A ne pas louper cette semaine, la sortie du film « La Voix d’Aïda » réalisé par la bosnienne Jasmila Žbanić. Découvrons ensemble l’un des épisodes les plus tragiques de la guerre de Bosnie : le massacre de Srebrenica sur grand écran.
Après avoir fait sensation dans plusieurs festivals de cinéma dont la prestigieuse Mostra de Venise ou encore une nomination aux Oscars, la réalisatrice bosnienne Jasmila Žbanić lauréate de l’Ours d’Or 2006 à Berlin avec « Sarajevo Mon Amour » (« Grbavica » en VO) son dernier film « Quo Vadis, Aida? » est enfin projeté dans les salles de cinéma français à partir du mercredi 22 septembre.
Nomination aux Oscars d’une réalisatrice bosnienne
Nommée au titre d’Oscar du Meilleur film étranger en avril dernier, Jasmila Žbanić faisait partie des favoris pour cet Oscar, finalement remporté par le film hollandais « Drunk ». Rappelons que son compatriote masculin Danis Tanovic s’était imposé dans cette catégorie en 2002 avec le film « No Man’s Land » et il avait à cette occasion rapporté le premier Oscar de l’histoire du cinéma bosnien.
Une belle consécration pour le cinéma ex-yougoslave, qui dans le passé s’est déjà fait remarquer cinq fois aux Oscars sans décrocher la prestigieuse statuette. Nous pouvons ainsi rappeler la nomination du Neuvième Cercle (« Deveti Krug ») de France Stiglic en 1961, « Tri » d’Aleksandar Petrovic en 1967 (l’année du sacre hollywoodien de Claude Lelouch avec « Un Homme et une Femme »), « J’ai même rencontré des tziganes heureux » de ce même Aleksandar Petrovic l’année suivante, « La Bataille de la Neretva » de Veljko Bulajić en 1970, et enfin le célèbre « Papa est en voyage d’affaire » d’Emir Kusturica en 1986 (qui avait raflé la Palme D’Or à Cannes l’année précédente).
La Voix d’Aïda : une fresque réaliste du massacre de Srebrenica
Dans ce cinquième long métrage coproduit par 9 pays, elle s’attaque à l’un des épisodes les plus tragiques de la guerre de Bosnie du début des années 90, mais aussi l’un des plus controversés : le massacre de Srebrenica en juillet 1995. Cet été là, plus de 8 000 hommes et adolescents Bosniaques civils ont été tués par les forces serbes de Bosnie du général Mladic. La force de ce film de fiction mais basé sur des faits réels réside dans son regard singulier dans lequel les atrocités se jouent davantage en second plan et où l’humanité prend le dessus.
Aida (magnifiquement interprétée par l’actrice serbe Jasna ĐURIČIĆ), professeure d’anglais à Srebrenica, est réquisitionnée comme interprète pour le compte des Nations Unies. C’est depuis cette base militaire gérée par les Hollandais qu’elle fait le lien entre les Casques Bleus et les habitants. Elle devient malgré elle un témoin privilégiée des évènements qui vont précipiter la population dans le chaos lorsque les hommes de Ratko Mladic prendront le contrôle de la ville, et devra alors protéger à tous prix son mari et ses enfants d’une fin qu’elle comprend peu à peu inévitable.
Le film illustre aussi la difficile réalité de la reconstruction des familles. Des séquences saisissantes de réalisme qui montrent à quel point les blessures psychologiques ne guérissent jamais et sont régulièrement ravivées par la découverte de charniers et son lot de corps à identifier, mais aussi une cohabitation « forcée » entre victimes rescapées et d’anciens militaires impliqués dans les massacres et redevenus des voisins dans une ville qui tente de se reconstruire.
« La Voix d’Aïda » se révèle être un film très poignant, d’une justesse et d’une sensibilité incroyables qui met les visages de victimes innocentes au centre, celui des femmes en particulier, et dresse un portrait sans fard d’une femme engagée et courageuse prête à tout pour sauver sa famille d’une mort qui semble inexorable. Un véritable coup de coeur.
Sortie en France à partir du mercredi 22 septembre dans toutes vos salles !
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