Before the Rain (Pred Dodžot en VO), c’est tout d’abord un écrin. Un paysage superbe. Celui d’Ohrid au début des années 90, où la nature règne encore en maître des lieux avec simplement ce majestueux monastère face au lac.
Et puis il y a cette histoire. Celle d’un photographe yougoslave, reporter de guerre qui a couvert des conflits aux quatre coins du monde. Il décide de rentrer chez lui en Macédoine et force est de constater que là où il ne le soupçonnait pas, chez lui, le conflit est d’actualité. Le conflit ethnique entre Albanais et Macédoniens. A travers son retour, le réalisateur nous plonge aussi allègrement dans la vie quotidienne de ces deux communautés et leurs traditions.
A l’époque où Milcho Manchevski tourne ce film, la Yougoslavie est déjà en état de guerre que ce soit en Croatie ou en Bosnie-Herzégovine. Une situation qui a encouragé le majestueux Rade Šerbedžija à jouer ce rôle de photographe: « Je me suis identifié avec ce personnage parce qu’à cette époque, comme Alexander, j’étais entre deux peuples. Mes Croates, mes amis. A cette époque, mes parents étaient réfugiés à Belgrade puisqu’ils sont serbes. Les enfants de mon premier mariage étaient à Zagreb, je ne pouvais pas aller les voir. Je ne pouvais pas aller à Zagreb, je ne pouvais pas retourner à Belgrade. Comme Alexander, je ne pouvais choisir mon camp entre ces deux peuples. Je pense que quand on est acteur, beaucoup de ressources proviennent de notre vie. De l’expérience. Il y avait beaucoup de messages politiques dans certaines scènes. Mais ce qui fut bien dans ce film, c’est que ces messages n’étaient pas si reconnaissables, si transparents. Quand on a commencé à tourner, ce fut en Macédoine et c’est un pays spécial. Chaleureux, accueillant, de la bonne nourriture. Nous pouvions ressentir ces tensions entre Macédoniens et Albanais mais cela restait assez pacifié à l’époque, alors que tant de choses terribles se passaient en ex-Yougoslavie au même moment. Quand nous tournions ce film en 1993, nous avions déjà deux ans d’expérience de la guerre donc nous étions tous des guerriers à cette époque. Milcho n’a pas réalisé un film pathétique sur la guerre, c’est un film chaleureux. Je ne pense pas que ce soit un film qui éduque. Quand vous lisez une belle poésie, vous ne pensez pas aux messages, vous ressentez juste le rythme, l’art et ceci est Before the Rain. »
Et comme on est sympa, on vous donne un lien vers la première partie du film avec des sous-titres en anglais.
WordPress:
J'aime chargement…
Articles similaires
Jamais aussi à l'aise que dans un bus ou un train. De Prishtina à Riga.