme l’avatar de la capitale albanaise.
Monument phare présent dans tout l’Empire Ottoman, les tours horloges furent érigées non seulement afin de fournir l’heure aux habitants, mais aussi comme symbole du pouvoir en place. C’est cependant sous le règne du sultan Abdelhamid II que ces constructions furent surtout encouragées et qu’elles essaimèrent dans toutes les villes majeures de l’Empire.
La Tour de l’horloge de Tirana reflète non seulement l’histoire complexe de la ville mais également les relations internationales de l’Empire ottoman au sein des territoires colonisés.
Tour de l’Horloge de Tirana, un peu d’histoire
Tirana n’a pas toujours été la capitale du pays ni une grande ville; pour mieux comprendre l’histoire de la Tour de l’Horloge de Tirana, il faut remonter dans le temps quand Tirana n’était qu’une ville modeste. Fondée en 1614 par le général ottoman Sulejman Pasha Mulleti, à l’époque elle ne compte qu’une mosquée et un hammam. Son développement ne date que du XVIIIe siècle avec la création de nouveaux axes de communication et la mise en place de nouveaux bâtiments publics comme la Tour de l’Horloge et la mosquée Ethem Bey, le pont de tanneurs, etc.
La mosquée Ethem Bey fut bâtie de 1794 jusqu’en 1821, c’est cette même année que la Tour de l’Horloge de Tirana fut débutée par la famille Ethem Bey également. C’est cependant grâce à l’aide financière des riches familles de Tirana qu’elle fut achevée en 1822.
La Tour de l’Horloge de Tirana
Elaborée avec des pierres d’un village non loin de Tirana, la construction de la tour a fait appel au savoir-faire des tailleurs de pierre de Dibra (dans le nord du pays) qui étaient alors réputés pour leur maestria. Son mécanisme complexe qui synchronisait les quatre faces en même temps fut conçu par la famille Tufina, qui fut formée un an auparavant auprès des maîtres horlogers Prior à Londres. Cet engrenage actionnait une cloche provenant de Trieste, qui sonnait 12 fois le jour et 12 fois la nuit, et dont la puissance s’entendait à quelques kilomètres à la ronde.
Plusieurs symboles sont visibles sur la tour. Sur la partie nord-est de la tour de l’horloge de Tirana est représenté un dragon sans ailes, symbole qui éloigne le mauvais œil, assez rare dans l’iconographie albanaise. Sur la partie nord-ouest, les décors floraux orientaux rappellent les décors polychromes de la mosquée Ethem Bey. Le monument à l’époque ne se présente pas sous sa forme actuelle. Au moment de sa construction la Tour de l’Horloge fut bâtie selon les canons de l’architecture ottomane, disposant d’une coupole couverte de plomb rougeâtre.
Endommagée une première fois par l’armée autrichienne en 1916, c’est en 1928 qu’elle prit sa forme « occidentale ». Le mécanisme d’alors est si grand que la tour fut rehaussée de 5 mètres; mesurant 35m, ce fut le bâtiment le plus haut de Tirana jusque dans les années 1970. Le style occidental, qui se superpose sur la tour ottomane, reflète une volonté politique d’en finir avec l’héritage ottoman, peu de temps après la déclaration de l’indépendance de l’Albanie.
Quand l’horloge fut de nouveau endommagée lors de la Seconde Guerre Mondiale, la famille Tufina qui en avait la charge depuis le début fut écartée de sa restauration en raison de ses positions anti-communistes, l’horloge changea ainsi de protecteur.
Monument emblématique de l’époque ottomane, les tour horloges étaient considérées comme des bâtiments publics qui rythmaient la vie sociale et religieuse de la ville et de ses alentours. L’horloge, outre de marquer l’heure des prières, annonçait également les horaires d’ouverture et de fermeture des magasins.
A ce caractère purement technique s’ajoute un peu de superstition albanaise: dans la tradition albanaise l’horloge porte chance, c’est d’ailleurs pour cela qu’à Tirana elle était placée entre deux mosquées, la mosquée “ancienne” aujourd’hui disparue et la mosquée Ethem Bey.
*** Merci à Marshi TN pour sa collaboration et sa passion.
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